Une ex-ministre pointée du doigt
Des abus dans le secteur des crèches privées françaises sont révélés

Le nouveau livre de Victor Castanet décrit les dérives dans le secteur des crèches privées et les liens présumés entre l'ancienne ministre Aurore Bergé et le lobby des crèches privées. La gauche et les syndicats s'indignent et exigent des mesures.
Publié: 19.09.2024 à 17:26 heures
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AFP Agence France-Presse

A l'instar d'associations et d'élus, des syndicats ont réclamé jeudi des explications après la parution d'un nouveau livre sur des dérives dans le secteur des crèches privées et des liens présumés entre Aurore Bergé et le lobby les représentant.

Dans son enquête «Les Ogres» (Flammarion) parue mercredi, le journaliste Victor Castanet décrit la «voracité» de certains groupes, en particulier People and Baby qui aurait entre autres falsifié le nombre d'heures de présence des bébés pour toucher de l'argent de la caisse d'allocations familiales. Il évoque également un «pacte de non-agression» qui aurait été conclu entre l'ancienne ministre des Familles Aurore Bergé (juillet 2023-janvier 2024) et la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC) Elsa Hervy.

Cité mercredi par BFMTV, l'entourage d'Aurore Bergé a fait savoir qu'une plainte en diffamation serait déposée contre Victor Castanet. Sollicité à plusieurs reprises par l'AFP, l'entourage de l'ancienne ministre n'a pas donné suite.

Les syndicats s'indignent

«Le cauchemar doit cesser», a réagi jeudi la CGT dans un communiqué où elle dénonce les «pratiques intolérables» dans le secteur privé et «visiblement cautionnées et encouragées au plus haut niveau de l'État». «Face à ces révélations, il n'est guère surprenant que les nombreux rapports dénonçant ces abus depuis des années n'aient jamais conduit à des politiques publiques à la hauteur des enjeux», ajoute la centrale syndicale, qui demande «une enquête urgente sur ces faits» et «des réformes immédiates».

Dans un communiqué distinct, l'Unsa a jugé «urgent» de mettre fin «à ce modèle d'accueil low cost des tout-petits». Pour le syndicat, la «responsabilité incombe en premier lieu aux administrations publiques et aux élus locaux qui continuent d'attribuer des marchés à ces acteurs, attirés par des prix toujours plus bas, au détriment de la qualité de l'accueil».

Mercredi, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) avait réclamé des «décisions immédiates» pour «protéger les jeunes enfants et rassurer les parents», déplorant que ses alertes aient été «insuffisamment prises en compte».

La gauche réagit

Les révélations ont également fait réagir dans la classe politique, notamment à gauche, le PS estimant que si le «pacte de non agression» entre la ministre et la FFEC était «avéré», «cela serait extrêmement grave».

«C'est un énorme scandale parce qu'il y a eu une commission d'enquête à l'Assemblée nationale qui a été initiée par mon collègue William Martinez (député LFI des Yvelines, NDLR) et Mme Bergé a juré qu'elle n'avait aucun contact avec le lobby des crèches privées», a dénoncé de son côté le député et coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard sur Franceinfo mardi.

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