Vladimir Poutine protège sa vie privée autant qu’il le peut. L'on ne sait presque rien de sa sphère personnelle. Toutefois, les journalistes d’investigation parviennent de plus en plus à rendre les détails de son intimité accessibles au public.
L’un de ses secrets les mieux gardés serait Svetlana Kriwonogich. Cette ancienne femme de ménage compterait parmi les maîtresses du président russe et ensemble, ils auraient eu une fille: Yelisaveta Kriwonogich.
Svetlana Kriwonogich a acquis une notoriété involontaire en novembre 2020, lorsqu’elle a acheté 3% d’actions de la banque russe Rossiya et un appartement de luxe (3,6 millions de dollars) à Monaco, alors qu’elle était à l’origine presque sans le sou. Et sa fille présente une certaine ressemblance physique avec Poutine.
Panama Papers et fuite de données
Le nom de Kriwonogich est ensuite réapparu dans les médias dans le cadre des Panama Papers, lorsqu’elle a été accusée de dissimuler une fortune de 100 millions de dollars US via des sociétés offshore. Cette semaine, une gigantesque fuite de données du service de livraison de repas Yandex Food a également fait parler d’elle.
Les journalistes ont pu constater que Yelisaveta Kriwonogich se faisait régulièrement livrer des repas. Elle a indiqué comme adresse un appartement de 400 mètres carrés en Russie. Le reportage ne mentionnait pas l’endroit où se trouvait cet appartement de luxe.
Or, «BBC Russia» est tombé sur une annonce d’appartement probablement publiée par Swetlana Kriwonogich.
Quatre étages, un bar, un cinéma
Elle tente de louer un appartement dans un immeuble situé sur une île de Saint-Pétersbourg. Pour 700’000 roubles par mois, autrement dit 8200 francs suisses. A cela s’ajoutent plus de 1000 francs de charges.
En échange: un bâtiment somptueux, comme le montrent les photos de l’agent immobilier. 442 mètres carrés, répartis sur quatre étages reliés par un ascenseur. Au rez-de-chaussée se trouvent un salon et une terrasse avec vue sur le fleuve Neva, au deuxième étage une chambre à coucher et une chambre d’enfant, et au troisième étage un bar avec home cinéma et un canapé de design italien, recouvert de feuilles d’or. L'on ne peut cependant pas être complètement sûrs qu'il s'agit du même appartement que celui trouvé grâce à la fuite de données.
Domicile des amis de Poutine
L’appartement se trouve sur l’île de Kamenny dans un complexe qui, selon la «BBC», comprend 21 appartements et est décrit par les agents immobiliers comme «l’un des complexes les plus privés de Saint-Pétersbourg».
Il est ainsi plus clair pourquoi, en recherchant qui d’autre y a acheté des appartements, la «BBC» a pu sortir une fringante liste des présumés sparring-partners de judo de Poutine: Vassili Schestakow et Arkadi Rotenberg sont de la partie. Ainsi que de plusieurs membres du conseil d’administration de la banque Rossiya, et d’autres oligarques. La famille du copropriétaire de Severstal, Alexeï Mordachov, contre lequel l’UE a récemment imposé des sanctions – notamment en raison de ses liens avec la Rossiya Bank – y est également répertoriée.
Première tentative infructueuse à l’automne 2021
La prétendue maîtresse de Poutine habiterait donc aussi sur l’île de Kamenny. Certes, le nom de Krivonogich ne figure pas dans l’annonce, mais selon les informations de la «BBC», il n’y a qu’un seul appartement de cette taille dans l’immeuble. Et celui-ci est bel et bien enregistré à son nom selon le registre foncier.
Selon la «BBC», l’agence Engel & Völkers a déjà tenté de louer l’appartement en 2021 via la plateforme immobilière Cyan. Mais après un appel de la «BBC» aux agents immobiliers et à Kriwonogich, l’offre aurait été retirée. Jusqu’à ce qu’elle ne réapparaisse fin 2022.
Aménagement «de mauvais goût»
Le média s’est même entretenu avec un architecte d’intérieur. La conclusion de ce dernier n’est guère flatteuse: «Nous ne pouvons pas parler de bon goût en ce qui concerne cet aménagement. On voit que le designer avait un gros budget à sa disposition: des équipements coûteux, de bonnes marques. Mais les éléments architecturaux et l’équipement me rappellent les intérieurs de la fin des années 1990». Pour des raisons de sécurité, l’homme souhaite rester anonyme.
Le siège allemand d’Engel & Völkers n’a pas voulu répondre aux questions de la «BBC», et a déclaré qu’il ne donnait pas d’informations confidentielles sur ses clients.
Lorsque Swetlana Kriwonogich a entendu la voix du journaliste la «BBC» à l'autre bout du fil, elle a immédiatement raccroché, peut-on lire.
(Adaptation par Lliana Doudot)
