Afghanistan
Découvrez les quatre talibans les plus puissants

Le mouvement taliban reste entouré de mystère comme lorsqu'il dirigeait l'Afghanistan entre 1996 et 2001. Présentation de quatre personnalités qui marqueront l'avenir politique du pays après leur reconquête du pouvoir.
Publié: 23.08.2021 à 11:51 heures
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Dernière mise à jour: 23.08.2021 à 17:47 heures
Antoine Hürlimann avec AFP

La direction des talibans, qui se réunissait ce samedi à Kaboul afin de discuter de la formation d’un gouvernement «inclusif», a toujours été entourée de mystère, tout comme lorsque le mouvement dirigeait l’Afghanistan entre 1996 et 2001.

Voici une présentation des principaux dirigeants de ce groupe islamiste radical, après leur reconquête du pouvoir le 15 août dernier. Ces quatre profils vont marquer l’avenir politique du pays en guerre depuis plus de 40 ans.

Le cofondateur: Abdul Ghani Baradar

Abdul Ghani Baradar, né dans la province d’Uruzgan (Sud) et qui a grandi à Kandahar, est le cofondateur des talibans avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort avait été cachée deux années durant. Comme nombre d’Afghans, sa vie a été bouleversée par l’invasion soviétique en 1979, qui en a fait un moudjahid — un combattant pour la foi.

Le cofondateur du mouvement des talibans, Abdul Ghani Baradar (assis au centre, coiffé d'un turban noir), adresse dans une vidéo un message de félicitations à ses troupes entrées dans Kaboul, le 15 août 2021.
Photo: AFP
Capture d'écran d'une vidéo où Abdul Ghani Baradar, cofondateur des talibans, salue la prise de Kaboul (Afghanistan) par le mouvement, le 15 août 2021.
Photo: AFP

Avec le mollah Omar, il aurait fondé le mouvement taliban durant la guerre civile afghane du début des années 1990, quand des chefs de guerre mettaient le pays à feu et à sang. En 2001, après l’intervention américaine et la chute du régime taliban, il aurait fait partie d’un petit groupe d’insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient la nouvelle administration de Kaboul. Mais les Etats-Unis ont rejeté cette initiative, ouvrant un nouveau chapitre de vingt années de guerre.

Baradar était le chef militaire des talibans quand il a été arrêté en 2010 à Karachi, au Pakistan. Il a été libéré en 2018, sous la pression de Washington. Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, basé au Qatar. Il a conduit les négociations de Doha avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d’Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghan, qui n’ont rien donné.

Le leader suprême: Haibatullah Akhundzada

Le mollah Haibatullah Akhundzada a été nommé à la tête des talibans en mai 2016, quelques jours après la mort de son prédécesseur, Mansour, tué par une frappe de drone américain au Pakistan. Avant sa nomination, Akhundzada était relativement inconnu, plus impliqué dans les questions judiciaires et religieuses que dans les manœuvres militaires.

Une photographie non datée du chef des talibans, Haibatullah Akhundzada, publiée par le mouvement le 25 mai 2016.
Photo: AFP

Une fois arrivé au pouvoir, Akhundzada — dont le père était théologien — a rapidement obtenu la loyauté de l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda, qui l’a qualifié d'«émir des croyants», renforçant ainsi sa crédibilité dans l’univers djihadiste. Originaire de Kandahar, cœur du pays pachtoune dans le sud de l’Afghanistan et berceau des talibans, cet érudit jouissait déjà d’une grande influence au sein de l’insurrection, dont il dirigeait le système judiciaire. Son rôle à la tête du mouvement serait davantage symbolique qu’opérationnel, selon plusieurs analystes.

Akhundzada doit avant tout unifier les talibans, une mission complexe tant ceux-ci se sont déchirés lors d’une violente lutte pour le pouvoir après la mort de Mansour et la révélation qu’ils avaient caché pendant des années celle du fondateur du mouvement, le mollah Omar. Il a réussi à maintenir la cohésion du groupe et reste plutôt discret. Il ne diffuse que de rares messages annuels lors des fêtes islamiques.

Le chef de réseau: Sirajuddin Haqqani

Fils d’un célèbre commandant du djihad anti-soviétique, Jalaluddin Haqqani, Sirajuddin est à la fois le numéro 2 des talibans et le chef du puissant réseau éponyme. Le réseau Haqqani, fondé par son père, est qualifié de terroriste par Washington, qui l’a toujours considéré comme l’une des plus dangereuses factions combattant les troupes américaines et de l’Otan ces deux dernières décennies en Afghanistan.

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Le réseau est connu pour son recours à des kamikazes. On lui a attribué certaines des attaques les plus violentes perpétrées en Afghanistan ces dernières années. Il a aussi été accusé d’avoir assassiné certains hauts responsables afghans et d’avoir retenu en otage des Occidentaux, avant de les libérer contre rançon ou des prisonniers, comme le soldat américain Bowe Bergdahl, relâché en 2014 en échange de cinq détenus afghans de la prison de Guantánamo.

Connus pour leur indépendance, leur habileté au combat et leur sens des affaires, les Haqqani sont en charge des opérations talibanes dans les zones montagneuses de l’Est afghan. Ils auraient une forte influence sur les décisions du mouvement.

L’héritier: Yaqoub Omar

Fils du mollah Omar, Yaqoub est le chef de la puissante commission militaire des talibans, qui décidait des orientations stratégiques dans la guerre contre le gouvernement afghan. Son ascendance et ses liens avec son père, qui faisait l’objet d’un véritable culte en tant que chef des talibans, en font une figure unificatrice au sein d’un mouvement large et diverse.

Les spéculations sur son rôle exact dans le mouvement sont toutefois persistantes. Certains analystes estiment que sa nomination à la tête de cette commission en 2020 n’était que purement symbolique.

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