Bientôt moins de 90 centimes?
Les experts s'attendent à ce que l'euro continue de s'effondrer

L'euro continue de se dévaloriser cette semaine. Actuellement, la monnaie européenne ne vaut plus que 0,96 franc. Les experts ne s'attendent pas à une amélioration.
Publié: 26.08.2022 à 13:24 heures
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Dernière mise à jour: 26.08.2022 à 13:29 heures
Martin Schmidt

Passer ses vacances à l’étranger est actuellement avantageux pour les Suisses et les Suissesses: ils peuvent profiter du franc fort. Depuis le début de la semaine, l’euro oscille autour de 0,96 franc. Actuellement, le cours s’est certes quelque peu stabilisé. Mais de nombreux experts s’attendent à ce que le franc continue de s’apprécier par rapport à l’euro dans les semaines et les mois à venir.

Selon les pronostics pessimistes – comme ceux de la banque d’investissement américaine Goldman Sachs, l’euro pourrait passer sous la barre des 90 centimes. Pour l’économiste en chef de la Raiffeisen, Martin Neff, «un cours inférieur à 0,9 franc n’est certainement pas exclu». Mais il estime qu’une telle évolution n’est pas réaliste dans les prochains mois. «Sur un horizon de 12 mois, nous tablons sur un taux de change de 0,93 à 0,94 franc pour un euro.»

Le franc comme «valeur refuge»

L’appréciation actuelle du franc a plusieurs explications. «Alors que l’euro se montre sensible aux risques énergétiques et de récession dans la zone euro, l’économie suisse – et donc le franc suisse – semble plus stable», explique Patrick Ernst, stratégiste en placements chez Credit Suisse. De plus, le franc a récemment fait l’objet d’une forte demande en raison de sa qualité de «valeur refuge».

Un euro ne coûte que 0,96 franc.
Photo: Shutterstock
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La Banque nationale suisse (BNS) a également contribué à la force du franc. Pour lutter contre l’inflation, la BNS a relevé son taux directeur de 0,5% il y a deux mois et demi, à la surprise générale. En parallèle, la Banque centrale européenne (BCE) a fait preuve de plus de retenue pour endiguer l’inflation élevée dans la zone euro: elle n’a augmenté ses taux qu’après la BNS. La BCE craint des problèmes du côté des Etats fortement endettés comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, dans le cas de taux plus élevés.

La force du franc nuit-elle à l’industrie?

Si le franc devient trop fort, cela pourrait devenir un problème pour l’industrie d’exportation suisse. Du côté du fabricant de véhicules ferroviaires Stadler Rail, les pertes se chiffreraient en dizaines de millions.

Mais pour la plupart des entreprises industrielles, la force du franc ne représente pas encore une grosse difficulté, comme le souligne l’économiste en chef de Raiffeisen: «Même la nouvelle réévaluation n’a pas changé la situation.» Pour les entreprises, l’appréciation du franc compense en grande partie le renchérissement des matières premières et des composants importés. «L’industrie souffre plutôt de problèmes d’approvisionnement.», explique Martin Neff.

La situation pour les industries pourrait devenir problématique si l’euro tombait effectivement en dessous de 90 centimes au cours des prochains mois. Cela serait le cas si, par exemple, la zone euro plongeait dans une grave récession.


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