Alors que les soldats russes rampent toujours dans les tranchées en Ukraine, une fête réservée à la jet set moscovite secoue la Russie. Plusieurs personnalités russes ont même dû s'expliquer publiquement sur leurs réseaux sociaux pour tenter d'éviter le raz-de-marée. La fête en question a eu lieu dans la boîte de nuit moscovite Mutabor le 20 décembre dernier. Thématique: «Presque nue»! Influenceurs, personnalités de la télévision, rappeurs: toute la jet set de Moscou était invitée.
Ces derniers ont bien respecté le thème imposé par l'organisatrice de la soirée, la présentatrice TV Nastya Ivleeva, et sont venus très légèrement vêtus: le rappeur Vacio s'est particulièrement illustré et est apparu complètement nu avec une simple chaussette pour couvrir à moitié ses parties intimes. Les autres invités portaient majoritairement des hauts ou des pantalons transparents.
La fête était privée, mais les célébrités ont bien sûr pris des photos et des vidéos. Et c'est toute la Russie qui a pu découvrir ses images peu orthodoxes. Les images sont parvenues jusqu'aux soldats au front, qui se sont ensuite plaints auprès de leurs supérieurs. Selon la BBC, des blogueurs, des députés et des activistes soutiens du Kremlin et militants en faveur de la guerre en Ukraine étaient également furieux: comment des célébrités pouvaient-elles faire la fête de la sorte alors que des soldats russes mettent leur vie en danger pour «l'opération militaire spéciale», comme on aime appeler la guerre en Russie?
Prison et amende pour les invités
L'indignation ne s'est pas arrêtée là. La police a arrêté le rappeur Vacio, qui ne portait qu'une chaussette durant la fête, et l'a mis en prison pendant 15 jours en lui infligeant une amende équivalente à plus de 1800 francs. Motif: «publicité pour des relations sexuelles non traditionnelles». L'organisatrice, Nastya Ivleeva, qui a passé la fête en soutien-gorge et avec des bijoux de luxe, risque également des ennuis judiciaires. Selon la BBC, une plainte collective a été déposée contre elle, exigeant qu'elle fasse don d'un milliard de roubles (plus de 9 millions de francs) à l'organisation «Défenseurs de la patrie».
En coulisses, la fête a également des conséquences. Apparemment, des contrats publicitaires ont déjà été résiliés et des concerts annulés. Nastya Ivleeva, le visage d'un opérateur de téléphonie mobile, a déjà été retirée de toutes les publicités. Et selon le portail Pravda, certaines stars ont déjà été coupées des shows télévisés de la Saint-Sylvestre déjà préenregistrés.
«Je suis prêt pour mon exécution publique»
L'une d'entre elles est la star Philipp Kirkorov: «Je reconnais que j'ai fait une erreur. La dernière chose que je veux, c'est qu'un tel événement, mon erreur, entraîne des restrictions sur ma carrière en Russie, le seul pays où j'existe en tant qu'artiste et en tant que citoyen.» Le chanteur s'est même excusé auprès du porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov.
Ksenia Sobtchak, présentatrice de télévision et candidate à l'élection présidentielle russe de 2018, a également présenté des excuses publiques. La «Paris Hilton russe» a dû fuir à l'étranger en 2022 suite à une enquête des autorités à son encontre. Aujourd'hui, elle vit à nouveau en Russie et fait la fête avec l'élite pendant la guerre. «Si quelqu'un s'est senti agressé par mon apparence, je m'en excuse. J'aime mon pays, je suis une journaliste qui travaille en Russie», a déclaré Ksenia Sobtchak. Détail piquant: quelques jours auparavant, elle avait pourtant déclaré qu'elle ne voyait «aucune raison de présenter des excuses» avant de se rétracter.
D'autres défendent leur participation. «Je portais un pull à col roulé, un grand manteau, un pantalon et des chaussures. Je ne pouvais pas savoir à l'avance ce que les autres invités allaient porter», se justifie de son côté la pop star Dima Bilan, selon la BBC.
Pendant ce temps, Nastya Ivleeva, qui fait désormais également l'objet d'une enquête de l'administration fiscale, est persona non grata. Dans un message vidéo, elle supplie: «On dit que la Russie sait comment pardonner. Si c'est le cas, je voudrais vous demander, à vous le peuple, une deuxième chance. Si la réponse est non, alors je suis prête pour mon exécution publique.»