Les choses ne vont pas bien pour l'Ukraine à la sortie de ce troisième hiver de guerre. Après la conquête de la petite ville stratégique d'Avdiïvka il y a à peine deux semaines, les troupes de Vladimir Poutine continuent d'avancer à une vitesse surprenante.
Rien qu'en février, les envahisseurs russes se sont emparés d'un territoire de 138 kilomètres carrés. C'est plus ou moins la taille du Liechtenstein. La dernière fois que les Russes ont pu conquérir autant de masse terrestre, c'était au début de l'année 2023 et cela leur avait pris un mois.
L'Ukraine est en difficulté
Les raisons de ce succès sont multiples. Les États-Unis bloquent toujours les livraisons d'aide supplémentaires à l'Ukraine. Celle-ci doit donc être extrêmement économe en munitions. Le dégel printanier imminent, qui transformera une fois de plus les sols de l'Est ukrainien en paysages boueux impraticables, devrait également stimuler davantage les combattants de Poutine assoiffés de victoire.
Les annonces de succès russes pleuvent, et même si elles ont coûté cher en hommes, elles tombent parfaitement bien pour Poutine – juste avant les élections présidentielles russes du 17 mars.
Mais un autre facteur rend l'offensive russe particulièrement dangereuse: les hommes de Poutine utilisent désormais des anciennes bombes soviétiques, équipées dans les ateliers russes de systèmes de navigation modernes et de pinces de glissement.
La nouvelle stratégie de guerre aérienne de Poutine
Ces engins de la mort, chargés de jusqu'à 1000 kilos d'explosifs, peuvent parcourir jusqu'à 30 kilomètres et sont extrêmement difficiles à arrêter pour la défense aérienne ukrainienne en raison de leur faible temps de vol. Egor Sugar, soldat de la troisième brigade d'assaut, une unité d'élite ukrainienne, décrit l'effet des bombes planantes russes sur X de la manière suivante: «Elles détruisent n'importe quelle cible. Là où il y avait des maisons, il n'y a plus que des fosses après l'impact.»
Les bombes planantes sont tirées par des avions de combat russes. Poutine a utilisé ses escadrilles d'aviation avec parcimonie, à l'exception de la première phase intensive au tout début de la guerre. Mais ces dernières semaines, les experts de l'Institut américain des sciences de la guerre constatent une prise de risque accrue de la part de la Russie en ce qui concerne les avions de combat. «La Russie semble prête à perdre davantage d'avions pour pouvoir mener des attaques à la bombe planante», écrit l'institut dans une évaluation du 3 mars.
En effet, les Ukrainiens ont réussi à abattre sept avions russes rien que la semaine dernière. Mais la campagne de bombes planantes est efficace. «Les Russes se rebellent vraiment», confie un soldat ukrainien du front qui a gardé l'anonymat à Blick. Dernièrement, les Russes ont également visé des cibles dans les villes du Donbass de Kostiantynivka et Tchassiv Iar, jusqu'ici relativement épargnées. Si les Russes parvenaient à s'emparer de ces villes, ce serait un nouveau grand succès pour Poutine après la récente chute d'Avdiïvka.
Poutine n'avait pas été aussi confiant depuis longtemps
Dara Massicot, experte de la Russie auprès de la fondation américaine Carnegie pour la paix internationale, interprète les récentes attaques à la bombe glissante comme un signe de la confiance russe. «Le Kremlin n'oserait rien faire qui puisse mal tourner à quelques semaines des élections», écrit l'experte dans une récente évaluation.
L'Ukraine elle-même mise depuis un certain temps sur des bombes planantes fabriquées par des armuriers français. Et elle peut s'attendre à disposer enfin, à partir de juin, d'un remède efficace contre les avions à bombes planantes russes grâce aux avions de combat F-16 livrés par le Danemark. D'ici là, la mauvaise séquence devrait se poursuivre pour les Ukrainiens.