Une guerre coûteuse en Ukraine
Poutine coupe les vivres au leader tchétchène Kadyrov

Pour financer l'effort de guerre en Ukraine, le gouvernement russe coupe les vivres à la Tchétchénie, ainsi qu'à d'autres régions. Selon Ramzan Kadyrov, l'avenir de sa république est sombre sans subventions. Va-t-il reconsidérer sa loyauté envers Vladimir Poutine?
Publié: 28.11.2023 à 16:17 heures
Marian Nadler

La Tchétchénie doit se préparer à faire face à des temps difficiles! Pour pouvoir continuer à financer son invasion de l’Ukraine, le président Vladimir Poutine va couper les vivres à quatre régions russes et aux territoires annexés en Ukraine, dont la République du Caucase du Nord. Elles devront réduire leur déficit budgétaire ou se préparer à l’arrêt de certaines subventions, a tranché le ministre russe des Finances.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov est considéré comme un fidèle de Vladimir Poutine. Ce n’est pas sans raison qu’il est surnommé le «limier de Poutine», puisqu’il a envoyé ses propres combattants en Ukraine pour soutenir la campagne russe.

La Russie se tourne vers une économie de guerre

Le fait que ce soit justement sa région qui doive se serrer la ceinture pourrait toutefois inciter le leader tchétchène à reconsidérer sa loyauté. En janvier 2022, Ramzan Kadyrov a fait savoir que la république tchétchène recevait au total à 300 milliards de roubles (environ 3 milliards de francs) par an. Et sans ce soutien? «Je jure par Allah tout-puissant que nous ne serons pas en mesure de tenir trois mois, même pas un mois», avait-il alors souligné.

Le ministre russe des Finances Anton Silouanov coupe les vivres à quatre territoires russes et aux territoires ukrainiens annexés.
Photo: Getty Images
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La Russie risque de ne pas atteindre son objectif pour 2024 en raison de l’explosion des coûts militaires et des conséquences des sanctions occidentales. Le ministère russe des Finances a ajusté son budget au cours de l’année, en mettant l’accent sur le soutien au complexe militaro-industriel dans son effort de guerre.

Poutine coupe les vivres aux régions annexées

Parmi les autres régions qui ont reçu l’ordre de réduire leur déficit budgétaire ou qui risquent de voir leurs subventions diminuer, on trouve l’Ingouchie et le Daghestan dans le Caucase, ainsi que Touva dans le sud de la Sibérie, où de nombreuses troupes russes sont stationnées. Sont également mentionnées les régions d’Ukraine déclarées annexées par la Russie – les oblasts de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, qui ne sont actuellement pas entièrement contrôlés par Moscou.

Le ministère des Finances a indiqué au quotidien russe «Kommersant» que les huit régions avaient été ciblées parce que, malgré des subventions importantes du Kremlin, elles avaient dépensé 40% de trop par rapport au budget au cours de deux des trois dernières années. «Kommersant» commente qu’il est difficile d’envisager que «des 'poids lourds' comme les chefs d’Etat et de gouvernement de Tchétchénie et du Daghestan puissent être facilement contraints de se conformer à ces exigences».

«L’époque de l’argent facile est révolue»

«Plusieurs régions ont toujours défendu la position qu’elles ont une importance politique particulière, comme le Daghestan et la Tchétchénie, et comptaient sur le Kremlin pour bloquer toute critique ou mesure de réduction des subventions du cabinet», analyse pour «Newsweek» l’expert économique Chris Weafer, chef de la société de conseil stratégique Macro-Advisory Ltd.

Plusieurs médias russes ont rapporté que les gouverneurs des huit régions avaient jusqu’au 18 décembre pour signer des promesses de dépenses. Selon Chris Weafer, le ministre des Finances Anton Siluanov profite désormais de chaque occasion pour imposer une discipline budgétaire dans tous les domaines. «L’époque de l’argent facile est révolue», résume-t-il.

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