Mais le gouvernement veut le contourner
Andrzej Duda oppose son veto pour l'accès à la pilule du lendemain

Ce vendredi, le chef d'État conservateur polonais Andrzej Duda a mis son veto sur la législation de l'accès à la pilule du lendemain. Celle-ci est accessible uniquement avec une ordonnance. Ce veto était anticipé par le gouvernement proeuropéen, prêt à le contourner.
Publié: 29.03.2024 à 14:39 heures
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Dernière mise à jour: 29.03.2024 à 16:29 heures

Le chef d'État conservateur Andrzej Duda a opposé vendredi son veto à la législation visant à libéraliser l'accès à la pilule du lendemain, actuellement autorisée en Pologne uniquement sur ordonnance médicale.

La Pologne a connu un recul des droits reproductifs des femmes pendant les huit années du gouvernement du parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS), l'accès à la contraception d'urgence ayant été rendu possible uniquement par une ordonnance médicale en 2017. Conformément à ses promesses électorales, la coalition pro-UE, au pouvoir depuis décembre, a adopté un projet de loi visant à permettre l'accès libre à la pilule du lendemain à partir de l'âge de 15 ans.

Andrzej Duda a décidé de «renvoyer l'amendement à la loi sur les produits pharmaceutiques au Parlement en lui demandant de réexaminer la loi (veto)», indique le communiqué de la présidence. La coalition pro-UE, au pouvoir depuis décembre, avait adopté un projet de loi visant à permettre l'accès à la pilule du lendemain à partir de l'âge de 15 ans.

Andrzej Duda oppose son veto pour l'accès à la pilule du lendemain. (Image d'archive).
Photo: AFP

Un refus motivé par la protection des enfants

Le chef de l'État a motivé son refus par le respect des «normes de protection de la santé des enfants». Andrej Duda «ne peut accepter des solutions légales permettant aux enfants de moins de dix-huit ans d'avoir accès à des médicaments à usage contraceptif sans contrôle médical et sans tenir compte du rôle et de la responsabilité des parents», précise le communiqué. Cependant, il s'est «déclaré ouvert aux solutions envisagées par la loi en question, en ce qui concerne les femmes majeures (âgées de plus de 18 ans)», selon ce texte.

«Dommage que le président une nouvelle fois se tourne contre les Polonaises», a commenté aussitôt sur X la vice-ministre de l'Éducation, Katarzyna Lubnauer, ajoutant que le gouvernement savait «comment faire face à cet obstacle».

Prescription par les pharmaciens

Anticipant le veto présidentiel, le gouvernement avait d'ores et déjà annoncé qu'il contournerait cette obstruction en autorisant les pharmaciens à délivrer des ordonnances pour la pilule. «Nous avons préparé un règlement (...). Cette pilule sera disponible sur prescription pharmaceutique», délivrée par un pharmacien, avait déclaré mercredi la ministre de la Santé, Izabela Leszczyna.

«Si nous ne voulons pas que les femmes et les jeunes filles connaissent des grossesses non désirées, faisons tout pour rendre la pilule aussi accessible que possible», à compter du 1ᵉʳ mai, a-t-elle déclaré à la radio RMF FM. La vice-présidente de la chambre haute du parlement a, elle aussi, fermement condamné la décision du chef de l'État.

«Les jeunes filles devraient y avoir accès de la même manière que les femmes adultes, parce que les jeunes filles peuvent aussi tomber enceintes et que différentes situations peuvent se produire contre lesquelles nous devrions les protéger», a déclaré à la presse Magdalena Biejat.

Âge de consentement à 15 ans

Elle a rappelé que l'âge de consentement aux activités sexuelles est fixé en Pologne à 15 ans. «C'est une raison de plus pour qu'elles (les jeunes filles, ndlr) aient le droit de se protéger d'une grossesse non désirée», a-t-elle souligné.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la contraception d'urgence devrait être «systématiquement incluse» dans tous les programmes nationaux de planification familiale. Le débat sur la pilule du lendemain coïncide avec des tentatives de libéraliser la législation polonaise sur l'avortement, l'une des plus strictes d'Europe.

Dans ce pays de forte tradition catholique, l'avortement n'est actuellement légal que si la grossesse résulte d'un viol ou d'un inceste, ou si elle menace la vie ou la santé de la mère. Quatre projets de loi visant à libéraliser l'avortement ont déjà été soumis au Parlement, mais les travaux n'ont pas débuté, dans l'attente du feu vert du président de la chambre basse. Szymon Holownia, qui se déclare catholique progressiste, explique le retard par le souhait d'éviter ce débat pendant la campagne pour les élections locales prévues en avril.

(AFP et ATS)

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