Candidature suisse à l'ONU
«La neutralité est morte», dénonce l'UDC

La Suisse contrevient-elle à sa neutralité avec son siège au Conseil de sécurité de l'ONU? Tandis que l'UDC proteste à Berne, Ignazio Cassis salue, à New York, l'opportunité de démontrer le savoir-faire helvétique. Retrouvez notre résumé de l'actualité fédérale!
Publié: 09.06.2022 à 17:45 heures
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Polémique autour de tweets de pontes de l'UDC, candidature suisse à l'ONU, clash dans le camp bourgeois sur le prix de l'essence, création (ou non) d'une task force sur les avoirs russes gelés: encore une journée très intense à Berne. Rajoutez à cela une nouvelle vague de Covid et vous avez un tableau relativement noir. Heureusement, voici un résumé pour faire efficacement le tour de l'actualité fédérale. C'est parti!

1. Deux tweets qui continuent de faire des vagues

«Lorsque je veux vraiment faire passer un message efficacement, j'utilise Twitter», m'avait dit un ponte du Parlement il y a quelques années déjà. Visiblement, le message est arrivé jusqu'à l'UDC. Roger Köppel et Hannes Germann ne partagent pas la même chambre (National et États, respectivement), mais ils ont la même passion: la polémique.

Notre cheffe de rubrique politique Sermîn Faki s'est fendue d'un commentaire après la déclaration de Roger Köppel. Pour elle, le tweet du Zurichois («Chaque histoire d'amour commence avec le 'Non' d'une femme») est une insulte à toutes les victimes de viol.

L'UDC a affiché son mécontentement sur la Place fédérale, jeudi matin.
Photo: DR

2. Albert Rösti n'a pas la frite

C'est le Parlement européen qui l'a décidé: dès 2035, il ne sera plus possible d'acquérir un véhicule neuf avec un moteur thermique (essence, diesel, hybride). «2035, l'année du grand massacre automobile», titrait notre spécialiste du dossier Richard Werly ce jeudi.

Cette décision a un impact direct sur la Suisse, qui va s'aligner. De quoi faire fulminer Albert Rösti. Logique: l'ancien président de l'UDC (2016-2020) n'est autre que le président du lobby du mazout et autres combustibles SwissOil. «Les interdictions, c'est toujours la mauvaise solution», a estimé le conseiller national devant nos caméras de Blick TV.

Ce qui n'étonnera personne, les Verts ont un discours complètement opposé. La cheffe de la fraction écologiste Aline Trede estime qu'au contraire, une mesure dès 2035 seulement est beaucoup trop timide.

3. Saint-Nicolas de Flüe dans le dur

Ignazio Cassis est au centre de l'attention ces prochaines heures: le président de la Confédération et ministre des Affaires étrangères est à New York, où la candidature suisse au Conseil de sécurité de l'ONU vient d'être ratifiée.

«Ce siège apporte de la crédibilité à notre pays, parce que la Suisse pourra montrer ce qu'elle sait faire pour la paix et la stabilité dans le monde», a estimé le Tessinois. Ce qui n'étonnera personne (bis), l'UDC ne l'entend pas du tout de cette oreille. Des représentants du parti se sont réunis tôt ce matin sur la Place fédérale pour exprimer leur mécontentement.

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4. Le vigneron qui s'oppose aux vignerons

La politique, une affaire de camps compacts? Pas toujours! C'est vrai sur le climat ou la politique extérieure, mais il y a des exceptions. L'augmentation drastique du budget marketing du vin suisse en est une. Celui-ci va tripler pour atteindre neuf millions de francs par an, a décidé le Conseil national.

Une fois n'est pas coutume, les camps politiques étaient très mélangés: il y a eu des «Oui» et des «Non» très dispersés dans l'hémicycle. Et c'est un PLR, le Vaudois Olivier Feller, qui a justifié ce soutien accru de l'État. «Cette augmentation est tout à fait justifiable du point de vue politique», a assuré le Vaudois.

Ce débat est devenu très ironique lorsque le... vigneron (et conseiller fédéral) Guy Parmelin est venu plaider le refus de la motion. «L'adoption de ce texte entraînerait une inégalité de traitement entre l'économie viticole et les autres branches de l'agriculture», a plaidé en v(a)in le ministre de l'Économie.

5. Clash dans le camp bourgeois

Les camps politiques sont parfois panachés (notez le champ lexical), avec des alliés qui s'opposent. Dans un registre bien moins anecdotique et bien plus sérieux, le torchon a brûlé ce jeudi entre l'UDC et ses «amis» du Centre et du PLR. La raison? Des déclarations de Marco Chiesa dans nos colonnes. Le président de l'UDC n'a pas hésité à tirer sur ses alliés, coupables selon lui de s'opposer à une baisse du prix de l'essence.

«Nous attendons un large soutien de la part du PLR et du Centre. Toute autre posture serait une politique de l'autruche. Les bourgeois doivent annoncer la couleur!», a accusé le Tessinois.

La réponse des bergers à la bergère est intervenue quelques heures plus tard: «L'UDC sape le travail commun du camp bourgeois», a déploré Thierry Burkart, chef de file du PLR. Dans le camp du Centre, on se montre plus philosophe. «J'ai pris connaissance des déclarations de Marco Chiesa», se borne à déclarer Gerhard Pfister.

Gerhard Pfister, Thierry Burkart et Marco Chiesa: trois alliés qui n'hésitent pas à s'envoyer des piques.
Photo: Philippe Rossier

6. Pas de task force pour les oligarques

C'était un autre gros dossier de ce jeudi matin: faut-il une task force dédiée pour gérer les avoirs des oligarques russes? Il s'agissait d'une demande du PS qui avait de la sympathie chez les Verts et (un peu) au Centre. Environ 200 milliards d'avoirs russes se trouveraient en Suisse et le SECO n'a le contrôle que sur six milliards, a plaidé le Neuchâtelois Baptiste Hurni. «On ne peut plus détourner le regard», a abondé Mattea Meyer, coprésidente du parti.

Dans ce contexte, le PS doute de l'efficacité des sanctions et demande la mise en place d'une task force indépendante chargée de repérer les fonds, de les bloquer et même, le cas échéant, de les confisquer. Le Conseil fédéral estime au contraire que cela n'est pas nécessaire: les processus actuels ont fait leurs preuves, selon le gouvernement.

Si la demande socialiste n'a pas abouti, le débat pourrait bien avoir des conséquences. Le Conseil fédéral en a pris pour son grade, notamment de la part du Centre. «Si nous sommes là à discuter, c'est parce qu'il n'y a pas eu assez d'engagement dans l'application des sanctions, a critiqué le Haut-Valaisan Philipp Matthias Bregy, chef de la fraction centriste au Parlement. La guerre en Ukraine est un bouleversement majeur, la Suisse doit réagir. Mais les fonctionnaires n'en ont visiblement pas pris conscience, et le Conseil fédéral reste passif.»

«Nous sommes ouverts à nous améliorer», a promis Guy Parmelin.

À vendredi pour de nouvelles (petites) infos fédérales!

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