Le général Armageddon critiqué en Russie
«Pourquoi versons-nous notre sang?»

Vladimir Poutine a nommé Sergueï Sourovikine au poste de général en chef. Depuis, plusieurs coups bas ont été portés à l'armée russe. La pression augmente sur le général, critiqué de toutes parts.
Publié: 22.11.2022 à 10:42 heures
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Dernière mise à jour: 22.11.2022 à 11:39 heures
Celina Euchner

Depuis la mi-octobre, Sergueï Sourovikine, alias le général Armageddon, dirige les troupes russes en Ukraine. L’homme fort de Poutine avait promis un rythme d’attaque élevé et un «écrasement de l’ennemi».

Seulement voilà: si la Russie largue des bombes en masse, elle a dû se retirer de certains endroits clés, comme la grande ville stratégique de Kherson. De quoi faire pleuvoir les critiques sur Sergueï Sourovikine en personne.

Sergueï Sourovikine dans de sales draps

«La limite est atteinte», indique ainsi l’idéologue proche du Kremlin Alexandre Douguine au portail d’information en ligne Tsargrad. A comprendre: Kherson serait le dernier morceau de territoire ukrainien que la Russie peut abandonner.

Sergueï Sourovikine doit diriger les troupes russes à travers la guerre en Ukraine.
Photo: keystone-sda.ch
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Alexandre Douguine, dont la fille, Daria, a été assassinée en août (ce que la Russie considère comme un attentat de la part de l’Ukraine), augmente pour ainsi dire la pression sur le général Armageddon. Certains demandent également à Sergueï Sourovikine d’intensifier encore la campagne de bombardement contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

«J’en appelle au héros de l’armée russe, le général Sourovikine: camarade général d’armée, je vous demande d’achever la destruction complète des infrastructures énergétiques de la junte nazie ukrainienne», déclarait ainsi le propagandiste russe Vladimir Soloviev à la télévision, selon Reuters.

«Clownerie» des politiciens pro-russes

D’autres personnalités de la télévision publique commencent aussi à remettre en question les stratégies du général. Maxim Yusin, commentateur politique du journal «Kommersant», soufflait dans un talk-show que les Russes n’entendent pas la vérité sur la guerre. L’homme a également pointé du doigt le fait que les politiciens du Kremlin présentent l’armée sous Sourovikine comme plus forte qu’elle ne l’est en réalité.

«Avec les derniers développements, des gens disent que 'nous allons atteindre la frontière polonaise. Nous allons atteindre Berlin, la Manche, Lisbonne…' Dans le monde entier et même dans notre pays, ceux qui le pensent ont l’air de clowns. Une clownerie tout simplement indécente», a ajouté Maxim Yusin.

«Pourquoi versons-nous notre sang?»

Le blogueur militaire russe Vladlen Tatarsky, suivi par plus d’un demi-million de personnes sur le service de messagerie Telegram, s’est aussi ému du retrait de Kherson. Et il s’indigne en outre du fait que le président ukrainien Volodymyr Zelensky ait pu traverser la ville ukrainienne peu après le retrait.

«Pourquoi avons-nous versé notre sang? Pourquoi Zelensky peut-il venir tranquillement à Kherson?», interpelle-t-il. Pour lui, seule une guerre «à grande échelle» fonctionnera.

La rédactrice en chef de la chaîne russe RT, Margarita Simonian, s’adresse quant à elle au général Sourovikine avec plus de douceur: «Nous attendons vos brillants résultats et nous prions pour vous, je prie pour vous tous les jours». Elle souhaite que le général ignore les «absurdités» des critiques.

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