À Lausanne comme dans toute l'Europe
Les voitures vont disparaître des centres-villes

De plus en plus de métropoles européennes veulent libérer leurs centres-villes des voitures, pour plus d'espace et une meilleure qualité de vie. En Suisse, Lausanne est pionnière dans le domaine. D'ici 2030, les voitures à combustion auront disparu de ses rues.
Publié: 19.12.2021 à 13:51 heures
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Dernière mise à jour: 19.12.2021 à 14:44 heures
Andreas Engel

Pour les fans de voitures à combustion, ce fut un choc à la mi-novembre: lors de la conférence mondiale sur le climat à Glasgow (Grande-Bretagne), 31 pays - dont la Grande-Bretagne et l'Inde - et onze constructeurs automobiles (dont Daimler, Ford, GM et Jaguar Land Rover) avaient signé un accord selon lequel toutes les nouvelles voitures devraient être exemptes d'émissions dès 2035 sur les grands marchés mondiaux.

Mais si cela devrait améliorer la qualité de l'air en ville, cela ne changera pas grand-chose aux embouteillages permanents des centres-villes: les voitures électriques encombrent aussi les rues.

Et si le temps des voitures autonomes était arrivé? Pas si vite. Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT), passer des transports publics aux taxis autoguidés pourrait même conduire à une congestion encore plus importante.

Les voitures à combustion devraient disparaître du centre-ville de Lausanne.
Photo: KEYSTONE/Valentin Flauraud

Et les villes du monde entier ne font que s'engorger plus chaque année: d'ici 2050, la part de la population mondiale vivant dans les métropoles devrait passer des 57% actuels à plus de 68%.

Une Vienne plus cyclable

Ainsi, donner plus de place au transport individuel n'est pas la solution. Ce que demandent désormais les politiques et les défenseurs du climat, c'est un changement de mentalités.

Car les chiffres montrent l'inégalité entre l'homme et la machine, et l'absurdité qui en découle: à Vienne par exemple, seuls 27% des trajets sont effectués en voiture. Alors que les 65% de la surface de la ville sont utilisés pour des routes et des parkings.

Le gouvernement de la capitale autrichienne prévoit de réduire la part des trajets en voiture à 15% d'ici 2030. Selon l'initiative «Platz für Wien», appuyée par l'Université de Vienne, cet objectif doit être atteint non seulement en installant davantage de pistes cyclables, mais aussi avec des tarifs de stationnement nettement plus élevés et des quartiers à circulation réduite. Les véhicules pour le transfert de malades, les navettes et les autres transports nécessaires pourront toutefois continuer à circuler.

Barcelone se rachète

Barcelone est un autre cas intéressant de transition vers des transports plus durable. Depuis environ trois ans, la maire Ada Colau y fait tester son concept de «superblocs»: des zones à circulation réduite, de neuf pâtés de maisons pour la plupart. La priorité y est donnée aux piétons et aux cyclistes. Seules les voitures des riverains, des livreurs et des services de secours sont autorisées à pénétrer dans ces zones, barricadées par des bacs à fleurs, des bancs et des tables. La vitesse y est limitée à 10 km/h.

Le fait que la mégapole catalane soit l'une des pionnières en la matière s'explique en réalité par les taux de pollution élevés qu'elle affiche. Les valeurs fixées par l'Union Européenne y étant régulièrement dépassées, la ville se trouve même menacée d'amendes salées et de procédures devant la Cour européenne de justice.

Paris, bientôt une «ville à 15 minutes»?

Dans la capitale française aussi, les choses bougent. Afin de rendre aux habitants les rues de la ville – encombrées en permanence – l'administration municipale, regroupée autour de la maire Anne Hidalgo, prévoit de créer à partir de 2022 des zones à circulation restreinte similaires à celles de Barcelone. Seuls les riverains, les touristes, les livreurs et les taxis y seront autorisés. Il sera également interdit d'utiliser les quartiers comme voies détournées.

Paris prévoit également de pérenniser les nombreuses pistes cyclables pop-up, créées depuis la pandémie. Elles deviendront des couloirs cyclables fixes. En 2024, le diesel sera banni et en 2030, ce sera le cas de toutes les voitures à combustion. Depuis fin août, la vitesse est limitée à 30 km/h sur la plupart des routes.

Plus encore, Paris devrait se transformer en une «ville à 15 minutes», dans laquelle le logement, le travail, la nourriture, les achats, les loisirs, la culture et la santé seraient toujours accessibles à tous dans un rayon de 15 minutes à pied.

Lausanne la pionnière

La capitale olympique prend exemple sur Paris. Début 2021, elle a présenté des objectifs ambitieux: une mobilité climatiquement neutre d'ici 2030, et une réduction de toutes les émissions directes d'ici 2050. Pour y parvenir, tous les véhicules à combustion doivent disparaître des rues de Lausanne d'ici 2030.

Le chef-lieu vaudois devient ainsi un pionnier et un modèle à l'échelle nationale, Zurich se dirigeant plus lentement vers une mobilité climatiquement neutre en 2040, et Bâle en 2050. Mais son but n'est pas de mener une guerre contre les voitures, comme l'explique Florence Germond, conseillère municipale PS et cheffe du département des finances et des transports, au magazine «Moneta»: «En fin de compte, je souhaite une ville dans laquelle l'espace public appartient à nouveau à l'homme. (...) Je veux juste plus de piétons, plus de cyclistes, plus d'espace pour jouer et se rencontrer dans nos rues».

Moins de places de stationnement, plus de pistes cyclables, un développement des transports publics... à Lausanne aussi, on veut ainsi gentiment mais sûrement faire sortir le trafic de la ville.

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

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