Prison secrète de la CIA
La Lituanie met sur le marché un ancien lieu de torture

Dans une prison secrète, des agents de la CIA aurait pu torturer et tourmenter des suspects de terrorisme sans être inquiétés dans un bâtiment secret, en Lituanie. Le pays veut se débarrasser de cette horreur; elle devrait être vendue prochainement.
Publié: 26.01.2022 à 12:00 heures
Johannes Hillig

Au premier coup d'œil, la grange en acier située à l'extérieur de Vilnius, la capitale de la Lituanie, ne paie pas de mine. Un terrain clôturé en pleine nature. On sait pourtant que des scènes atroces ont dû s'y dérouler.

Des agents des services secrets américains, la CIA, ont utilisé cet objet pour torturer à l'abri des regards des personnes soupçonnées de terrorisme. L'installation, également connue sous le nom de «Project No. 2» ou de «Detention Site Violet», dispose de sa propre alimentation en eau et en électricité. Presque aucune fenêtre ne donne sur l'extérieur et les dix pièces sont insonorisées.

On pouvait donc y «faire ce que l'on voulait», a déclaré à l'agence de presse «Reuters» Arvydas Anusauskas, qui a dirigé une enquête du Parlement lituanien sur ce site en 2010.

C'est sur ce site que des personnes soupçonnées de terrorisme ont été torturées par la CIA. La grange en acier se trouve en Lituanie, non loin de la capitale Vilnius.
Photo: Keystone
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La Lituanie a été condamnée pour avoir pratiqué la torture dans son propre pays

Mais à l'issue de l'enquête, on ne sait toujours pas vraiment ce qui s'est passé dans cette prison secrète. Tout ce que l'on sait est que les personnes soupçonnées de terrorisme étaient exposées à une lumière et à un bruit constants afin de les démoraliser.

Après avoir servi de lieu de torture aux Américains, le site aurait fait office, de 2007 à 2018, de centre de formation aux services secrets lituaniens. Les bleus étaient apparemment amenés dans la grange en acier les yeux bandés, et attachés.

Pour avoir pratiqué la torture dans son propre pays, la Lituanie a été condamnée au début de cette année par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à une amende pour violation des droits de l'homme: pour les juges, le fait qu'une prison de la CIA avait existé dans ce pays balte de l'UE de février 2005 à mars 2006 ne fait aucun doute. Ce que la Lituanie continue de contester. Le pays a pourtant déjà versé 130'000 euros en 2018 à un Palestinien qui avait été détenu dans cette prison.

«N'appuie pas sur des boutons»

La Lituanie cherche aujourd'hui à tout prix à se distancer de toute cette affaire et y mettre un terme. Le moyen? Vendre la prison. Même les autorités semblent effrayées par cet endroit. «Nous n'osons appuyer sur aucun bouton pour ne pas allumer quelque chose par erreur», a déclaré un collaborateur du fonds immobilier à propos de l'installation, comme le rapporte le journal britannique «The Guardian«. On ne connaît pas encore le prix de cet ancien lieu de torture.

(Adaptation par Lauriane Pipoz)


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