Devant des dizaines de milliers de fidèles
Dernier hommage du pape François à Benoît XVI sur la place Saint-Pierre

Le pape François a rendu jeudi un ultime hommage à son prédécesseur Benoît XVI, décédé samedi à 95 ans. Des dizaines de milliers de fidèles étaient présents sur la place Saint-Pierre lors des funérailles de l'ex-pontife allemand.
Publié: 05.01.2023 à 09:00 heures
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Dernière mise à jour: 05.01.2023 à 11:39 heures

«Benoît (...) que ta joie soit parfaite en entendant la voix (de Dieu, NDLR), définitivement et pour toujours !» a lancé le pape lors de son homélie prononcée depuis l'autel dominant la gigantesque esplanade devant la basilique.

Entouré de cinq cardinaux, François, arrivé en chaise roulante, faisait face au simple cercueil de bois renfermant la dépouille de Joseph Ratzinger, sur lequel a été placé un exemplaire des évangiles. La cérémonie, ponctuée de prières et de chants, a débuté à 9h30 et devait durer environ deux heures.

Nombreuses personnalités présentes

La messe, de rite latin et en plusieurs langues, est concélébrée par plus de 4000 cardinaux, évêques et prêtres, mais son caractère exceptionnel réside dans la présence d'un pape aux obsèques de son prédécesseur.

Certains sont venus avec des drapeaux allemands et bavarois, mais aussi argentins.
Photo: AFP

Parmi les nombreux chefs d'Etat et de gouvernement présents dans l'assemblée figurait notamment le chancelier allemand Olaf Scholz, ce qui a nécessité un important dispositif de sécurité.

«Merci Benoît!»

Avant la cérémonie, les fidèles, parmi lesquels de nombreux prêtres et religieuses, ont fait patiemment la queue pour passer les portiques de sécurité et entrer sur la place entourée de la colonnade du Bernin. Certains sont venus avec des drapeaux allemands et bavarois, mais aussi argentins. Des fidèles allemands brandissent une grande banderole disant «Merci Benoît!»

«Je considère Benoît XVI un peu comme mon père et donc je ne pouvais rater cette occasion de lui rendre hommage», a confié à l'AFP Cristina Grisanti, une Milanaise âgée de 59 ans arrivée à 5h30. Elle déplore seulement «le froid un peu désagréable» régnant sur la majestueuse esplanade.

Benedikt Rothweiler, un Allemand de 34 ans venu d'Aix-la-Chapelle, s'est dit très ému: «Nous sommes ici pour lui rendre hommage (...) Nous n'aurons plus de pape allemand».

Grand recueillement

De lundi à mercredi, près de 200'000 fidèles étaient déjà venus à la basilique Saint-Pierre se recueillir devant la dépouille du théologien allemand, décédé samedi à 95 ans et dont la renonciation en 2013 avait surpris le monde entier.

Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, devait être ensuite inhumé, en privé, dans la crypte de la basilique où reposait Jean Paul II jusqu'à sa béatification en 2011, date à laquelle son cercueil avait été déplacé.

Médailles et pièces de monnaie

De nombreux responsables politiques, dignitaires religieux et têtes couronnées du monde entier sont présents. Parmi eux, le roi des Belges Philippe, les présidents italien, polonais et togolais, l'ex-reine Sophie d'Espagne ou encore le ministre français de l'Intérieur et des Cultes Gérald Darmanin.

Conformément à la tradition, le cercueil en cyprès dans lequel reposera Benoît XVI contiendra des pièces de monnaie et médailles frappées pendant son pontificat, son pallium (vêtement liturgique) ainsi qu'un texte décrivant brièvement son pontificat, placé dans un cylindre métallique.

Une première dans l'histoire récente

Un tel événement est une première dans l'Histoire récente de l'Eglise catholique qui compte 1,3 milliard de fidèles dans le monde. En 1802, Pie VII avait célébré les obsèques de Pie VI, mort en exil en France trois ans plus tôt, mais ce dernier n'avait pas renoncé à sa charge.

En Allemagne, la conférence épiscopale a invité les églises du pays à faire retentir leurs cloches à 11h en hommage à l'intellectuel bavarois. L'Italie a pour sa part mis les drapeaux en berne sur les bâtiments publics, tandis que le Portugal a décrété une journée de deuil national.

La mort de Benoît XVI met un terme à dix ans de cohabitation entre deux hommes en blanc au Vatican, du jamais vu dans l'Histoire deux fois millénaire de l'Eglise.

Plusieurs crises

Brillant professeur de théologie, Joseph Ratzinger, intellectuel réservé peu à l'aise avec les médias et les bains de foule, a été pendant un quart de siècle le strict gardien du dogme de l'Eglise à Rome à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi avant d'être élu pape en 2005.

Son pontificat a été marqué par de multiples crises, à l'image du scandale des Vatileaks en 2012, qui avait mis au jour un vaste réseau de corruption au Vatican.

Il avait été mis en cause début 2022 par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich. Il était alors sorti de son silence pour demander «pardon» mais avait assuré n'avoir jamais couvert de pédocriminel.


(AFP)

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