Menacé d'inéligibilité
Le procès de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro s'est ouvert

Le procès de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro s'est ouvert jeudi à Brasilia. Un rendez-vous capital pour le leader d'extrême droite qui pourrait déboucher sur son inéligibilité, six mois après avoir dû quitter le pouvoir.
Publié: 22.06.2023 à 15:24 heures
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Dernière mise à jour: 22.06.2023 à 15:26 heures

Jeudi, le procès de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro s'est ouvert. Accusé d'«abus de pouvoir» pour des attaques contre le système de vote électronique formulées avant la présidentielle de 2022, Jair Bolsonaro avait fait savoir dès mercredi qu'il ne se présenterait pas devant les juges du Tribunal électoral supérieur (TSE). Il doit passer la journée à Porto Alegre (sud) pour une série de réunions politiques.

L'ancien chef de l'Etat (2019-2022), qui se dit innocent, est poursuivi pour s'en être pris à la justice électorale et avoir critiqué, sans preuve, la fiabilité du vote électronique, quelques mois avant les élections remportées par son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Les sept magistrats qui ont ouvert solennellement la séance rendront, l'un après l'autre, leur vote au cours d'une session plénière qui a démarré vers 9h15 (heure locale, 13h15 heure suisse).

Jair Bolsonaro a fait savoir qu'il ne se présenterait pas devant les juges du Tribunal électoral supérieur (TSE).
Photo: DUKAS

Menacé d'inéligibilité

Dans un discours en juillet 2022 à la résidence présidentielle de l'Alvorada, et retransmis sur la télévision publique, Jair Bolsonaro avait déclaré devant des diplomates vouloir «corriger des failles» dans le vote électronique avec la «participation des forces armées», sans fournir la moindre preuve de ses allégations.

Pour ces propos, l'ex-capitaine de l'armée de 68 ans pourrait être déclaré «inéligible» à des mandats publics pendant huit ans. Le parquet le poursuit pour «abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication».

Durant toute sa campagne, il avait agité le risque de fraude, attisant la colère de ses partisans les plus radicaux qui, le 8 janvier, quelques jours seulement après l'entrée en fonction de Lula, avaient attaqué les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia. Des scènes saisissantes qui avaient rappelé l'assaut mené, deux ans auparavant, par des partisans de l'ancien président américain Donald Trump sur le Capitole à Washington.

«Nous n'allons pas paniquer»

«Il n'y a eu aucune critique, ni attaque contre le système électoral. J'ai fait une présentation sobre sur la façon dont les élections fonctionnent au Brésil», a soutenu Jair Bolsonaro mercredi devant la presse. Sur CNN Brésil, il a demandé aux juges de rendre un «jugement juste».

Si le tribunal ne rend pas sa décision dès jeudi, comme cela paraît probable, les délibérations pourront se poursuivre les 27 et 29 juin. Voire au-delà. L'ancien chef de l'Etat a fait peu d'apparitions publiques depuis qu'il est rentré au Brésil fin mars après un séjour de trois mois aux Etats-Unis, mais il a tenu des réunions avec son Parti libéral, majoritaire au Parlement.

Mercredi, Jair Bolsonaro a dit «ne pas savoir» s'il serait de nouveau candidat à une charge publique, relevant que pour cela il lui faudrait «conserver» ses droits politiques. «Nous n'allons pas paniquer face à l'issue qui viendra (...). Nous voulons rester vivants, en apportant notre contribution au pays», a-t-il dit dimanche.

Il avait perdu avec seulement 1,8% d'écart au second tour face à Lula. Les partis de droite et d'extrême droite sont encore plus forts au Parlement qu'ils ne l'étaient sous son mandat, posant un défi de taille au président de gauche, de retour après deux mandats (2003-2010).

Entendu par la police à trois reprises

L'ex-dirigeant n'est pas au bout de ses tourments judiciaires. Il fait face à une quinzaine de procédures devant le tribunal électoral.

Il est aussi ciblé par la Cour suprême dans cinq affaires, notamment pour les attaques du 8 janvier, et encourt des peines de prison.

Depuis son retour des Etats-Unis, il a été entendu par la police à trois reprises: pour les violences à Brasilia, pour une affaire de bijoux offerts par l'Arabie saoudite, dont certains seraient entrés de manière irrégulière au Brésil, et pour falsification présumée de certificats de vaccination anti-Covid.

Le gouvernement Lula se tient à distance des affaires du leader d'extrême droite et n'a pas fait de déclarations récentes sur le sujet.

(ATS)

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