Ce n'était plus de l'humour
Dieudonné condamné en appel à Genève pour ses propos sur la Shoah

L’humoriste voit sa peine pécuniaire, prononcée l’an dernier, confirmée aujourd’hui par la Cour de justice à Genève. Ses propos sur la Shoah ont porté atteinte «à la dignité humaine et à la paix publique».
Publié: 15.05.2022 à 16:49 heures
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Dernière mise à jour: 15.05.2022 à 16:56 heures
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Jocelyn Daloz

La condamnation pour discrimination raciale, diffamation et injure prononcée contre Dieudonné à Genève a été confirmée en appel, révèlent ce dimanche les titres romands de Tamedia «24 Heures» et la «Tribune de Genève». L'humoriste franco-camerounais avait été condamné en première instance à 180 jours-amende à 170 francs, soit 30’600 francs. La Cour le condamne pour des propos tenus lors de ses spectacles donnés à Genève et dans le canton de Vaud. Sa volonté de créer la polémique l'aurait mené à exprimer du «mépris des victimes de la Shoah» et porté atteinte «à la dignité humaine et à la paix publique».

Le polémiste devra également payer les frais d’appel (2195 francs). Mais aussi les frais de défense (2638 francs) de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) et ceux de son secrétaire général Johanne Gurfinkiel. L'organisation est à l'origine de la plainte après les représentations de Dieudonné au Collège de Marens à Nyon, en janvier 2019, puis au CAC Voltaire à Genève cinq mois plus tard. Elle avait envoyé des employés assister à ces événements, qui ont ensuite témoigné auprès de la Cour.

Une «caricature» d'un négationniste peu crédible

Ils ont par exemple rapporté un sketch dans lequel un personnage joué par l'artiste déclare que les chambres à gaz n'ont pas existé. Il s'agit d'un passager québécois dans un avion en perdition. «On est morts, le cheembre à goz n’a po existé.» Pour le juge Vincent Fournier cité par la «Tribune de Genève», «on perçoit mal le ressort humoristique». La Cour estime qu'il ne peut s'agir que d'une caricature d'un négationniste, notamment compte tenu de la longue histoire de condamnations que l'humoriste traîne en France et son invitation controversée du négationniste Robert Faurrisson sur scène (en 2008).

Photo: AFP

Dieudonné a également tenu des propos injurieux hors scène, accusant sur YouTube le secrétaire général de la CICAD Johanne Gurfinkiel d'être un «négrier juif» et de nourrir une haine contre les Noirs, après que ce dernier l'a accusé de faire la promotion du terrorisme et d'alimenter les réseaux conspirationnistes. Si la Cour a jugé les propos du secrétaire général peu heureux, elle ne les a pas jugé raciste, tandis qu'elle a estimé que Dieudonné l'avait injurié et sali dans son engagement professionnel, mais aussi «en tant qu’Homme».

Le défenseur de Dieudonné, Me Pascal Junod, envisage «très fortement» de saisir le Tribunal fédéral.

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