Le pays se rend aux urnes
Le poste de la Première ministre finlandaise Sanna Marin est en danger

La Première ministre Sanna Marin joue une difficile reconduction dimanche lors des élections législatives en Finlande, où la dirigeante de 37 ans pourrait être détrônée par la droite voire les nationalistes anti-immigration.
Publié: 02.04.2023 à 10:55 heures
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Dernière mise à jour: 02.04.2023 à 10:57 heures

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin en Finlande. Dans le pays nordique de 5,5 millions d'habitants, où 40% des électeurs ont déjà voté en avance pour les législatives, dans un scrutin à fort suspense, la Première ministre Sanna Marin joue une difficile reconduction. La dirigeante de 37 ans pourrait être détrônée par la droite voire les nationalistes anti-immigration.

Une bataille à trois très serrée oppose la cheffe des sociaux-démocrates, le numéro un de la Coalition nationale Petteri Orpo, classé au centre-droit, et la dirigeante de l'extrême-droite du parti des Finlandais, Riikka Purra, qui vise une victoire inédite et un score record pour ces législatives.

Le candidat du parti arrivé premier hérite traditionnellement du poste de Premier ministre en Finlande, à condition de pouvoir réunir une majorité au Parlement.

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin en Filande. La Première ministre Sanna Marin est menacée par la droite et les nationalistes anti-immigration.
Photo: Sergei Grits

Dernier pays de la vague natio-populiste en Europe?

Le trio est dans un mouchoir de poche pour ses élections qui coïncident avec l'entrée officielle de la Finlande dans l'OTAN, attendue dans les prochains jours.

«Tout le monde a une possibilité de gagner et, bien sûr, nous voulons gagner pour continuer notre travail pour un futur plus durable», a déclaré samedi Sanna Marin en marge de son dernier meeting, promettant de «s'occuper des Finlandais ordinaires».

Selon le dernier sondage jeudi, la Coalition nationale a 19,8% des intentions de vote, devant le parti des Finlandais (19,5%) puis les sociaux-démocrates (18,7%).

«Nous avons fait une excellente campagne (...) et nous sommes premiers dans les sondages, donc je suis optimiste», a estimé samedi Petteri Orpo, 53 ans, qui a fait campagne sur l'économie et les finances publiques.

Après la percée des nationalistes en Suède voisine et la victoire de l'extrême-droite en Italie l'an dernier, la Finlande va-t-elle devenir le dernier pays de la vague natio-populiste en Europe?

«Fixit» envisagé

Installé depuis plus de 20 ans dans la vie politique finlandaise, le parti des Finlandais n'est jamais arrivé en tête jusqu'ici.

«J'espère que je serai la bonne surprise», a dit samedi à l'AFP Riikka Purra, sa dirigeante depuis deux ans.

Une scission en 2017 avait vu une ligne plus dure prendre les commandes.

Le parti envisage officiellement un «Fixit», une sortie finlandaise de l'Union européenne, même s'il s'agit plus d'un affichage «tactique», souligne Juho Rahkonen, politologue à l'institut E2 Research.

Selon l'analyste, le parti a su capitaliser plus que les autres sur la vague inflationniste actuelle, et arrive aussi en tête des intentions de vote des jeunes en se distinguant du reste de la classe politique, par exemple sur les réseaux sociaux.

«Je pense que le parti nationaliste d'extrême-droite va probablement gagner (...) malheureusement, donc je fais mon devoir pour les arrêter», a confié à l'AFP Markus Hällsten, un électeur de 31 ans, venu voter tôt dimanche matin à Helsinki.

«Le clivage politique s'est creusé»

Sanna Marin, plus jeune cheffe du gouvernement au monde lors de son arrivée au pouvoir fin 2019, a été saluée pour sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19, du processus d'adhésion à l'Otan, et ses prises de position contre la Russie voisine, qui ont fait d'elle une figure à l'étranger.

«Mais tout le monde n'est pas satisfait de Marin. Bien qu'exceptionnellement populaire, elle suscite aussi de l'opposition et le clivage politique s'est creusé», note Juho Rahkonen.

L'économie est l'angle d'attaque principal de l'opposition, qui dénonce la hausse de 10 points de PIB de la dette publique en quatre ans, à 73%.

«J'aime bien Marin comme dirigeante, mais je ne crois pas qu'elle et son gouvernement puissent mettre en œuvre ses idées sur la politique économique», dit à l'AFP Kasper Kylmälä, un électeur de 29 ans, pour qui un changement de gouvernement «serait une bonne chose».

Résultats attendus en soirée

La coalition gouvernementale de cinq partis de la Première ministre bat de l'aile depuis plusieurs mois. Son allié du Centre a déjà prévenu qu'il refuserait de reconduire cette coalition.

La publication des premiers résultats partiels, basés sur le vote par avance, est attendue à 20h (19h en Suisse) après la fermeture des bureaux de vote.

La formation d'un gouvernement prend traditionnellement plusieurs semaines voire des mois, Sanna Marin devrait donc a minima assurer encore l'intérim la semaine prochaine lorsque la Finlande va officiellement adhérer à l'OTAN, après le dernier feu vert nécessaire de la Turquie obtenu jeudi.

Tous les grands partis sont désormais pour l'entrée dans l'Alliance atlantique.

(ATS)

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