«J'éprouve des remords»
Le récit glaçant d'un ex-officier russe sur la torture en Ukraine

Le soldat russe Konstantin Efremov ne se bat plus sur le front. Il s'est enfui et révèle maintenant ce que les Russes font réellement subir aux Ukrainiens. Il avoue que la torture est pratiquée et raconte des détails qui font froid dans le dos.
Publié: 04.02.2023 à 12:18 heures
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Dernière mise à jour: 04.02.2023 à 12:28 heures

«J'éprouve des remords, déclare l'ancien officier russe Konstantin Efremov. Mais je ne pouvais pas aider, sinon ils m'auraient gardé prisonnier.»

Konstantin Efremov a envahi le sud du pays au début de la guerre d'Ukraine et s'est battu sur le front. Mais il a ensuite pris la fuite. Il en avait assez de la guerre, de la mort, de la tuerie. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Gulagu.net, il est le premier officier à porter de graves accusations contre ses camarades et ses commandants – il les accuse notamment de torture non seulement sur des soldats, mais aussi sur des civils, et ce, dans la région de Zaporijia, comme l'écrit le magazine allemand «Spiegel».

L'ex-officier décrit qu'il a été envoyé dans le village ukrainien de Bilmak pour protéger le quartier général provisoire de la 42e division. Il raconte notamment que trois soldats ukrainiens ont fui Marioupol (sud-ouest) et ont été capturés par l'armée russe, puis interrogés et battus pendant une dizaine de jours.

L'officier russe Konstantin Efremov s'est enfui du front.
Photo: PRIVAT
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Dents cassées et nez fracturé

L'un des soldats, âgé d'une vingtaine d'années, avait avoué être un tireur d'élite. Le colonel Schopaga, alors commandant adjoint de la région militaire russe sud, lui aurait cassé les dents et le nez à coups de pied. En outre, il l'aurait systématiquement humilié, menaçant même de le violer, selon Konstantin Efremov. Il aurait déclaré: «Je vais faire de toi une fille».

Des exécutions fictives auraient par ailleurs eu lieu. Ivre, le colonel Schopaga aurait brandi un pistolet, et aurait ensuite appuyé sur la détente et tiré sur le mur en passant à côté de la tête du prisonnier.

Konstantin Efremov parle également d'un civil d'une soixantaine d'années que les soldats russes ont accusé d'avoir transmis des coordonnées aux Ukrainiens. L'homme aurait été retenu pendant des jours avec d'autres dans un garage. Un jour, un soldat lui aurait enfoncé son fusil d'assaut dans la poitrine.

Couches, machines à laver et carpes Koï

Parfois, les soldats russes auraient frappé les prisonniers au hasard dans le garage. Le colonel Schopaga aurait personnellement battu un Ukrainien d'environ 45 ans qui voulait se présenter comme informateur.

Outre la torture, les Russes auraient aussi pillé tout ce sur quoi ils pouvaient mettre la main. Pas seulement des bijoux et de l'argent, mais aussi, entre autres, des couches ou des machines à laver. Konstantin Efremov raconte qu'ils ont battu des habitants pour prendre leurs voitures.

Des soldats auraient une fois volé deux Toyota Land Cruiser 200 et un pick-up Toyota, auraient inscrit un «Z» dessus et auraient fait la course avec. D'autres auraient récupéré des carpes Koï dans un étang situé dans un jardin et auraient ensuite fait frire les poissons.

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