L’affaire paraît loufoque, mais elle est très sérieuse: le prestigieux monde des échecs est secoué par une polémique depuis quelques jours. Pour la comprendre, reprenons depuis le début. À St. Louis, aux Etats-Unis, a lieu du 1er au 13 septembre la Sinquefield Cup d’échecs. Un tournoi dont la dotation s’élève à plusieurs centaines de milliers de dollars.
C’est là, dans l’Etat du Missouri, que s’est produit l’invraisemblable: Magnus Carlsen, qui règne en maître sur la discipline depuis plusieurs années, a été battu par Hans Niemann, un Américain de 19 ans sensiblement moins bien classé que le champion du monde norvégien. Tandis que certains ont salué cette victoire surprise, d’autres ont rapidement émis des doutes.
Magnus Carlsen himself a été loin de balayer les suspicions. Bien au contraire: le Norvégien de 31 ans s’est retiré prématurément du tournoi, en prenant le soin d’écrire un message aussi mystérieux que polémique sur Twitter. «J’ai toujours apprécié jouer au club d’échecs de St. Louis. J’espère y revenir à l’avenir.»
Le champion du monde d’échecs a joint à son message une vidéo de l’entraîneur de football José Mourinho, devenue un mème: «Si je dis ce que je pense, je vais avoir des problèmes. Or, je n’ai pas envie d’avoir des problèmes.»
«Magnus n’abandonnerait jamais»
Pour les fans d’échecs, c’est une évidence: Magnus Carlsen sous-entend qu’Hans Niemann a triché. Il saurait même comment il s’y est pris, mais préfère ne rien dire sur le sujet. Une théorie loin d’être complotiste, puisqu’elle est partagée par les spécialistes du milieu. Le grand maître d’échecs et streamer réputé Hikaru Nakamura estime lui aussi que quelque chose cloche.
Le Japonais connaît bien Magnus Carlsen, qu’il a souvent affronté. Quitter le tournoi prématurément, même après une défaite humiliante, ne lui ressemble pas du tout. «Même en un million d’années, Magnus ne ferait jamais ça», assure le GM Nakamura à 'The Guardian'. C’est un compétiteur ultime, c’est le champion du monde. Jamais il ne ferait ça. Jamais.»
Dans le milieu, la question n’est plus de savoir si Hans Niemann a pu tricher, mais plutôt comment. Comment le jeune homme de 19 ans a-t-il pu recourir à une aide externe afin de battre le champion du monde, s’il était assis à table en face de Magnus Carlsen?
Même Elon Musk s’en mêle!
Eric Hansen et Aman Hambleton sont deux grands maîtres canadiens d’échecs. Et ils ont une théorie commune sur le modus operandi d’Hans Niemann: l’Américain aurait eu recours à… un sex-toy anal pour frauder. Le jeune joueur aurait ainsi été aidé dans les moments décisifs pour prendre les bonnes décisions contre Magnus Carlsen. Pour rappel, l’intelligence artificielle a depuis longtemps dépassé l’homme aux échecs, et des ordinateurs sont en mesure de calculer la meilleure décision en permanence.
Quel rapport avec des perles anales? Il s’agit d’une série de boules reliées entre elles qui peuvent être introduites par voie anale et contrôlées via une télécommande. Ainsi, selon l’hypothèse des deux Canadiens relayée par «Bild», une personne tierce aurait pu, grâce aux vibrations, indiquer la meilleure option à Hans Niemann.
Une preuve que cette histoire ne laisse personne indifférent? Même le patron de Tesla, Elon Musk, est intervenu dans le débat. Jamais avare en formules chocs, l’homme aux multiples passeports (sud-africain, canadien et américain) a revu et corrigé une citation du philosophe allemand Arthur Schopenhauer (1788-1860): «Le talent, c’est le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher; le génie, c’est celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir (parce qu’il est dans le cul).». Depuis, le tweet a été effacé par son auteur.
Un passé de tricheur
Ce qui rend Hans Niemann particulièrement suspect, c’est qu’il a déjà triché par le passé. Lorsqu’il était encore adolescent, il a eu recours à l’aide d’un ordinateur lors de parties en ligne. Il avait admis les faits, tout en expliquant qu’on ne l’y reprendrait plus. «Je suis désormais clean», avait-il promis.
L’Américain est donc d’autant plus fâché que sa victoire contre le grand Magnus Carlsen soit entachée de soupçons. «Si je dois me déshabiller complètement avant ma prochaine partie, je le ferai», a-t-il assuré à «The Guardian». Hans Niemann est même prêt à jouer dans un box fermé pour prouver ses capacités. «Je suis ici pour gagner. Peu importe comment.»
