La tension monte d'un cran dans la région de l'Essequibo
Le Guyana prépare sa guerre contre le Venezuela avec 6 véhicules blindés

Nicolás Maduro menace d'annexer une grande partie du pays voisin, le Guyana. Le pays dit se tenir prêt, malgré une armée fragile. Une seule question occupe désormais l'actualité locale: le président vénézuélien va-t-il passer à l'action?
Publié: 07.12.2023 à 12:13 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2023 à 12:49 heures
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Guido Felder

Le président vénézuélien Nicolás Maduro montre les muscles. Et derrière lui, 28 millions de personnes qui, par référendum, revendiqueraient la souveraineté de leur pays sur une grande partie de l'État voisin, le Guyana.

Nicolás Maduro veut créer l'État vénézuélien de l'Essequibo dans cette région quatre fois plus grande que la Suisse, et récupérer les licences d'exploitation des riches gisements de pétrole, conformément au droit vénézuélien. Symbole de cette ambition: de nouvelles cartes – sur lesquelles la partie convoitée du Guyana est représentée comme le 24e État vénézuélien – ont été présentées aux écoles.

123'000 soldats vénézuéliens, contre 3400 volontaires guyaniens

Dans ce contexte, la tension monte au Guyana, avec une question qui déterminera le cours des évènements: le président vénézuélien mettra-t-il ou non ses menaces à exécution? Les forces armées guyanaises, en tout cas, se tiennent prêtes. Problème: l'arsenal ne suit pas. Le Venezuela dispose en effet de 123'000 soldats en activité et de 515 véhicules blindés. Sans compter certains soutiens militaires et diplomatiques de poids, comme la Russie et la Chine. Le pays dispose par ailleurs de 44 avions de combat, dont 24 Su-30 construits en Russie.

Nicolás Maduro menace d'annexer une grande partie du pays voisin, le Guyana.
Photo: keystone-sda.ch
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En face, la mini-armée guyanaise, elle, ne compte que de 3400 soldats volontaires et de... 6 véhicules blindés. À cela s'ajouter des paramètres géographiques qui compliqueraient la tâche au Guyana, selon l'expert militaire Igor Gielow: «Une grande partie des 800 kilomètres de frontière est constituée d'une jungle dense et de terrains marécageux, impénétrables pour de petites unités et des véhicules blindés.»

Igor Gielow exclut également une attaque vénézuélienne par le Brésil, qui soutient le Guyana et qui aurait déjà rassemblé des troupes aux frontières. L'assaut pourrait donc être lancé depuis les airs sur les principaux centres-villes de l'Essequibo, associé à un débarquement amphibie par la mer des Caraïbes.


Nicolás Maduro fait-il simplement du chantage?

Pour certains observateurs, la stratégie de Nicolás Maduro serait simplement de détourner l'attention de certains problèmes que traverse le pays. En prévision des élections de 2024, une guerre lui permettrait ainsi de remporter le scrutin ou carrément de l'annuler, le cas échéant.

Les ambitions expansionnistes du Vénézuela seraient aussi une tentative de Nicolás Maduro de se mettre dans la poche une coalition de compagnies pétrolières internationales, dirigée par la société Exxon, et d'accepter des paiements, des services et d'autres avantages pour le Venezuela. Un expert de l'U.S. Army War College spécialisé sur l'Amérique latine, déclare à ce propos: «Il ne s'agit probablement que de gesticulations politiques et de tentatives de chantage.»

«Nous devons nous préparer à toutes les éventualités»

«Le monde ne devrait pas sous-estimer les possibilités d'agression d'un pays voisin, aussi infondée soit cette agression. On a vu ce que ça donne avec l'Ukraine» prévient toutefois l'expert, qui préconise une dissuasion en amont, plutôt qu'un paquet de sanctions inutiles a postiori. Face au Venezuela, allié à la Russie et à la Chine, les États-Unis, eux, soutiennent le Guyana, via notamment la formation de son armée. Charles III a lui aussi récemment réaffirmé l'engagement du Royaume-Uni à soutenir l'ancienne colonie. De quoi placer l'actuel vice-président Guyanien Bharrat Jagdeo en nouveau chef de guerre, malgré lui: «Nous devons nous préparer à toutes les éventualités.»

Ajoutant à cette tension, un hélicoptère de l'armée guyanienne avec sept personnes à bord qui opérait dans la zone de la frontière a disparu, a annoncé mercredi soirée le Chef d'État-Major guyanien, Omar Khan qui, a toutefois ajouté que «nous n'avons aucune information suggérant» une intervention vénézuélienne. Il a précisé que la météorologie était «mauvaise» mais confié que «nous envisageons toutes les possibilités». Les recherches reprendront jeudi. Le général a aussi confié: cela «ajoute de l'angoisse dans la période que nous traversons».

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