Risques de tremblements de terre
L'Europe a d'énormes quantités de gaz, mais ne peut pas l'exploiter

Peut-on se passer du gaz russe? La question est sur toutes les lèvres en Europe. L'énorme gisement aux Pays-Bas apparaît comme une solution miracle. Le problème: son exploitation comporte d'importants risques.
Publié: 09.10.2022 à 06:32 heures
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Dernière mise à jour: 09.10.2022 à 08:30 heures
Levin Stamm

La politique énergétique de l’Europe a aujourd’hui un seul mot d’ordre: parvenir à se passer le plus rapidement possible de gaz russe et l’acheter à d’autres sources. Mais il pourrait s’écouler plusieurs mois avant que cet objectif soit atteint. Construire les infrastructures nécessaires au transport du gaz est un processus complexe.

Le gisement de gaz aux Pays-Bas, à proximité de la province septentrionale de Groningue, apparaît alors comme un cadeau du ciel. Ce sont près de 450 milliards de mètres cubes qui reposent sous un sol argileux et mou. Cela suffirait à remplacer entièrement les importations de gaz de l’Europe en provenance de la Russie pendant trois ans. Un laps de temps précieux pour élaborer des alternatives. Pourtant, un problème persiste: à cet endroit, l’extraction provoque des tremblements de terre.

Nombreuses secousses telluriques

Ces secousses telluriques ont causé d’importants dégâts au fil du temps. Des milliers de maisons ont été endommagées. La population locale proteste depuis des décennies contre la poursuite des forages.

Groningue, au nord des Pays-Bas. Près de la ville, l'un des plus grands gisements de gaz d'Europe repose sous terre.
Photo: Shutterstock
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Jusqu’à l’automne prochain, seule la quantité négligeable de 6,5 milliards de mètres cubes de gaz pourra être extraite du gisement. Le gouvernement souhaite arrêter définitivement son exploitation d'ici à 2028 au plus tard. L’un des plus grands gisements de gaz du monde à ce jour – au cœur de l’Europe – serait ainsi intouchable.

La situation était très différente dans les années 1970. A l’époque, le gouvernement, en collaboration avec une filiale du géant pétrolier et gazier Shell, extrayait du sol jusqu’à 87,7 milliards de mètres cubes par an. A titre de comparaison, une telle quantité couvrirait les besoins actuels en gaz de la Suisse pendant 25 ans. Dès le début des années 1990, le projet est sous le feu des critiques à cause des nombreuses secousses telluriques.

La pression internationale augmente

Durant des années, la fin de l’exploitation de ce gisement n’a pas été remise en question. Mais depuis que Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine et menace l’approvisionnement énergétique de l’Europe, des voix s’élèvent pour demander un changement de stratégie à Groningue. Un fonctionnaire de l’OTAN a récemment appelé à une augmentation immédiate des volumes de production. Sinon, l’Europe devra faire face à un «hiver difficile».

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte refuse d’en entendre parler. Lors d’une conférence de presse à Prague vendredi, il a clairement indiqué que les Pays-Bas ne poursuivraient pas la production de gaz à Groningue. Auparavant, il avait également démenti les rumeurs selon lesquelles le chancelier allemand Olaf Scholz lui aurait demandé d’intensifier l’exploitation du gisement de gaz.

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