Viktor Orbán ose le pire
«L'Europe multiraciale tue les nations»

Le très nationaliste Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a prononcé samedi en Transylvanie un discours clairement raciste. L'une de ses plus proches collaboratrices a démissionné, l'accusant d'être «ouvertement nazi».
Publié: 28.07.2022 à 19:48 heures
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Dernière mise à jour: 28.07.2022 à 19:50 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Où s’arrêtera le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, réconforté par sa victoire aux élections législatives le 3 avril dernier? La réponse est venue ce samedi dans un discours raciste au vitriol, que l’homme fort de Budapest a prononcé en Roumanie, lors d’un déplacement dans la région de Transylvanie, où réside une bonne part de la minorité hongroise de ce pays. Il ne s’arrêtera pas.

Pas question, pour ce démagogue patenté, de se taire et de ménager ses partenaires d’Europe de l’ouest en pleine guerre en Ukraine: «Dans le bassin des Carpates, nous ne sommes pas métissés, s’est exclamé Orbán, dont les refrains nationalistes constituent le fonds de commerce politique. Et d’ajouter: «Nous sommes prêts à nous mélanger les uns aux autres, mais nous ne voulons pas devenir une race mixte de métis.»

Les rhétoriques les plus populistes

Que Viktor Orbán, passé maître dans l’art d’utiliser les rhétoriques les plus populistes, cherche à apparaître comme l’ultime défenseur de l’Europe assiégée n’est pas du tout une surprise. Son pays a été l’un des premiers à défier la politique d’accueil de l’Union européenne lors de la grande crise migratoire de 2015-2016, en faisant construire un mur et des barrières de barbelés qu’il a ensuite défendus envers et contre tout, affirmant que «même si la Cour européenne nous demande de le modifier, nous ne le ferons pas et nous ne laisserons personne entrer».

Le premier ministre hongrois cherche-t-il, par ses déclarations outrancières et racistes, à masquer la réalité: la marginalisation de son pays dans l'Union européenne face à la Russie?
Photo: keystone-sda.ch

L’homme pulvérise aussi régulièrement ceux qui rappellent ses positions libérales et pro-occidentales à la fin des années 1980 par un couplet sur le thème: «L’ouverture des frontières de 1989 – à la suite de la chute du mur de Berlin – et la protection de ces frontières aujourd’hui sont les deux faces d’une même pièce. En 1989, nous nous battions pour la liberté de l’Europe et maintenant nous protégeons cette liberté.»

Une provocation calculée

Impossible toutefois, ces jours-ci, de ne pas voir une provocation calculée. Devant la minorité hongroise, dans un pays directement exposé à la guerre en Ukraine puisque la frontière roumaine se trouve à quelques kilomètres du grand port d’Odessa bombardé par les missiles russes, Viktor Orbán a critiqué dans le même discours le soutien militaire des pays occidentaux à l’Ukraine contre la Russie, plaidant pour que l’on se concentre à nouveau sur les pourparlers de paix entre Kiev et Moscou. Un signal clair adressé au maître du Kremlin de la part d’un pays qui importe 65% de son pétrole et 80% de son gaz de Russie, raison pour laquelle une dérogation lui a été accordée en vue du boycott européen du pétrole russe qui prendra effet fin 2022.

Ce discours intervenait en outre trois jours avant la réunion des ministres européens de l’Énergie durant laquelle le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, s’est désolidarisé des 26 autres pays de l’UE sur la baisse volontaire de 15% de la consommation de gaz à partir de la fin août. Un geste sans conséquence sur la décision communautaire puisque l’Union est allée de l’avant. «Orbán est en train d’être marginalisé au sein de l’UE et plutôt que de subir, il attaque, argumente un diplomate bruxellois. Sa grande peur est que nous finissions par l’ignorer, ce qui est en train d’arriver. Car en réalité, la Hongrie et les dix millions de Hongrois ont bien plus besoin de l’Union que le contraire.»

Un discours «purement nazi»

Raciste, le Premier ministre hongrois? Pire, pour l’un de ses proches collaboratrices habituée à le défendre envers et contre tout, Viktor Orbán s’est présenté dans ce discours comme «purement nazi», ce qui le rend «indéfendable». La seule réaction de la Commission européenne est venue du Commissaire grec Margarítis Schinás, chargé des migrations et du mode de vie européen. «La haine n’a pas sa place sur nos lèvres ni dans nos sociétés», a écrit ce dernier sur Twitter.

Ce qui pose de nouveau la question mise en évidence par les tergiversations sur le gaz russe et les sanctions européennes de la part de la Hongrie, par ailleurs membre de l’OTAN: l’Union européenne peut-elle accepter, en son sein, un dirigeant aligné sur celui qui s’emploie à la déstabiliser et à miner ses démocraties, à savoir Vladimir Poutine?

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