Jugé pour violences lors du 1er mai 2018
Le procès d'Alexandre Benalla s'est ouvert à Paris

Trois ans après le retentissant scandale qui a secoué l'Elysée, le procès d'Alexandre Benalla s'est ouvert en sa présence lundi à Paris. L'ancien chargé de mission est jugé pour les violences du 1er mai 2018 et pour l'utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques.
Publié: 13.09.2021 à 18:59 heures

Costume sombre et cravate à pois, masque chirurgical et lunettes rondes, l'ex-proche collaborateur d'Emmanuel Macron, aujourd'hui âgé de 30 ans et reconverti dans le privé, est arrivé au tribunal peu avant 13h00, passant devant un mur de caméras sans faire de déclaration.

Dans la salle d'audience, il s'est assis sur l'une des chaises réservées aux prévenus, au côté de trois autres hommes: son ami et ex-employé d'En Marche Vincent Crase et deux policiers.

A l'origine d'une tempête politique qui a secoué le pouvoir pendant plusieurs mois, Alexandre Benalla doit comparaître jusqu'au 1er octobre. «Le tribunal impose (sa) présence» et celle de ces coprévenus tous les jours, a déclaré la présidente Isabelle Prévost-Desprez.

Photo: AFP

Usurpation de fonction de policier

En juillet 2018, Alexandre Benalla avait été identifié par le journal Le Monde sur une vidéo où il apparaissait avec un casque des forces de l'ordre, brutalisant une femme et un homme place de la Contrescarpe à Paris, à l'issue d'une journée de manifestation émaillée de heurts.

Alors au coeur du dispositif de sécurité du président Macron, il devait ce jour-là n'avoir qu'un rôle d'observateur. Sanctionné d'une suspension de 15 jours, il avait gardé un bureau à l'Elysée, avait révélé le quotidien.

Dès le lendemain, l'opposition dénonçait une «affaire d'Etat» et une enquête judiciaire était ouverte. L'affaire a empoisonné l'exécutif pendant des mois, au fil de révélations dans la presse et des auditions de commissions d'enquête parlementaires.

Visé par six enquêtes judiciaires, dont une classée sans suite, Alexandre Benalla a été renvoyé devant la justice notamment pour des violences en réunion et pour avoir usurpé la fonction de policier.

Avec son coprévenu Vincent Crase, ancien gendarme de 48 ans, il devra s'expliquer sur ses agissements contre un couple place de la Contrescarpe, mais aussi au Jardin des plantes, où ils sont soupçonnés d'avoir violenté trois manifestants deux heures plus tôt.

Des «gestes nécessaires» et non un «tabassage», a toujours affirmé Alexandre Benalla, qui soutient avoir eu un «réflexe citoyen» en «interpellant» des «agresseurs de policiers».

«Folle journée»

«Des erreurs ont été commises évidemment, par moi, c'est certain, mais il semble malgré tout que j'aie le dos bien large. Et je suis loin d'être le seul responsable de ce naufrage. Je suis le fusible utile du pouvoir», écrivait-il dans un livre paru fin 2019.

Alexandre Benalla devra par ailleurs répondre de l'utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l'Elysée, lors de voyages en Afrique et en Israël, dans le cadre de sa reconversion dans la sécurité privée et les affaires. Il est aussi soupçonné d'avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux, ce qu'il conteste.

Il comparaîtra en outre pour port d'arme non autorisé, en avril 2017 à Poitiers, pendant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. Probablement un «pistolet à eau», selon l'intéressé.

Il encourt jusqu'à sept ans de prison et 100'000 euros d'amende.

Deux fonctionnaires aussi visés

Deux fonctionnaires de la préfecture de police de Paris seront quant à eux jugés pour avoir transmis, juste après l'explosion de l'affaire, des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla.

Le jeune couple de la Contrescarpe, qui avait expliqué avoir été pris par hasard dans les heurts, a été condamné en février 2019 à une amende de 500 euros pour avoir lancé des projectiles sur les forces de l'ordre. Un «acte irréfléchi» après une charge de CRS, ont-ils alors regretté. Parties civiles, ils étaient présents lundi à l'ouverture du procès, comme les trois manifestants du Jardin des plantes.

(ATS)

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