Commentaire de Michel Jeanneret
Qui donnera encore son argent au candidat Maudet condamné?

Le Tribunal fédéral ayant admis un recours du Ministère public genevois, Pierre Maudet se présentera devant le peuple en candidat condamné par la justice de son canton. Un revers qui lui posera deux problèmes très concrets.
Publié: 16.11.2022 à 18:27 heures
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Dernière mise à jour: 16.11.2022 à 23:05 heures
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Michel JeanneretRédacteur en chef

Patatras. Il avait fait tout juste: jouer sur la corde sensible du radicalisme genevois, revêtir le costume du candidat capable de transcender les querelles partisanes, se faire discret. Et puis voilà. Pierre Maudet trébuche aujourd'hui sur la seule chose qu'il n'a jamais maîtrisée (et c'est tant mieux): la justice.

Le candidat de Libertés et Justice sociale vient en effet de prendre une sérieuse claque du Tribunal fédéral, qui accepte le recours du Ministère public genevois. Le TF juge l'ancien ministre coupable d’acceptation d’un avantage pour son escapade à Abu Dhabi. Et ordonne à la justice de son canton de le condamner.

Le nerf de la guerre

Touché, mais pas coulé. Sous le prisme de sa candidature aux élections cantonales de 2023, on pourrait résumer ainsi le coup administré à Pierre Maudet par la plus haute instance judiciaire du pays. Pas coulé, car rien n'empêche a priori une personne condamnée de se présenter à une élection. Touché, parce que cette future et certaine condamnation lui posera deux problèmes majeurs.

Pierre Maudet, ici le 11 octobre 2021 devant la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève. L'ancien conseiller d'Etat genevois faisait alors appel, après avoir été reconnu coupable par le Tribunal de police d'acceptation d'un avantage pour son voyage en famille à Abu Dhabi en 2015. Cette condamnation, annulée en seconde instance, sera rétablie sur ordre du Tribunal fédéral.
Photo: keystone-sda.ch

Le premier, c'est l'argent. Pierre Maudet s'est fixé pour objectif de constituer un trésor de guerre en accumulant des dons de 5000 francs maximum. Il lui en faudra donc beaucoup pour faire campagne. De ce point de vue et alors qu'il est selon nos informations en pleine levée de fonds, l'arrêt du TF tombe au plus mal.

On prête en effet moins volontiers à un candidat condamné qu'à un homme blanchi par la justice. D'autant plus ennuyeux que Pierre Maudet a promis une transparence totale de ses comptes de campagne. Les soutiens qui voudront associer leur nom au sien seront certainement moins nombreux.

Le peuple et les bad boys

Le second, c'est sa team, désormais au complet. Les personnes qui l’ont rejoint et tenteront de se faire élire au Grand Conseil sur la liste de son mouvement (qui ne risque au moins pas de le destituer...) sont son deuxième trésor de guerre. Ici, la même logique prévaut. Les noms qui ont accepté de le suivre dans l'aventure des cantonales — dont quelques jolies prises — vont-ils maintenir leur candidature à ses côtés? Maudet va devoir sortir ses meilleures cartes pour rassurer ses troupes.

Et le peuple, dans tout ça? Il est un problème mineur. En politique, les bad boys séduisent désormais les citoyennes et les citoyens. Pour monsieur et madame Tout-le-monde, qui en ont vu des salées dans cette République haute en couleur et en scandales plus ou moins savoureux, il faudrait de nouveaux faits accablants pour les influencer. Gageons que si ces faits existaient, le procureur général Olivier Jornot, probablement en train de déguster une bonne bouteille au moment où nous écrivons ces lignes, les aurait assurément trouvés.

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