Avantages et inconvénients
Tout ce que vous devez savoir sur la chute de l'euro

Un euro vaut désormais moins d'un franc suisse. Blick explique ce taux de change historiquement bas et répond aux principales questions.
Publié: 13.07.2022 à 10:55 heures
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Dernière mise à jour: 13.07.2022 à 10:59 heures
Nicola Imfeld

Pas 1,20 franc, ni même 1,10 franc. Ces derniers jours, l’euro vaut désormais moins d’un franc. Actuellement, l’euro vaut 0,9836 franc. Depuis l’introduction de la monnaie unique en janvier 2002, il n’a été qu’une seule fois moins cher, le jour de l’abolition du cours minimum de l’euro par la Banque nationale suisse (BNS) en janvier 2015, avec 0,8423 franc. Aujourd’hui, le secteur de l’économie suisse garde son calme, contrairement à l’époque, malgré ce taux historiquement bas.

Les exportateurs ont du souci à se faire. Ils pourraient craindre un désavantage concurrentiel important. Pourtant, tous se montrent décontractés. «Cela ne sert à rien de paniquer, car les exportateurs suisses sont toujours compétitifs», déclare l’experte financière Christa Janjic-Marti de la société de conseil WPuls.

Blick vous explique le b.a.-ba du taux de change euro-franc:

La parité euro-franc a été atteinte, et l'euro continue de chuter.
Photo: Keystone
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Avantages et inconvénients de la parité?

Si l’on fait abstraction de l’inflation, les importateurs profitent habituellement d’un taux de change plus faible et les exportateurs en souffrent. «Pour nous, consommateurs, un taux de change plus bas est un grand avantage. Comme les importateurs peuvent acheter moins cher, les prix baissent aussi pour nous», explique Christa Janjic-Marti. Ce sont surtout ceux qui doivent s’imposer sur le marché international et lutter contre la concurrence mondiale pour trouver des acheteurs qui rencontreront des difficultés.

Le grand avantage du taux de change actuel pour les Suisses, c’est l’impact sur le coût de l’énergie, qui a massivement augmenté en raison de la guerre en Ukraine et qui est quelque peu atténué grâce à la force du franc.

Comment «évalue-t-on» le franc, en fait?

On se pose deux questions: de combien les prix ont-ils augmenté à l’étranger? Et en Suisse? Le taux de change doit compenser la différence. Si la compensation est trop faible, le taux de change est trop fort. Si la compensation est trop forte, le taux de change est trop faible. «L’évaluation est un indicateur utile du taux de change, explique Christa Janjic-Marti. Mais dans la réalité, le taux de change ne sera jamais exactement là où il devrait être sur la base de l’évaluation.» En Suisse, le taux de change euro-franc était trop fort ces dernières années. «Ce n’est que maintenant, avec la poussée massive de l’inflation, que l’évaluation s’est corrigée par rapport à l’inflation.»

Pourquoi les exportateurs acceptent-ils la parité sans broncher?

Les concurrents étrangers sont aujourd’hui clairement moins compétitifs qu’en 2015. Ils ont dû augmenter leurs prix, bien plus que leurs concurrents suisses. Mot-clé: l’inflation. «Les prix à la production ont fortement augmenté dans la zone euro, car les entreprises sont confrontées à une hausse massive des factures d’électricité, d’énergie et de matières premières», détaille Christa Janjic-Marti. Les producteurs peuvent répercuter une grande partie de la hausse des coûts sur les consommateurs, ce qui a pour résultat l’inflation. Dans la zone euro, celle-ci a actuellement atteint 8,1%. En Suisse, elle est de 3,4%.

Christa Janjic-Marti résume: «La situation reste bonne pour les exportateurs suisses malgré un taux de change actuellement fort, car les concurrents de la zone euro ont vu leur avantage dû au faible taux de change réduit à néant par la hausse des prix.»

Pourquoi la BNS n’intervient-elle pas?

«Parce que le franc n’est désormais plus surévalué, mais évalué de manière équitable», souligne Christa Janjic-Marti. Pour la Banque nationale, une nouvelle intervention serait difficilement justifiable. Le fait que la BNS n’a actuellement plus à surveiller en permanence le taux de change laisse de la place à la nouveauté. «La Banque nationale peut désormais se consacrer à nouveau à d’autres objectifs de politique monétaire», rapporte l’experte. L’évolution inquiétante des prix sur le marché immobilier suisse en est un exemple, selon elle. Le relèvement historique du taux d’intérêt de 0,5% en juin était, outre la déclaration de guerre en Ukraine et l’inflation, une réponse à cette situation.

Les vacances d’été approchent. Aurons-nous plus d’argent à disposition grâce au taux de change dans la zone euro?

«Beaucoup seront surpris de voir à quel point le franc fort ne nous rapporte rien à l’étranger», annonce Christa Janjic-Marti. En Italie, en France, en Allemagne par exemple, les Suisses paieront à peu près autant qu’il y a un an. Certaines stratégies permettent toutefois de profiter au maximum de ce taux de change avantageux durant vos voyages.

Quelles sont les prévisions?

Actuellement, le franc est presque évalué à sa juste valeur. Il n’y a donc aucune raison pour que le franc s’apprécie ou se déprécie à nouveau fortement à court ou moyen terme. Cependant, le franc suisse reste sensible à la situation conjoncturelle mondiale. Et celle-ci est en train de s’assombrir. «Nous pouvons nous attendre à ce que la situation difficile du premier semestre se poursuive», déclare Christa Janjic-Marti. La guerre en Ukraine faisant rage, les problèmes énergétiques devraient donc encore s’aggraver. «La crainte d’une récession est réelle. Dans un tel contexte, le franc, considéré comme une valeur refuge, aura plutôt tendance à se renforcer.»

(Adaptation par Lliana Doudot)


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