Evgueni Prigojine le conseillait déjà
Un commandant russe veut geler la guerre le long des lignes de front

En direct du front, un haut commandant russe demande aux dirigeants du Kremlin de geler la guerre au front existants. Pour cause, la Russie ne semble pas en mesure de s'emparer de nouveaux territoires. Le statu quo est préférable à la guerre et à la paix.
Publié: 18.08.2023 à 22:29 heures
Daniel Kestenholz

Alexandre Khodakovsky, commandant de l'oblast ukrainien de Donetsk annexé par la Russie, demande un gel des combats le long des lignes de front actuelles. Ce vétéran de la guerre d'Ukraine, qui avait déjà envahi le Donbass avec les troupes russes en 2014, est considéré comme un allié solide du président de guerre Vladimir Poutine. Il critique désormais le maître du Kremlin.

Alexandre Khodakovsky, ancien ministre de la Sécurité d'Etat de la République populaire de Donetsk, affirme que «la Russie ne sera pas en mesure de renverser militairement l'Ukraine dans un avenir proche». Il est «peu probable», selon lui, cité par l'Institute for the Study of War (ISW), «que les forces russes puissent s'emparer facilement d'autres villes ukrainiennes».

Evgueni Prigojine aussi

Le chef de la résistance remet ainsi en question la stratégie de guerre de Moscou, comme l'avait fait en avril le leader du groupe Wagner, Evgueni Prigojine. Ce dernier a exigé que la Russie se contente d'un «armistice», car ni la paix ni la guerre ne mèneraient au but en Ukraine.

Le commandant pro-russe Alexandre Khodakovski ici lors de l'invasion du Donbass en juin 2014.
Photo: Keystone
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Alexandre Khodakovsky commande des troupes qui défendent la zone frontalière de l'oblast de Donetsk-Zaporijjia. Ses déclarations sur un gel de la guerre font suite à la libération ukrainienne d'Urozhaine, le 16 août. Cela pourrait indiquer que les récents succès ukrainiens ont considérablement affaibli la confiance dans la défense russe le long du front plus large dans le sud de l'Ukraine.

Alexandre Khodakovsky estime que l'Ukraine «serait suffisamment affaiblie dans cet état de conflit gelé et que la Russie pourrait exercer plus d'influence sur l'Ukraine dans une telle situation qu'elle ne le fait actuellement pendant l'opération militaire spéciale».

«Victoire sans négociations»

Evgueni Prigojine avait choisi presque les mêmes mots dans ses déclarations du 14 avril - laissant entendre par là que la Russie faisait du surplace en Ukraine et qu'elle devait même défendre ce qu'elle detenait. Comme Evgueni Prigojine, Alexandre Khodakovsky veut probablement créer les conditions d'une future victoire sans négociations, selon ISW.

Par souci de stabilité politique intérieure et des conséquences économiques de la guerre, certains cercles du Kremlin seraient apparemment intéressés par un gel de la guerre le long des lignes de front actuelles, selon l'analyse d'ISW.

L'influence directe d'Alexandre Khodakovsky sur Poutine semble limitée. Mais un «cessez-le-feu temporaire en Ukraine et une prolongation de la guerre ne peuvent être que bénéfiques pour la Russie, car ils permettent aux forces armées russes de se regrouper». Le soutien de l'Occident à l'Ukraine pourrait aussi en pâtir dans ces conditions.


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