Ramzan Kadyrov est assis de bonne humeur dans le studio de télévision. Le leader tchétchène, d'ordinaire si redoutable, sourit. Le dirigeant a loué la défense antiaérienne russe, lors d'un entretien avec des officiels du gouvernement.
Grandiloquent, le bon ami du président russe Vladimir Poutine se vante: «J'ai demandé aux Russes qui contrôlent notre défense aérienne ce qu'ils feraient si un avion attaquait notre territoire. Ils m'ont répondu que si 5000 avions attaquaient le pays en même temps, ils les abattraient tous avec un seul bouton. Ce sont leurs capacités. C'est dire l'efficacité de notre système de défense aérienne.»
Les internautes se moquent de Kadyrov
L'apparition télévisée de Ramzan Kadyrov est vite devenue embarrassante a posteriori. Peu de temps après, deux drones ukrainiens mandatés par le service de renseignement militaire ont volé non loin d'une usine de drones et ont attaqué une raffinerie de pétrole dans la république russe du Tatarstan. Les cibles des drones étaient situées à environ 1200 kilomètres de la frontière russo-ukrainienne. Les appareils avaient apparemment une envergure de cinq mètres. La défense aérienne russe aurait donc dû avoir largement le temps de repérer les objets volants et de les neutraliser.
Selon les médias russes, plusieurs personnes ont été blessées lors de l'attaque. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une violente explosion, des personnes prendre la fuite, et des résidences endommagées.
«Les drones ont été ratés par la défense aérienne russe», a raillé sur la plateforme X le politique ukrainien Anton Gerachtchenko, qui fait office de conseiller pour le ministère de l'Intérieur. Des centaines de milliers d'utilisateurs ont vu le post de l'Ukrainien, et les commentaires ont fusé pour se moquer de Ramzan Kadyrov.
Franc-parler de Ramzan Kadyrov
«L'humilité est vite revenue», écrit par exemple un utilisateur. «Ce qu'il voulait dire en fait: 'Si au moins 5000 avions pénétraient simultanément sur notre territoire, nous pourrions les détecter. Sinon, notre détection antiaérienne n'est pas assez sensible», raille un autre utilisateur.
Ramzan Kadyrov est connu pour son franc-parler. Lorsqu'on l'a interrogé sur les pertes dans ses propres rangs peu après le début de l'invasion russe, il a rétorqué sèchement: «Oui, en guerre, on tue, et c'était leur choix de carrière.» En Tchétchénie, le dictateur règne d'une main de fer et n'hésite pas à recourir à la torture, ce qui lui vaut le surnom de «limier de Poutine».
