Polémique footballistique
Le Paris Saint-Germain, le club qui n'a pas vu le vent tourner

Il aura suffi d'une polémique pour que l'impopularité du Paris Saint-Germain revienne sur le devant des médias. Avec sa remarque sur les déplacements en «char à voile», l'entraineur Christophe Galtier n'a fait que creuser un peu plus le fossé entre son club et le pays.
Publié: 06.09.2022 à 17:43 heures
|
Dernière mise à jour: 06.09.2022 à 18:10 heures
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

L’on aimerait s’affaler de rire, comme l’a fait Kylian Mbappé devant les journalistes, après la victoire du PSG à Nantes (3-0) ce dimanche. Oui, l’on aimerait bien rigoler avec Christophe Galtier, l’entraîneur du club parisien, lorsqu’il décide devant la presse d’ironiser sur les «déplacements en char à voile» pour éluder une question sur le bilan énergétique du jet privé affrété pour rejoindre la capitale française depuis l’embouchure de la Loire.

Alors que le Paris Saint-Germain entame, ce mardi 6 septembre, sa nouvelle aventure européenne contre la Juventus, cette solidarité amusée serait de bon augure. Problème: tout cela n’est pas risible. Parce que cette polémique, aussi discutable soit-elle, révèle bien plus qu’une simple indifférence footballistique aux préoccupations énergétiques engendrées par la guerre en Ukraine.

Le bras armé et sportif du Qatar

Le PSG de Kylian Mbappé est riche. Ultra-riche. Méga-riche. Il est aussi le bras armé sportif d’un pays, le Qatar, dont le gaz est devenu indispensable au continent européen. Il est surtout, depuis sa création en août 1970, l’emblème d’une capitale qui l’a rarement aimé car tout, dans son curriculum vitæ, l’éloigne du pays réel.

Patron du Paris Saint-Germain sur le terrain et dans les médias, Kylian Mbappé saura-il éteindre l'incendie allumé par la remarque de son entraîneur Christophe Galtier sur les déplacements en «char à voile»?
Photo: PSG via Getty Images
1/2

Entraîneur du Lille Olympique Sporting Club (LOSC) lorsque le club nordiste avait remporté le championnat de France en 2021, Christophe Galtier sait ce que signifie la ferveur populaire. Personne, à Lille, ne l’a jamais interpellé sur les déplacements aériens de son équipe. Se voir pointer du doigt, avec ses joueurs, pour être monté dans un jet alors que les TGV effectuent le trajet en deux heures aurait dû l’alerter.

Personne, bien sûr, ne conteste l’impératif de sécurité, et le risque de voir les gares prises d’assaut par les fans à l'arrivée des trains. Le questionnement logistique avait, dimanche, une autre raison d’être. A l’heure de la polémique sur les super profits, de l’inquiétude sur le chauffage en hiver et des fins de mois de plus en plus difficiles, la France toujours rongée par le virus égalitaire demande des comptes. Que le Paris Saint-Germain se retrouve dans le collimateur n’a rien de surprenant.

Impardonnable ironie

Le problème est à la fois dans la réponse et dans l’attitude. En proposant de réfléchir à l’utilisation abondante de jets privés, ou en prenant l’initiative d’une contribution quelconque aux efforts énergétiques demandés aux Français, l’entraîneur du PSG et son joueur fétiche auraient sans peine désamorcé la bombe. Mieux: l’un comme l’autre auraient pu s’engouffrer dans la brèche en rappelant, avec le sourire, que le Qatar est un solide allié de la France, et que ses réserves de gaz sont quasi inépuisables.

Rien de tel. Tous deux ont choisi d’ironiser, comme s’ils étaient au-dessus du lot, inatteignables. Le «char à voile», populaire sur les plages du Nord que connaît bien Christophe Galtier, était ce dimanche le symbole de la France qui ne comprend rien. Un pays à des années-lumière des nécessités de la mondialisation du sport et du vedettariat.

La faute est politique

Le malaise est là. Malgré la bonne étoile de Kylian Mbappé, persuadé – paraît-il – par Emmanuel Macron de faire la sourde oreille à la cour insistante du Real Madrid pour rester jouer au pays, le Paris Saint-Germain s’est dissocié des pénibles réalités françaises. Il les snobe. Il s’en affranchit. Soit. Le ballon rond ne se joue pas à coups de projets de lois.

Mais pour un club aussi emblématique, à quelques semaines d’un Mondial de football joué dans des stades qataris à air conditionné, la faute est politique et climatique. Le PSG n’empruntera peut-être pas de «char à voile» pour revenir de ses prochaines rencontres. Mais il vient de démontrer que malgré sa fortune et le talent de ses joueurs, il n’a pas vu le vent tourner.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la