«Je vis ma vie, je me fous de tout le reste»
Des jeunes riches se moquent des activistes du climat depuis leurs jets privés

Ils voyagent en jet privé et conduisent de coûteuses voitures de sport. Les personnes riches génèrent souvent beaucoup de CO₂ avec leur mode de vie. Ils le savent, mais la plupart d'entre eux s'en moquent.
Publié: 12.07.2023 à 19:05 heures
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Dernière mise à jour: 12.07.2023 à 19:58 heures
Sven Ziegler

La scène fait désormais partie de notre quotidien. Une poignée d'activistes climatiques se collent à la route, paralysent le trafic et sont emmenés par les autorités. Avec leurs actions de blocage, les militants espèrent obtenir un changement de mentalité au niveau politique et social. Un programme ambitieux.

Car parallèlement, les super-riches sont assis dans des jets privés et se moquent de ces mêmes activistes. Et du climat. Et d'à peu près tout, d'ailleurs... Un cliché? Pas tant que ça, à en croire un nouveau film du collectif d'investigation allemand STRG_F. Un reporter y suit de jeunes riches dans leur vie quotidienne. Il en ressort clairement qu'ils n'ont que peu ou pas du tout conscience du climat.

Theo Stratmann, 18 ans, qui affirme avoir gagné beaucoup d'argent grâce au commerce en ligne et qui aime présenter sa vie de luxe sur les réseaux sociaux, déclare ouvertement: «Je me fiche pas mal du climat dans certaines situations, mon propre confort est plus important pour moi.»

Il est riche et ne se soucie pas du climat. Theo Stratmann préfère profiter de la vie et ce, sans restrictions.
Photo: Screenshot STRG_F
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«Pas si éclairé»

Se rendre brièvement dans le nord de l'Allemagne en jet privé ne lui pose aucun problème. En théorie, pour un tel trajet, on pourrait aussi très facilement prendre le train. Très peu pour le jeune homme de 18 ans qui ne veut pas se restreindre. «Je pense que le changement climatique ne peut de toute façon plus être arrêté. C'est pourquoi je préfère taper du poing sur la table plutôt que de coller ma main à une route.»

D'autres jeunes riches se montrent également peu enthousiastes à l'idée de faire des économies. Can Mandir, 23 ans, qui dit avoir, lui aussi, amassé beaucoup d'argent grâce au commerce en ligne, s'envole en jet privé de Hanovre, au nord du pays, pour rejoindre Nice, au sud de la France. De là, il se rend à Monaco pour un rendez-vous d'affaires dans sa voiture de sport.

«Je ne suis pas très éclairé à ce sujet», confesse Can Mandir lorsque les journalistes de STRG_F l'interrogent sur les émissions de CO₂ qu'il génère en volant en jet privé. «Ce que nous consommons ici, en kérosène? Je ne m'y connais pas». Son excuse: le manque d'infos. «Si on expliquait davantage cela aux gens, ils en prendraient davantage conscience.»

Ses bijoux coûteux ne lui permettent pas non plus de prendre le train, par exemple, explique le jeune homme. Il prend pour exemple sa montre-bracelet, une Rolex Oyster Perpetual en or qui vaut plusieurs dizaines de milliers de francs. «Je ne peux tout de même pas prendre le métro avec cette montre-bracelet, par exemple. Ça ne marchera pas (sic).»

Les super-riches génèrent des masses gigantesques de CO₂

Pourtant, le comportement des super-riches pèse dans la balance. Les chiffres de l'Institut de l'environnement de Stockholm le montrent: les 10% les plus riches du monde émettent neuf fois plus de CO₂ par personne que ce qui serait en fait approprié pour atteindre l'objectif climatique de 1,5 degré.

Selon un article de «Die Zeit» (lien en allemand), en Allemagne, un citoyen moyen émet onze tonnes de CO₂. Les super-riches, soit ceux qui ont plus de 100 millions de dollars sur leur compte en banque, atteignent pour leur part jusqu'à 2000 tonnes de CO₂, parfois même plus. À savoir que les chiffres suisses se situent dans une fourchette similaire.

Au final, on constate que les 10% les plus riches de la population génèrent globalement plus de CO₂ que la classe moyenne, à laquelle appartiennent environ 50% de toutes les personnes en Allemagne. Entre-temps, certains super-riches ont réagi, en vendant par exemple leurs jets privés.

Le jeune entrepreneur Theo Stratmann ne peut qu'en rire. Lorsque le journaliste l'accompagne un soir pour faire la fête — dans un salon privé exclusif, bien sûr — il s'empare d'une bouteille de champagne et renverse son contenu dans le seau à glace en disant: «Voilà. Ça, je le qualifierais comme du gaspillage. Je vis ma vie, je suis heureux. Tout le reste, je m'en fous.»

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