Commentaire de Michel Jeanneret
La leçon d'Elisabeth Baume-Schneider à Murat Yakin

En faisant mentir tous les pronostics, celle que l'on surnomme «EBS» a fait plus fort que la Nati. Pourquoi son élection est une chance pour la Suisse et pourquoi l'analogie avec le football n'est pas aussi absurde qu'elle n'y paraît. Notre commentaire.
Publié: 07.12.2022 à 15:48 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2022 à 16:29 heures
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Michel JeanneretRédacteur en chef

Du panache. Du suspense. De l'émotion. Un beau match et la Suisse qui gagne à la fin. Autant dire que l'élection d'Elisabeth Baume-Schneider, nouvelle représentante socialiste au Conseil fédéral, était bien loin de la rencontre à sens unique qui a opposé mardi la Suisse au Portugal au Mondial de foot. Après les soirs qui déchantent pour notre pays, les lendemains qui chantent.

Avec l'accession au gouvernement de celle que tout le monde appelle déjà «EBS», c’est tout un canton qui obtient une reconnaissance confédérale à laquelle il n'osait croire. Même pas en rêve. La victoire de la native de Saint-Imier, originaire des Bois, c'est non seulement la reconnaissance d'une région, mais également de ses valeurs. Car si Elisabeth Baume-Schneider a décroché ce qui semblait hors de sa portée, c’est par son authenticité toute jurassienne. Et peut-être aussi par un côté matois moins insoupçonné.

Le Jura coche toutes les cases

Pourquoi la Suisse a-t-elle gagné? Parce que la grande force de notre démocratie, la garante de sa stabilité et de sa cohésion, c’est sa capacité à intégrer ses minorités, à choyer ses particularismes. Dernier entré dans la Confédération, minoritaire, à la croisée des cultures romande et alémanique (ce qui lui a valu une partie de son passé tumultueux), le Jura coche toutes les cases. Gageons que l'accession d'une de ses enfants au Conseil fédéral pèsera sur son histoire et qu'elle enrichira celle de notre pays.

La Jurassienne a été acclamée par ses partisans mercredi sur la Place fédérale.
Photo: keystone-sda.ch

Pourquoi cette analogie avec le football? Parce qu'à la différence du «onze» helvétique et de son capitaine, EBS et son équipe — Charles Juillard en tête — ont su mettre leurs différences de côté et n'ont jamais perdu leur boussole. Parce que leur remarquable travail d'équipe, extrêmement méthodique et efficace, a permis à une élection qui semblait jouée d'avance (comme le Suisse - Portugal de mardi) de connaître un dénouement victorieux.

Représentante d'une «autre Suisse» mais n'ignorant rien des ficelles politiques fédérales, manifestement capable de rallier une majorité derrière elle, EBS a tout pour bien faire au sein du Conseil fédéral. À elle de jouer désormais.

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