Conditions de travail délétères à Genève Aéroport?
Surmenés, des employés dénoncent devoir uriner dans des gobelets

Les syndicats SIT et UNIA dénoncent les conditions de travail prétendument délétères des employés de Swisscanonica, une entreprise qui gère plusieurs points de vente à Genève Aéroport. Une action syndicale s'est tenue le 26 octobre devant l'aéroport.
Publié: 27.10.2023 à 20:19 heures
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Des heures de travail non payées, des pauses rognées, des employés qui se disent tellement surmenés qu’ils en seraient réduits à uriner dans des gobelets… Voici un aperçu de ce que seraient les conditions de travail chez Swisscanonica, une entreprise qui détient plusieurs points de vente à l’Aéroport de Genève — d’après un communiqué publié le 26 octobre par les syndicats SIT et UNIA à l’issue d’une conférence de presse, du moins.

En plus de la missive, les deux organisations ont mis sur pied une action devant l'aéroport le même jour. Pancartes et... gobelets remplis d'urine à l'appui (on y reviendra). Swisscanonica, basée à Vernier, emploie plus de 60 personnes à l’aéroport de Genève.

L’entreprise avait déjà attiré les foudres des syndicats ce printemps, en tentant de faire baisser les salaires des employés sous prétexte d’une éventuelle fin des salaires planchers dans les cantons (motion Ettlin), comme l’écrivait «20 minutes». Depuis, rien ne va mieux, si on en croit les syndicats. «Après plusieurs mois de négociations avec l’entreprise, nous nous trouvons dans une impasse totale», peut-on lire dans le communiqué du SIT et d’UNIA.

Les employés de Swisscanonica en action devant Genève Aéroport, le jeudi 26 octobre — leur urine entre les mains.
Photo: keystone-sda.ch
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Les secrétaires syndicaux d’ajouter: «Nous regrettons que Canonica ne soit pas revenu à la raison et n’ait pas entendu la détresse de ses employés. […] Alors que la société se vante […] de réaliser un chiffre d’affaires de plus de 50 millions de francs suisses dans ses 20 points de vente.»

Réduits à uriner dans des gobelets?

En cause de ce soulèvement? Un certain nombre de prétendus dysfonctionnements, listés dans le communiqué de presse. Les deux syndicats dénoncent, par exemple, «des milliers d’heures de RHT» qui auraient été «volées aux salariés». «Des heures de travail non payées», qui représenteraient les déplacements nécessaires pour changer de poste à l’intérieur de l’aéroport. «Des pauses rognées», ou encore le non-respect de la Loi sur le Travail quant aux horaires de nuit…

Parmi les mécontentements, un élément attire particulièrement l’attention: les employés disent être parfois réduits à devoir uriner dans des gobelets, faute de pouvoir se faire remplacer en magasin quelques minutes… «Les employés sont à bout, ce qui se traduit par un absentéisme important, écrivent les syndicats. […] Il arrive que les employés doivent assurer seuls le service, et qu’ils ne soient pas relevés pour se rendre aux toilettes.»

Quelles conséquences? Malgré cet inventaire des prétendus dysfonctionnements, rendu public, les syndicats affirment avoir renoncé à la grève… pour le moment, du moins. «Un tel mouvement social n’est pour l’instant pas prévu, peut-on lire dans le communiqué. UNIA et le SIT laissent un délai de deux semaines au député Canonica, élu de la liste Libertés et justice sociale (LJS), pour revenir sur ses positions inacceptables. Sans cela, le recours à des mesures de lutte sera envisagé, l’aéroport contacté et des dispositions juridiques prises.»


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