Une solution miracle?
Ce qu'il faut savoir sur la technologie blockchain

Une blockchain, Quésaco? Cette technologie récente, qui sert notamment à la création de cryptomonnaies, prend toujours plus d'importance dans nos sociétés. Blick vous explique le fonctionnement et les enjeux de cette révolution numérique.
Publié: 22.10.2022 à 19:31 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2022 à 09:15 heures
Imfeld Nicola

Blockchain, cryptomonnaies, ICO… Ces termes reviennent sans cesse dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais, savez-vous exactement de quoi il s’agit? Blick vous explique tout.

Comment fonctionne exactement une blockchain?
Dans une blockchain, chaque transaction est automatiquement sauvegardée sur des milliers d’ordinateurs dans le monde entier de manière codée. Ainsi, personne ne peut manipuler des entrées individuelles; il faudrait pour cela pirater des milliers d’ordinateurs en même temps. Une blockchain est comparable à un gigantesque tableau Excel, régulièrement mis à jour et contenant toutes les transactions jamais effectuées.

Qu’entend-on par décentralisation?
Imaginez que vous prêtiez 1000 francs à une connaissance. Vous imprimez alors deux reçus – un pour vous, et l’autre pour cette personne. Seulement, si cette connaissance falsifie le document, il vous sera difficile de prouver que vous avez la version originale. Alors comment assurer votre transaction, sans forcément passer par un notaire? Vous pourriez distribuer plusieurs copies de la quittance à des personnes indépendantes et dignes de confiance. Celles-ci les conserveraient et pourraient prouver l’authenticité de votre reçu en cas de doute. Le prêt est documenté de manière décentralisée, et il ne peut y avoir de litige ou d’incohérence. Les blockchains permettent d’automatiser ce processus.

Pour chaque blockchain, il existe une pièce de monnaie numérique avec laquelle le système est exploité – comme le bitcoin.
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Quels problèmes les blockchains peuvent-elles résoudre?
Les blockchains permettent d’empêcher que les organisations individuelles n’acquièrent trop de pouvoir. Elles permettent, par exemple, de transférer de l’argent à des personnes dans le monde entier sans devoir payer les frais exorbitants des banques. Il serait également possible d’organiser des votations dont les résultats ne peuvent pas être manipulés par des pouvoirs dictatoriaux. Enfin, nous pourrions contrôler où et dans quelles conditions nos vêtements ont été réellement produits, sans devoir faire confiance aveuglément aux fabricants.

Qui est concerné par les changements apportés par les blockchains?
Cette technologie devrait avoir un impact dans presque tous les secteurs dans les années à venir. Elle aura donc certainement une forte influence sur notre quotidien. Dans les pays en développement et émergents en particulier, où les populations pourraient profiter de ces systèmes décentralisés pour se réapproprier un peu de pouvoir.

L’utilisation des blockchains n’est donc pas réservée exclusivement aux transactions financières?
Pas du tout. Tout peut être enregistré dans une blockchain – par exemple, à qui appartient un terrain ou les résultats lors d’un scrutin.

Quels sont les inconvénients de cette technologie?
Comme tout le monde peut accéder aux blockchains, il est difficile de conserver son anonymat. Si les utilisateurs ne sont pas enregistrés par leur nom, mais par un numéro seulement, il est tout de même possible d’obtenir des informations sur leur identité. En outre, maintenir les blockchains à jour sur tous les ordinateurs impliqués tout en les sécurisant demande encore beaucoup de temps, et surtout beaucoup d’énergie.

D’où vient le terme de «blockchain»?
Les transactions sont enregistrées par blocs dans des tableaux, ce qui assure davantage de sécurité. Ces blocs sont cryptographiés, c’est-à-dire encodés de façon à être reliés les uns aux autres. Ils ne peuvent pas être manipulés – c’est de là que vient le terme de «cryptomonnaies».

Que sont les «cryptomonnaies»?
Pour presque chaque blockchain, il existe un «coin» spécifique – une pièce de monnaie numérique avec laquelle le système est exploité. Le terme de cryptomonnaie est toutefois trompeur, car tous les coins ne sont de loin pas utilisés comme moyen de paiement numérique, au contraire du bitcoin. Dans certains cas, ils servent uniquement à payer les frais d’inscription dans une blockchain. Dans d’autres cas, les coins ne sont rien d’autre que des actions, c’est-à-dire des parts d’entreprises qui ont développé une blockchain. Le terme anglais «token», qui signifie jeton en français, est donc préférable à celui de coin.

Qu’est-ce qu’une ICO?
Les lettres signifient «Initial Coin Offering». C’est comme cela que s’appelle la première vente de coins d’une nouvelle blockchain par leurs développeurs. L’argent ainsi récolté permet de développer l’entreprise – il s’agit d’une sorte de capital de départ.

Quel est le rôle de la Suisse dans cette évolution?
Ces dernières années, des entrepreneurs du monde entier sont venus en Suisse pour y réaliser une ICO, du fait des lois arrangeantes dans le domaine. C’est pourquoi la Suisse est considérée comme une «crypto-vallée». En 2021, plus de 1100 entreprises étaient enregistrées en Suisse et au Liechtenstein. Le secteur a créé près de 6000 emplois.

A quoi sert la technologie des blockchains pour le citoyen lambda?
Pour l’instant, elle a peu d’usage pour une personne lambda: quelques magasins isolés et plateformes de vente en ligne permettent de payer en bitcoins. Mais jusqu’à présent, la plupart des utilisateurs achètent des cryptomonnaies exclusivement pour spéculer.

Combien de blockchains différentes existe-t-il?
Des milliers, et il y en a davantage de jour en jour. Chaque blockchain est créée dans une optique particulière: certaines pour stocker des transactions financières, d’autres pour le secteur des assurances ou de l’immobilier.

Depuis quand les blockchains existent-elles?
L’idée a été présentée pour la première fois sur Internet en 2009, après la crise financière mondiale, par un certain Satoshi Nakamoto. Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait toutefois pas qui se cache réellement derrière ce pseudonyme et donc derrière cette invention révolutionnaire. Le bitcoin a été la première application de cette technologie, mais entre-temps il s’est avéré que les blockchains ont un potentiel bien plus important qu’on ne le pensait à l’origine.

Quand les applications blockchain atteindront-elles le grand public?
Presque toutes les grandes entreprises – quel que soit le secteur – s’intéressent actuellement de près à cette technologie. Parallèlement, des centaines de start-ups ont vu le jour au cours des dernières années, développant leurs propres applications des blockchains. Cela représente des investissements très importants. Par ailleurs, les universités intègrent des cours sur le sujet dans leurs programmes d’études, comme en Suisse dès 2019 déjà. Avant que cette technologie ne puisse révolutionner notre quotidien, certains défis techniques fondamentaux doivent encore être résolus, notamment en ce qui concerne le manque d’anonymat et la consommation énergétique.

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