Visite controversée
Olaf Scholz demande à Xi Jinping de faire pression sur la Russie

Le chancelier allemand Olaf Scholz a rencontré vendredi à Pékin le président chinois Xi Jinping, dans le cadre d'une visite très controversée. Il lui a demandé de faire jouer «son influence» sur la Russie afin qu'elle mette un terme à sa «guerre d'agression».
Publié: 04.11.2022 à 11:51 heures

Le chancelier allemand Olaf Scholz a rencontré vendredi à Pékin le président chinois Xi Jinping, dans le cadre d'une visite très controversée. Il lui a demandé de faire jouer «son influence» sur la Russie afin qu'elle mette un terme à sa «guerre d'agression».

«J'ai dit au président (chinois), qu'il est important que la Chine fasse jouer son influence sur la Russie», a déclaré à la presse Olaf Scholz, «cela concerne la nécessité de respecter les principes de la Charte des Nations Unies, auxquels nous avons tous souscrit, cela concerne des principes comme celui de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, qui sont aussi pour la Chine une chose importante».

Le dirigeant allemand a également appelé, depuis Pékin, le président russe Vladimir Poutine à «ne pas refuser» la prolongation de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui doit expirer le 19 novembre.

Sur le respect des droits humains et des minorités, «il était important pour moi de clarifier nos convictions», a dit Olaf Scholz.
Photo: imago/Xinhua

Olaf Scholz a dit avoir «invité le président Xi à participer activement à la lutte contre la faim dans le monde», soulignant aussi que «la Chine et l'Allemagne ont une responsabilité particulière, en tant que prêteurs internationaux,» pour agir contre la dégradation de l'endettement des pays les plus pauvres.

Droits humains abordés

La venue de Olaf Scholz «renforce la coopération pratique» avec l'Allemagne, a pour sa part relevé Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision publique CCTV. Olaf Scholz a indiqué qu'il souhaitait «développer davantage» la coopération économique avec la Chine, en dépit «de points de vue différents».

«Nous voulons également discuter de la manière dont nous pouvons développer davantage notre coopération [...] sur d'autres sujets: le changement climatique, la sécurité alimentaire et les pays endettés», a-t-il dit au chef de l'Etat chinois, selon une source gouvernementale allemande à l'AFP.

Le chancelier allemand a dit avoir abordé avec le président chinois d'autres sujets de tension entre Pékin et les Occidentaux, comme Taïwan et le respect des droits de l'homme. «J'ai évoqué aujourd'hui notre préoccupation croissante pour la stabilité et la paix dans la région. La Chine a une responsabilité particulière à cet égard', a souligné le chancelier.

Sur le respect des droits humains et des minorités, «il était important pour moi de clarifier nos convictions», a dit Olaf Scholz insistant sur le caractère «universel» de ces droits. «Comme l'a montré notre entretien, il existe des différences entre nos deux pays», a observé le chancelier.

Délégation économique

Olaf Scholz est le premier dirigeant de l'UE et du G7 à se rendre en Chine depuis le début de la pandémie de Covid-19. Il a été reçu en matinée au palais du peuple par le président Xi, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale allemande.

Cette visite d'un jour survient juste après la reconduction de Xi Jinping à la tête du parti communiste chinois et du pays. Elle est vue d'un oeil critique non seulement en Allemagne, mais aussi en France, à Bruxelles et Washington.

Renouant avec les visites en Chine de sa prédécesseure à la chancellerie, la démocrate-chrétienne Angela Merkel (12 voyages en 16 ans de pouvoir), le social-démocrate Scholz est accompagné d'une délégation d'industriels, dont les patrons de Volkswagen et BASF.

Or, la dépendance de la première économie de l'UE à cette autocratie, où les entreprises allemandes réalisent une part importante de leurs profits, est de plus en plus remise en question. «Avec son voyage en Chine, le chancelier poursuit une politique étrangère qui conduit à la perte de confiance en l'Allemagne chez nos partenaires les plus proches», a fustigé un député de l'opposition, Norbert Röttgen, déplorant «une démarche solitaire».

Et même au sein de la coalition gouvernementale, les avertissements sont de mise: la ministre des affaires étrangères, l'écologiste Annalena Baerbock, a exhorté à «ne plus dépendre d'un pays qui ne partage pas nos valeurs», au risque de se rendre «politiquement vulnérables au chantage». Quelques jours avant le voyage, le chancelier allemand a cependant autorisé une prise de participation chinoise dans le terminal portuaire de Hambourg.

(ATS)

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