«Des suites d'un cancer fulgurant»
Le directeur général de Reporters sans frontières Christophe Deloire est décédé

Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières (RSF), est mort samedi à l'âge de 53 ans, a annoncé l'organisation défendant la liberté de la presse à travers le monde.
Publié: 08.06.2024 à 17:08 heures
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Dernière mise à jour: 08.06.2024 à 21:03 heures
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ATS Agence télégraphique suisse

A la tête de Reporters sans frontières (RSF) depuis douze ans, Christophe Deloire est mort samedi à 53 ans, «des suites d'un cancer fulgurant». Le Français laisse derrière lui un long combat pour la liberté de la presse. Il «a transformé l'association (...) en un champion mondial de la défense du journalisme, durant douze ans», a salué dans un communiqué RSF, une ONG qui défend la liberté de la presse à travers le monde.

«Enquêteur, formateur, président d'ONG, Christophe Deloire avait le journalisme au coeur. Pour la liberté d'informer et le débat démocratique, cet esprit libre se battait, sans frontières, sans repos», a réagi sur X le président français Emmanuel Macron.

Conviction inébranlable

Pour le journaliste Pierre Haski, président du conseil d'administration de RSF, «Christophe Deloire a dirigé l'organisation à un moment crucial pour le droit à l'information. Sa contribution à la défense de ce droit fondamental a été considérable». «Le journalisme était le combat de sa vie qu'il a mené avec une conviction inébranlable», a souligné l'ONG.

Christophe Deloire est mort samedi «des suites d'un cancer fulgurant», a annoncé l'organisation Reporters sans frontières dont il était directeur général.
Photo: LAURENT GILLIERON

L'an dernier, Christophe Deloire avait été nommé délégué général des États généraux de l'information, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022. Lancés en octobre 2023, ceux-ci ont pour but «d'aboutir à un plan d'action» pour «garantir le droit à l'information à l'heure numérique», avait-il alors expliqué à l'AFP, alors que le processus est censé aboutir cet été.

A l'international, Christophe Deloire s'était engagé sur de nombreux dossiers, comme le meurtre à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ou les atteintes à la liberté de la presse en Russie. Et il mettait régulièrement en garde contre l'augmentation des violences contre les journalistes. «Démultipliés par les réseaux sociaux, qui portent à cet égard une lourde responsabilité, ces sentiments haineux légitiment ces violences et affaiblissent, un peu plus chaque jour, le journalisme et, avec lui, la démocratie», dénonçait-il déjà en 2018.

Au service des journalistes

Avant de prendre la tête de RSF, Christophe Deloire avait dirigé de 2008 à 2012 le Centre de Formation des Journalistes (CFJ) à Paris, une des grandes écoles de journalisme en France. Il avait également travaillé pour le magazine Le Point de 1998 à 2007 et auparavant pour les chaînes de télévision ARTE et TF1.

En 2004, il avait publié chez Albin Michel, «Les islamistes sont déjà là», une enquête cosignée avec le journaliste Christophe Dubois, puis «Sexus Politicus» en 2006, toujours avec Christophe Dubois, sur la sexualité dans la vie politique française.

Lancée en 1985 en France par quatre journalistes, RSF est devenue au fil des décennies un fer de lance de la liberté de la presse et du droit d'informer dans le monde.L'ONG, dont le siège est à Paris, est présente sur tous les continents, via des bureaux dans une dizaine de villes et des correspondants dans quelque 130 pays. Elle détecte et dénonce les entraves à la liberté d'informer et vient en aide aux journalistes emprisonnés ou menacés (assistance juridique, prêt de gilets pare-balles, pressions auprès d'États et d'institutions, etc.).

Depuis 2002, RSF publie un bilan annuel des exactions commises contre les journalistes dans 180 pays. Ce «classement mondial de la liberté de la presse» fait référence pour de nombreux médias et plusieurs institutions internationales.

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