Un expert évoque l'avenir de Wagner
«Vladimir Poutine est face à un dilemme»

Vladimir Poutine aurait rencontré Evgueni Prigojine quelques jours seulement après la révolte de Wagner. Il a notamment été question de la fidélité du groupe Wagner à la Russie. Voici ce que cela révèle sur le pouvoir du président russe.
Publié: 12.07.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 12.07.2023 à 06:35 heures
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Chiara Schlenz

Une «trahison», un «coup de poignard». C'est ce qu'avait asséné Vladimir Poutine à propos de la «marche sur Moscou» prévue fin juin par le patron de Wagner, Evgueni Prigojine. En réponse à sa désobéissance, l'oligarque et chef de guerre a été contraint à l'exil en Biélorussie avec sa troupe de mercenaires.

C'est du moins ce que le monde a longtemps cru. En réalité, Evgueni Prigojine et ses hommes n'y ont jamais été aperçus. Une information confortée par l'annonce, lundi, du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Les deux chefs de guerre et 35 autres officiers de Wagner se seraient déjà rencontrés à Moscou le 29 juin, quelques jours après l'échec de la révolte. Les dirigeants de Wagner se sont alors vu proposer «d'autres possibilités d'intervention et d'autres missions de combat», a rapporté Dmitri Peskov, ajoutant que les miliciens avaient déclaré être «prêts à continuer à se battre pour la Russie».

Poutine doit accepter Prigojine dans ses rangs

Pas un mot n'a été prononcé sur la dispute entre les deux hommes. Pour Ulrich Schmid, spécialiste de la Russie et de la culture slave, ce silence signifie surtout une chose: «Cela témoigne du dilemme dans lequel se trouve Vladimir Poutine.» D'une part, le président russe exige une loyauté inconditionnelle de la part d'Evgueni Prigojine. La révolte a rendu le chef du Kremlin furieux. D'autre part, il dépend de la force du groupe Wagner, explique l'expert.

Que serait le chef du Kremlin Vladimir Poutine sans le groupe de mercenaires Wagner?
Photo: keystone-sda.ch
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«Poutine n'a pas de bonnes options dans ce scénario», poursuit Ulrich Schmid. S'il laisse Evgueni Prigojine s'en tirer, cela témoigne de sa faiblesse – le chef du Kremlin perdrait la face. Mais punir le patron de Wagner aurait des conséquences tout aussi négatives: cela signifierait qu'il ne pourrait plus compter sur Evgueni Prigojine et ses mercenaires dans la guerre en Ukraine et dans ses aspirations sur le continent africain. Le chef du Kremlin n'a donc pas d'autre choix que de faire bonne figure.

Evgueni Prigojine va-t-il devoir montrer patte blanche?

Mais que va-t-il se passer maintenant avec Wagner? «L'envie de Poutine serait d'incorporer les forces de Wagner dans les structures régulières de l'armée», imagine Ulrich Schmid. Les premiers signes sont déjà visibles en République centrafricaine: selon «The Africa Report», environ 600 mercenaires de Wagner ont été retirés de la capitale Bangui – et transportés par avion à Moscou.

Sous la pression du Kremlin, la direction de Wagner se préparerait, selon les prévisions, à revoir l'organisation du groupe et à informer ses hommes qu'ils seront désormais davantage soumis au ministère russe de la Défense. En outre, le chef de Wagner à Bangui, Vitali Perfilev, pourrait être remplacé par un autre commandant, considéré comme plus proche des intérêts du ministère de la Défense et moins lié à Evgueni Prigojine.

Reste à savoir comment et si Evgueni Prigojine se pliera aussi volontiers au gouvernement russe en Ukraine et en Russie. Car il ne faut pas oublier: c'est précisément l'exigence d'intégrer des groupes de mercenaires russes dans l'armée régulière qui a déclenché la révolte de Wagner. Jusqu'à présent, Evgueni Prigojine ne s'est pas encore exprimé sur ses discussions avec le chef du Kremlin Poutine.

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