Offensif contre la Russie
Emmanuel Macron dit comprendre la neutralité suisse

Interrogé par Blick lors de sa conférence de presse finale au sommet de l'OTAN à Madrid, le président français a salué la décision de la Finlande et de la Suède d'abandonner leur neutralité. Sans pour autant mettre la pression sur les autres pays neutres.
Publié: 30.06.2022 à 15:31 heures
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Dernière mise à jour: 30.06.2022 à 17:19 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

«Oui, on peut encore être Européen et neutre… comme l’Autriche». Le clin d’œil présidentiel français a immédiatement ponctué la bonne formule. Interrogé par Blick jeudi lors de sa conférence de presse finale au sommet de l’OTAN à Madrid, Emmanuel Macron n’a pas entrouvert la porte à la Suisse, dans l’éventuel espoir qu’elle suive les pas de la Finlande et de la Suède, dont l’adhésion prochaine à l’OTAN est aujourd'hui acquise.

Les deux ex-pays neutres du nord du continent signeront mardi 5 juillet prochain leur protocole d’adhésion pour intégrer l’Alliance atlantique, après la levée à Madrid du véto de la Turquie à ce propos. La Suisse, partenaire traditionnel de la Suède, se retrouve naturellement dans le collimateur.

«L’Europe de la défense et l’OTAN, une même chaîne»

Le chef de l’État français avait auparavant loué les décisions finlandaise et suédoise, qu’il a qualifié de «sursaut de l’Europe du nord face à la Russie» que l’OTAN, dans son nouveau concept stratégique adopté à Madrid par ses trente pays membres, considère comme «la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euroatlantique».

Le président français, Emmanuel Macron, jeudi à Madrid.
Photo: DUKAS

«Ces alliés ont décidé de nous rejoindre et prouvent ainsi que l’Europe de la défense et l’OTAN constituent les deux maillons d’une même chaîne», a expliqué Emmanuel Macron, saluant la décision du Danemark de participer, après un référendum positif sur ce sujet le 1er juin 2022, à la politique de défense de l’UE.

«Agir en Européens»

Juste avant, le locataire de l’Élysée avait redit l’importance des sanctions européennes contre la Russie, que la Suisse a décidé d’appliquer. «Nous devrons désormais agir davantage en Européens, a-t-il poursuivi. Nous devrons nous entendre sur des achats communs de gaz pour sortir de la dépendance envers la Russie, et sur une réforme consécutive du marché de l’électricité. […] La Russie ne peut, ni ne doit gagner cette guerre. Le soutien financier, budgétaire, militaire et humanitaire européen à l’Ukraine devra durer aussi longtemps que nécessaire. Nous ne devons laisse nourrir aucun doute sur ce sujet.»

Pas de remise en cause de la neutralité suisse

La neutralité helvétique n’a donc pas été remise en cause au sommet de l’OTAN, dont la Confédération reste un «partenaire pour la paix», comme l’avait rappelé en mai, en marge du sommet de Davos, son secrétaire général norvégien, Jens Stoltenberg, à la Conseillère fédérale Viola Amherd. Les pays alliés, qui seront bientôt 32, n’entendent pas faire pression sur la Suisse ni sur l’Autriche, deux pays dont Emmanuel Macron a dit respecter «les traditions politiques militaires et historiques».

Attention toutefois: être neutre ne veut pas dire être isolé. Encore moins étranger aux enjeux décisifs que la Russie de Vladimir Poutine fait peser sur nos démocraties: «Les neutralités continuent de demeurer. Elles sont respectables. Elles n’empêchent ni les discussions, ni les échanges de points de vue et les convergences de vues.»

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Retrouvez la conférence de presse d'Emmanuel Macron à Madrid et la question sur la neutralité suisse en fin de séquence:

Rendez-vous à Lugano pour la reconstruction de l’Ukraine

La France sera représentée à la conférence de Lugano sur la reconstruction de l’Ukraine les 4 et 5 juillet. Fait étonnant alors que les destructions causées par l’armée russe sont au centre des débats stratégiques de l’Alliance, le rendez-vous tessinois est passé complètement inaperçu. Personne ne l’a cité directement, comme si, pour l’heure, la reconstruction de ce pays «qui défend chaque jour les valeurs européennes», selon Emmanuel Macron, n’était pas à l’ordre du jour.

L’urgence est davantage, pour le moment, de faire aboutir le projet d’un couloir maritime en mer Noire afin d'évacuer les millions de tonnes de céréales bloquées en Ukraine par le conflit, via le port d’Odessa. Une initiative des Nations Unies est sur la table et sera discutée à Lugano.

Clin d’œil de l’histoire: ce futur corridor alimentaire ramènera les discussions en Suisse puisqu’il devra se faire sur la base des conventions sur les détroits de Montreux, signées sur les bords du Léman en 1936 pour déterminer les droits des puissances riveraines de la mer Noire.

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