La grogne augmente
Poutine est mal pris: le soutien des Russes à la guerre s'étiole

Un sondage réalisé de manière indépendante montre que près de 58% des Russes sont favorables à la guerre en Ukraine. Il s'agit toutefois d'une mauvaise nouvelle pour le dirigeant russe, Vladimir Poutine...
Publié: 11.03.2022 à 15:10 heures
Fabrice Obrist

Vladimir Poutine souhaite contrôler tous les médias de Russie. C’est en effet le seul moyen pour lui de s’assurer que son peuple n’est pas au courant de ce qui se passe réellement en Ukraine. Et cette stratégie semble très bien fonctionner. Selon des sondages soutenus par le gouvernement, le soutien public à la guerre est extrêmement élevé, rapporte le «Washington Post».

Il faut toutefois admettre que ces sondages ne sont pas particulièrement fiables et ne sont donc pas réellement significatifs. Un groupe d’instituts de sondage indépendants a donc mené sa propre enquête. Pour ce faire, 1640 Russes ont été interrogés. Il en ressort qu'environ 58% des Russes soutiennent la guerre menée par Poutine. Seuls 23% y sont clairement opposés et le reste n’a pas d’opinion claire.

Les jeunes sont contre

La guerre est surtout rejetée par les jeunes: 58% d’entre eux n’en veulent pas. Un score qui reste malgré tout assez bas. Force est de constater que la plupart des Russes sont d’accord avec l’intervention de Vladimir Poutine en Ukraine.

Un sondage indépendant a révélé que 58% des Russes sont favorables à la guerre. Cela ne devrait toutefois pas enthousiasmer Poutine. En effet, 91% des Russes étaient favorables à l'annexion de la Crimée en 2014.
Photo: Getty Images
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Ce résultat ne devrait toutefois pas satisfaire le chef du Kremlin. Lors de l’annexion de la Crimée en 2014, environ 91% des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage indépendant s'étaient en effet prononcées en faveur de l’action militaire russe.

De plus, Poutine contrôle presque tous les médias en Russie. Rien que le fait d’écrire le mot «guerre» en rapport avec l’Ukraine est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à quinze ans. Le président russe a en outre ordonné un enseignement spécial dans les écoles du pays. Celui-ci fait la part belle à la propagande d’État, diffusée sous le titre: «Les opérations caritatives de la Russie en Ukraine».

Même les partisans du Kremlin sont critiques

Le fait que les sondages soient désormais relativement mauvais malgré cette censure sévère est sans doute dû, entre autres, aux sanctions internationales. De nombreuses entreprises occidentales ont cessé leurs activités en Russie. La population le ressent aujourd’hui. À cela s’ajoute le fait que même les soutiens du Kremlin ne parlent désormais plus de la guerre en Ukraine avec autant d’euphorie et de confiance, rapporte le journal allemand «Bild».

Ainsi, Vladimir Soloviev, qui ne tarit habituellement pas d’éloges sur Poutine dans son émission télévisée, a invité Yacov Kedmi, un expert militaire qui soutient le Kremlin. Mais celui-ci semblait raviser son enthousiasme face aux opérations militaires en cours. «Jusqu’à présent, aucune ville importante n’a été prise, s’est-il agacé dans l’émission de propagande. S’il n’y avait pas de tactique élaborée au départ et pas d’intention de prendre des villes, alors il était inutile de lancer l’opération.»

La pression sur Poutine augmente

Pour terminer, il en a même rajouté une couche en prononçant le mot interdit: «Ne pas gagner la guerre, ne pas atteindre les objectifs annoncés, nous ne le pouvons pas. Sinon, cela conduira à la mort de la Russie.» L’admirateur de Poutine Vladimir Soloviev ne l’a pas contredit. Il a seulement ajouté: «L’ambiance est de toute façon déjà lourde. Ton pessimisme me rend définitivement triste.»

Le plus gros problème de Poutine devrait donc provenir de ses propres rangs. Dans toute la Russie, des gens sont déjà descendus dans la rue pour protester contre la guerre, et des milliers de personnes ont été arrêtées. L’ambiance est également morose parmi les soldats russes, qui s’attendaient à une victoire rapide. À cela s’ajoute le fait que l’Occident édicte des sanctions de plus en plus sévères contre la Russie. La pression sur Poutine augmente donc, dans le pays comme à l’étranger.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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