Malgré une cascade d'arrestations
Les Russes continuent à sortir dans la rue contre la guerre

Bien que Vladimir Poutine réprime sévèrement les manifestations, de nombreux Russes continuent à descendre dans la rue pour protester contre la guerre en Ukraine. Plus de 14'800 arrestations ont eu lieu en Russie depuis le début de l'invasion.
Publié: 15.03.2022 à 06:08 heures

En Russie, ceux qui descendent dans la rue pour réclamer la paix sont matraqués et arrêtés. Mais cela n'empêche pas les Russes de continuer à manifester contre la guerre en Ukraine. Beaucoup ne laissent pas Vladimir Poutine leur clouer le bec - à leurs risques et périls.

Selon des militants, plus de 800 personnes ont encore été arrêtées sur la seule journée de dimanche lors de manifestations en Russie contre «l'opération spéciale» de Moscou en Ukraine.

La police a placé 817 manifestants en garde à vue dans 37 villes, a annoncé dimanche la plateforme de défense des droits civiques OVD-Info. Des reporters de l'AFP ont observé des arrestations brutales à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Plusieurs journalistes ont également été placés en garde à vue.

Cette femme s'est fait arrêter par les forces de l'ordre russes, devant des journalistes de l'AFP, pour avoir littéralement écrit «Deux mots» (Два слова) sur un bout de papier.
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Des casques de police arborant un «Z»

À Moscou, quelques dizaines de personnes ont bravé l'interdiction de manifester et se sont rassemblées sur une place proche du Kremlin. Selon un correspondant de l'AFP, la police a emmené au moins une centaine de manifestants ainsi qu'un journaliste. Une jeune femme a crié «Paix au monde» alors qu'elle était emmenée par deux policiers.

Selon un autre correspondant de l'AFP, plusieurs journalistes figuraient parmi les personnes arrêtées à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie.

Une vidéo sur Twitter fait actuellement le tour de la toile. On y voit une femme tenant un papier à la main. Elle demande à la caméra si elle sera effectivement arrêtée pour ce papier, où il est littéralement écrit: «Deux mots». Peu après avoir présenté le papier face caméra, plusieurs policiers arrivent en courant, et tirent la manifestante sur le côté. Elle est emmenée.

Les casques de certains policiers à Moscou étaient marqués d'un «Z» aux couleurs nationales russes, comme l'a rapporté le journaliste de l'AFP à Moscou. Cette lettre est devenue le symbole des partisans de «l'intervention militaire spéciale» de la Russie en Ukraine. Les chars russes et autres véhicules en Ukraine sont également marqués de ce symbole.

«Beaucoup de mes amis ont été arrêtés»

Le ministère russe de l'Intérieur a fait savoir en début de soirée que près de 300 personnes avaient été placées en garde à vue à Moscou pour «diverses violations de l'ordre public». Des mesures juridiques à leur encontre sont désormais à l'étude. À Saint-Pétersbourg, de nombreux véhicules de police étaient visibles dans le centre-ville. Lors de rassemblements de manifestants pacifiques, au moins 156 d'entre eux ont été arrêtés, selon OVD-Info.

Kristina, une manifestante de 20 ans, portait un chapeau jaune et une veste bleue – les couleurs du drapeau ukrainien. Elle a déclaré qu'elle voulait ainsi «exprimer sa protestation», même si c'était «effrayant» de descendre dans la rue: «Beaucoup de mes amis ont été arrêtés ces derniers jours, certains ont même été renvoyés de l'université.»

Selon OVD-Info, plus de 14'800 arrestations ont eu lieu en Russie depuis le 24 février dans le cadre de manifestations contre le conflit avec l'Ukraine. Rien que le dimanche dernier, plus de 5000 manifestants ont été arrêtés dans le pays. En Russie, les participants aux manifestations risquent des amendes et des peines de prison – notamment jusqu'à 15 ans pour quiconque oserait qualifier «l'opération spéciale» en Ukraine de «guerre».

(Adaptation par Daniella Gorbunova)


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