Appropriation culturelle
Controversé, le groupe de reggae Lauwarm doit encore annuler un concert

Après un concert annulé fin juillet dans un quartier alternatif de Berne, le groupe de reggae Lauwarm a de nouveau dû débrancher les micros ce week-end dans la même ville. Certains accusent les musiciens d'appropriation culturelle. Les organisateurs peinent à assumer.
Publié: 20.08.2022 à 19:57 heures
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Dernière mise à jour: 20.08.2022 à 20:03 heures
Tobias Marti

En Suisse alémanique, un nouveau chapitre s’ajoute à la polémique en cours sur l’appropriation culturelle. Le groupe de reggae Lauwarm devait se produire ce samedi à la fête alternative nommée Lorrainechilbi, à Berne. Mais il a dû annuler sa venue, confirme à Blick Christoph Musy, membre du comité d’organisation.

Impression de déjà-vu. Toujours à Berne, il y a un mois, le même groupe avait dû interrompre son concert à la Brasserie Lorraine, situé dans le quartier alternatif de la capitale. Les organisateurs avaient alors accédé à la demande de visiteurs gênés par les dreadlocks portées par les musiciens, qualifiant cet attribut «d’appropriation culturelle». Les réactions avaient alors fusé de toutes parts outre-Sarine, dépassant ensuite les frontières régionales. Depuis, la Suisse se voit confrontée à un débat de fond sur la thématique.

Une annulation sans explications

Après l’annonce de l’annulation du concert de ce samedi, les organisateurs du festival ne veulent pas faire d’autres commentaires. «La controverse est bien trop importante pour un petit événement comme celui-ci», explique simplement Christoph Musy.

Le concert du groupe Lauwarm à Berne a été annulé à la dernière minute.
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Jeudi encore, le groupe figurait au programme officiel de cette fête de quartier, à laquelle participe également la Brasserie Lorraine. Le chanteur Dominik Plumettaz déclarait à Blick: «Nous avons été sollicités pour cette représentation bien avant toute cette histoire. Le comité d’organisation a accepté notre présence à l’unanimité», assurait-il.

En faisant référence à la précédente annulation, le chanteur continuait: «C’est pourquoi je ne m’attends pas à ce que l’on annule cette fois-ci. Le comité d’organisation nous a rassurés en ce sens. Mais il est clair que nous jouerons dans des conditions similaires. Nous ne savons pas ce qui peut se passer.»

Les organisateurs déstabilisés

Le chanteur ne croyait pas si bien dire. Lui et son groupe ont rendu publique l’annulation ce vendredi sur leurs réseaux sociaux. Dans une vidéo, Dominik Plumettaz déclare: «Malheureusement, nous ne jouerons pas aujourd’hui. Notre concert a été annulé.»

Le comité d’organisation de la fête a fait savoir à Blick qu’il avait engagé le groupe Lauwarm il y a plus de quatre mois déjà, en raison d’une bonne expérience l’année dernière. «En tant que comité d’organisation, nous comprenons les différences d’opinions», a-t-il réagi sans plus de détails. Pour le moment, difficile de savoir plus de détails sur les raisons de cette annulation de dernière minute.

Le débat actuel sur l’appropriation culturelle semble pour le moins déstabiliser les différents organisateurs d’événements dans tout le pays. Mardi, le concert du chanteur Mario Parizek dans un bar zurichois a été annulé. Comme les membres du groupe Lauwarm, il s’agit également d’un musicien reggae blanc portant des dreadlocks. Le duo Ursus & Nadeschkin a également fait l’objet de critiques outre-Sarine. Pour interpréter leurs rôles, les deux comiques portent des perruques rastas.

De son côté, le groupe Lauwarm semble avoir trouvé une solution de repli à Soleure pour se produire tout de même ce samedi soir.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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