Après la fin de l'accord-cadre
Le chancelier autrichien Kurz défend la Suisse

Le chancelier autrichien Sebastian Kurz fait pression sur le Conseil européen pour que la Suisse et l'UE restent des partenaires étroits, malgré l'échec de l'accord-cadre.
Publié: 25.06.2021 à 11:50 heures
|
Dernière mise à jour: 25.06.2021 à 15:01 heures
Sermîn Faki

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la Suisse n'est pas dans les petits papiers de l'Union européenne (UE) depuis que le Conseil fédéral a décidé d'enterrer l'accord-cadre. Les milieux économiques et europhiles craignent une ère glaciaire diplomatique et que l'UE décide de mesures de rétorsions contre la Suisse.

Ces craintes n'ont pu qu'être confirmées hier lorsque les universités suisses ont découvert, avec stupeur, que le programme d'échange scientifique «Horizon Europe» démarrait sans la Suisse.

Parmi les Etats-membres de l'Union, la Suisse peut toutefois compter sur un allié: le chancelier autrichien Sebastian Kurz. Peu avant l'ouverture du sommet du Conseil européen qui a démarré jeudi, le chef du gouvernement a exhorté les autres chefs d'État à mener une «discussion stratégique» sur les relations futures de l'UE avec la Confédération helvétique.

La semaine dernière, il s'était déjà exprimé à ce sujet lors d'une visio-conférence avec les chefs de gouvernement grec, espagnol, letton et bulgare, à laquelle assistait également Charles Michel, le président du Conseil européen: «Le non de la Suisse à l'accord-cadre est regrettable, mais n'a pas été une surprise».

Sebastian Kurz lors d'une visio-conférence le 17 juin.

Kurz appelle à une discussion à Bruxelles

«La Suisse est un partenaire et un voisin important au cœur de l'Europe. Il est inconcevable pour moi que l'UE continue d'intensifier ses relations avec les États non européens tandis que celles avec la Suisse se détériorent», a ajouté le dirigeant autrichien.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

La Suisse serait une «économie florissante» et un partenaire crucial dans le domaine de la recherche et du développement. Le chancelier appelle l'UE à définir une stratégie pour affermir les liens avec la Suisse et estime qu'elle ne devait pas réagir sous le coup de l'émotion. Cela pourrait avoir des répercussions dramatiques à long terme, selon le voisin autrichien.

L'opération de charme d'Ignazio Cassis

L'opération de charme du Conseil fédéral semble donc porter ses premiers fruits. En effet, le gouvernement a décidé parallèlement au refus de l'accord-cadre d'entamer un dialogue politique avec l'UE et de créer un cadre fixe pour des rencontres régulières avec les dirigeants européens.

Fin mai, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a donc chargé les ambassadeurs suisses dans les États membres de l'UE de proposer aux gouvernements respectifs l'idée de réunions institutionnalisées et régulières. Ceux-ci devraient ensuite faire pression sur la Commission à Bruxelles.

Le Conseiller fédéral s'est aussi déplacé en personne, comme il y a deux semaines, où il a rencontré son homologue autrichien avant d'avoir une entrevue avec Sebastian Kurz lui-même. Cassis aurait eu l'occasion de préciser la position suisse auprès du chancelier autrichien.

Ignazio Cassis a également rencontré Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, à Paris. Là aussi, le Tessinois a mis l'accent sur les perspectives de la Suisse en matière de politique européenne.

Et cela ne s'arrêtera pas là : mercredi, Cassis était aussi à Berlin pour participer à la conférence sur la Libye, où il a rencontré le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas, ainsi que d'autres homologues européens. Le Tessinois devrait tenter d'aborder les relations bilatérales en marge des discussions officielles.

Ignazio Cassis rencontrera entre autres Heiko Maas.

Selon les recherches de Blick, Ignazio Cassis a prévu une tournée européenne. Des voyages dans les pays baltes et en Espagne seraient également prévus.

Reste à savoir s'il y trouvera d'aussi bons amis qu'à Vienne. De nombreux États de l'UE sont susceptibles de penser que la Suisse est seule responsable de la situation dans laquelle elle se trouve. D'autres pourraient, a contrario, considérer l'intransigeance de l'UE comme une erreur.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la