Le directeur général de la Poste Roberto Cirillo a peur: l'argent manque. L'année 2023 sera «particulièrement exigeante», selon lui. C'est pourquoi nous devrons bientôt tous et toutes mettre la main au porte-monnaie lorsque nous enverrons une lettre ou un paquet.
Blick a comparé la situation de la Suisse à celles de ses voisins européens. Et nous devons nous rendre à l'évidence. En ce qui concerne l'augmentation du prix des lettres, avec l'inflation, la Lituanie bat certes la Suisse: entre 2012 et 2021, le pays balte n'a enregistré que 5% d'augmentation, contrairement à 11,8% chez nous. Mais dans tous les autres pays européens, la hausse des prix a été plus importante.
La moyenne européenne se situe à 85,21%, montrent les chiffres de la Deutsche Post. La Finlande est en queue de peloton. Les prix postaux pour les lettres y ont augmenté de 281% sur la même période.
1,39 minute de travail pour une lettre
Si l'on jette un coup d'œil aux directives de l'Union européenne (UE), l'envoi d'une lettre standard à l'intérieur du pays doit être «abordable» dans les états membres. Pour tenir compte des différents revenus, nous avons comparé le temps de travail nécessaire dans les différents États pour envoyer une lettre standard.
En moyenne, un ouvrier industriel européen devait travailler exactement 4,44 minutes en 2022 pour pouvoir se payer l'affranchissement de sa lettre. Malte nous bat de justesse. Là-bas, un ouvrier n'a dû travailler que 1,37 minute pour pouvoir apposer un timbre sur une enveloppe standard. En Suisse, le temps était de 1,39 minute. En Estonie, en revanche, l'ouvrier passe près de 10 minutes devant sa machine pour pouvoir envoyer quelques lignes à sa bien-aimée. 9,46 minutes pour être précis.
Une lettre met jusqu'à cinq jours
La Suisse passe de la deuxième à la troisième place si l'on prend en compte le pouvoir d'achat en plus du coût du travail dans le prix de la lettre Une Maltaise ne paie que 0,48 euro pour une lettre standard. Une Chypriote paie 0,65 euro. Et une Suissesse paierait bien sûr en francs, mais dans la liste de la Deutsche Post, ce sont aussi des euros, soit 0,76. Soupe à la grimace pour les Danoises avec 3,33 euros.
Selon l'Agence fédérale allemande des réseaux, d'autres pays, comme la Suisse, connaissent une variante de lettre moins chère, pour laquelle la distribution prend plus de temps que pour celle plus coûteuse – comme chez nous avec le courrier A et B. Dans certains pays, l'envoi plus lent met jusqu'à cinq jours ouvrables avant d'arriver dans la boîte aux lettres du destinataire. Chez nous, elle arrive généralement le surlendemain – même dans une vallée de montagne.
En tête aussi pour les colis
Compte tenu de la qualité élevée de la distribution postale en Suisse – et de sa position de leader européen en matière de prix – l'augmentation des prix demandée par la Poste suisse en raison de la hausse des coûts est plus compréhensible.
Mais la Poste ne demande pas seulement des prix plus élevés pour les lettres. Elle le fait aussi pour les paquets. Dans ce domaine, il est plus difficile de comparer les pays, car les limites de poids et les conditions de distribution sont différentes – c'est du moins ce qu'affirme La Poste Suisse. Par exemple, la distribution dans des boîtes à colis est courante dans d'autres pays.
La Poste Suisse a fait établir un indice des prix des colis par l'université de Fribourg. Cette dernière montre ce qui suit pour 2022: Si l'on prend une valeur de 100 pour le niveau de prix suisse, la Grande-Bretagne est plus avantageuse avec 78. L'Autriche avec 80, la Belgique avec 82 et l'Allemagne avec 91. Les pays nordiques, mais surtout les pays méditerranéens, sont plus chers. La valeur pour l'Espagne est même de 275.
Le Conseil fédéral qualifie les frais de port de «bon marché»
La Poste joint cet indice des prix des colis aux documents qu'elle envoie au Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication ainsi qu'au Département fédéral des finances en tant que représentant du propriétaire de la Poste. C'est également sur la base de ces documents que le Conseil fédéral a conclu en 2022 que «les prix pratiqués par la Poste pour les lettres et les colis sont plutôt avantageux en comparaison internationale».
Le patron de la Poste Roberto Cirillo a même mis en garde, dans une interview pour Blick, contre «des conditions à la française» si le Surveillant des prix devait refuser l'augmentation des tarifs postaux. En France, il existe en effet des tarifs avantageux pour les livraisons en ville et des tarifs élevés pour celles à la campagne.
Le Surveillant des prix Stefan Meierhans a probablement entendu Roberto Cirillo – et a, comme d'habitude, intégré les comparaisons entre pays dans ses réflexions.