Commentaire
Quand les Verts sombrent dans le néo-colonialisme

Elle voyage fièrement en avion car cela profite à l'écologie des pays visités, ne veut pas vraiment se priver, ni vivre dans une grotte: l'élue Verte Magali Di Marco porte des valeurs dont le parti devrait clairement se distancer. Sans quoi son parti va le payer cash.
Publié: 28.09.2021 à 16:48 heures
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Dernière mise à jour: 28.09.2021 à 16:52 heures
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Michel JeanneretRédacteur en chef

On connaissait les concombres. On avait repéré depuis longtemps les pastèques. Mais sur les étals de l’écologie, on n’avait pas anticipé la venue des poivrons. Car oui, après avoir porté une volonté sincère et légitime de protection de la nature, après avoir essaimé des thèses cryptocommunistes, les Vert-e-s nous présentent désormais leur toute nouvelle obédience, caractéristique du piment doux: vert à l’extérieur, vide à l’intérieur.

Je suis Verte parce que c’est cool et parce que c’est plus simple de défendre une cause que des idées. C’est probablement ce qu’a dû se dire Magali Di Marco, ancienne triathlète, au moment de se reconvertir dans la politique. Sinon comment expliquer que cette dernière s'accommode parfaitement du lourd bilan carbone issu de ses vacances aux Comores? Comment expliquer que, sous le couvert d’une approche holistique (un terme que nous utilisons pour lui venir en aide) de la question écologique, l’élue valaisanne tienne un discours qui sent le néocolonialisme à plein nez?

«Ne pas se priver» ni «vivre dans une grotte»

Quoi, vous en doutez?! Accrochez votre ceinture, on cite la députée valaisanne dans le texte: «Quand les locaux voient des touristes venir pour admirer les tortues vertes, découvrir des chauves-souris endémiques en voie d’extinction à cause de l’activité humaine ou pour explorer les fonds marins et que ça leur permet de se faire un peu d’argent, ils comprennent qu’il faut préserver leur écosystème, ne pas braconner, ne pas jeter du plastique dans les rivières et l’océan». Comprenez que les Vert-e-s ont une nouvelle mission: griller du kérosène pour éduquer les sauvages (et leur balancer quelques piécettes).

Magali Di Marco, verte poivron, verte holistique qui ne veut «pas se priver», qui n’est «pas Greta», qui nous promet qu’elle «ne prend plus l’avion pour faire un week-end à Barcelone», qui ne veut «pas vivre dans une grotte», fait partie de cette nouvelle génération d’écologistes en herbe qui pensent de manière enfantine que la préservation des écosystèmes sera le fruit d’un miracle et, surtout, affirme crânement son droit à ne pas être «irréprochable», alors qu’on lui demande tout autre chose: être exemplaire.

Tintin ne sauvera pas la planète

Quel manque absolu de lucidité. Quel faux pas. Car non seulement les enfants - ceux qui le sont par leur âge - n’aiment généralement pas les poivrons, mais ils ont bien compris que l’écologie est un combat, une urgence qu’on ne réglera pas en écrivant l’album de «Tintin a marché sur l’Archipel des Comores».

A l’heure où la droite commence (enfin) à manger de la salade de concombre au déjeuner, la majorité des Verts qui portent avec cohérence les valeurs écologiques feraient mieux de dénoncer ces égarés, au lieu de se réfugier derrière un silence gêné. Car la crédibilité du parti est en jeu.

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