Blanchi six mois après son amende
Un Suisse allé trop près de la frontière russe voit sa peine annulée

Christian F. a dû payer une amende pour s'être approché trop près de la frontière russe cet été. Des policiers estoniens l'avaient arrêté pour non-respect de la distance minimale avec la limite russe. Le Zurichois avait contesté l'amende... et a obtenu gain de cause.
Publié: 02.12.2022 à 22:14 heures
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Dernière mise à jour: 03.12.2022 à 11:19 heures
Marian Nadler

Christian F.* a un hobby peu commun. Il collectionne les photos prises aux frontières entre les pays dans le monde entier. Il s’est déjà rendu en Amérique du Nord, en Corée du Nord, et dans une grande partie de l’Europe. Jusque-là, il n’avait jamais eu de problèmes. C’était sans compter son voyage en Estonie, et sa frontière avec la Russie.

Lors de son voyage dans le pays balte en juin dernier, le Zurichois y avait reçu une amende équivalente à 80 francs. Sa faute: s’être approché trop près de la frontière russe.

La peine finalement… annulée!

«N’importe quoi, je savais exactement ce que je devais faire et ne pas faire», s’était défendu à l’époque ce féru de frontières auprès de Blick. Il avait certes payé l’amende, mais avait contesté la décision. Le Suisse n’avait toutefois pas de grands espoirs que les autorités estoniennes se montrent clémentes.

Christian F*. a calculé qu'il n'avait pas franchi à tort la limite légale entre l'Estonie et la Russie.
Photo: Zvg

Et pourtant. Le 1er décembre, Christian F. reçoit du courrier en provenance du tribunal… estonien. La lettre indique que sa peine a été annulée!

Dans la zone frontalière entre l’Estonie et la Russie, il est interdit de marcher jusqu’à la ligne de démarcation. Une distance de sécurité de dix mètres doit être respectée. Il existe toutefois une exception: la «botte de Saatse», un petit terrain de 115 hectares situé entre les deux villages estoniens de Lutepää et Sesniki. L’Estonie et la Russie ont convenu que la route qui y est empruntée est certes russe, mais qu’il n’y a pas de contrôle à la frontière. C’est donc le seul endroit où l’on peut être en Russie sans visa.

Un garde-frontière surgi de nulle part

Christian F. connaissait très bien cette particularité. Il a laissé cette zone interdite derrière lui et n’est descendu de sa voiture de location que sur le sol estonien. Là, il a couru jusqu’à un panneau lui interdisant de poursuivre sa route. Il a pris sa photo et s’est réjoui de la nouvelle étape qu’il avait franchie.

Mais le Zurichois n’était pas au bout de ses surprises: «À ce moment-là, un garde-frontière estonien a surgi de nulle part et m’a fait comprendre que je devais le suivre.» Christian F. raconte que la communication fut difficile, car le garde-frontière parlait à peine anglais. Au poste de police, on a reproché au Suisse de s’être approché trop près de la ligne de frontière: il se trouvait à 9,5 mètres de cette dernière au lieu des dix autorisés.

«Cette affirmation m’a énervé», se rappelle le voyageur. Aujourd’hui encore, il est furieux de cette accusation. Pour lui montrer qu’il avait tort, les autorités estoniennes lui avaient montré un cliché prouvant sa prétendue infraction.

Il planifie déjà son prochain voyage

Même s’il savait qu’il était dans son bon droit, Christian F. a payé l’amende de peur d’avoir des problèmes près d’autres frontières européennes.

Il n’a toutefois pas voulu complètement se laisser faire. Il a retravaillé la prétendue preuve photographique de sa faute, a tracé ses propres lignes pour montrer qu’il n’était justement pas trop près de la frontière russe. Il a ainsi pu convaincre les autorités estoniennes.

L’amende a été annulée. Pour le plus grand plaisir du Zurichois. Les gardes-frontières ont une semaine pour faire appel. Christian F. ne croit pas que cela arrivera. Pour lui, l’affaire est close. Et il planifie déjà ses prochains voyages. Pas à la frontière russe, mais en Islande ou en Arabie saoudite.

*Nom connu de la rédaction

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