Avec le «Body Respect Day»
Une militante bernoise veut en finir avec la grossophobie en Suisse

Ce dimanche 13 mars le «Body Respect Day» se tient pour la première fois en Suisse. Sa créatrice, la militante bernoise Melanie Dellenbach, souhaite lutter contre la discrimination envers les personnes grosses. Une discrimination dont elle a longtemps souffert.
Publié: 13.03.2022 à 09:43 heures
Dana Liechti

Melanie Dellenbach a un sourire franc, un petit faible pour la couleur bleue – et une mission: elle veut promouvoir le respect du corps, quelle que soit sa forme. Avec son association Body Respect, cette mère d’une petite fille s’engage pour l’égalité des personnes grosses et pour leur visibilité en Suisse.

Cela fait un an que la Bernoise a créé son association. Le premier «Body Respect Day» a lieu ce dimanche dans notre pays. Tous les 13 mars, le thème du respect du corps fera désormais l’objet d’une attention particulière. Cette année, des ateliers numériques et des discussions avec des expertes sont au programme.

«Je ne me suis jamais vue représentée comme un être humain»

Body Respect Suisse est la première association dans notre pays à donner une voix aux personnes grosses et à leur offrir un espace d’autopromotion. Quelque chose qui a manqué à la femme de 38 ans dans sa jeunesse: «À l’époque, les seules images qui montraient des gens comme moi en public étaient des images d’avant régime: des images de personnes que l’on veut changer, amincir. Je ne me suis jamais vue représentée simplement en tant qu’être humain», raconte-t-elle.

Melanie Dellenbach a fondé l'association Body Respect Suisse.
Photo: STEFAN BOHRER
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Cela a eu des conséquences: «J’ai toujours pensé que ma vie ne commencerait vraiment que lorsque je pèserais moins». Elle s’est refusé beaucoup de choses, comme beaucoup d’autres personnes grosses: les cours de danse, les rencontres en ligne, les plongeons à la piscine. Mais souvent, l’exclusion des personnes grosses de la société, hier comme aujourd’hui, est aussi structurelle. Par exemple, lorsqu’il n’y a pas de chaises adaptées. «Nous n’avons souvent littéralement pas de place, ni dans les locaux, ni dans les trains, ni dans les amphithéâtres», dénonce la Bernoise.

Regards et préjugés

À cela s’ajoutent les regards dévalorisants, tout comme les préjugés dont les personnes grosses sont souvent victimes: «On ne peut pas déduire de l’apparence d’une personne son comportement en matière de santé, et cela ne regarde personne», pointe Melanie Dellenbach, qui a longtemps travaillé comme infirmière.

Selon elle, l’argument de la santé n’est souvent qu’une occasion supplémentaire d’exprimer son hostilité à l’égard des personnes grosses. «Si les gens s’intéressaient vraiment à notre santé, ils devraient avant tout lutter contre la discrimination massive des personnes grosses dans le système de santé.» Beaucoup de choses changeraient également de manière positive si tout le monde pouvait manger un morceau de gâteau sans être dérangé, sans se «prendre en pleine tronche» des remarques stupides ou de prétendus bons conseils, ajoute la jeune femme. C’est la discrimination qui rend malade physiquement et psychiquement.

Melanie Dellenbach est convaincue que le respect de tous les corps ne faciliterait pas seulement la participation des personnes grosses à la société, mais ferait du bien à tout le monde. Après tout, la plupart des gens souffrent d'une obsession de la beauté physique et de la culture du régime.

Mais comment parvenir à une nouvelle culture du corps respectueuse? «Un bon début serait d’arrêter de parler négativement des autres et de son propre corps», suggère Melanie Dellenbach. «Et c’est ce que nous faisons maintenant, enfin.»

(Adaptation par Lliana Doudot)

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