L'auteur a crié «Allah Akbar»
Un homme tue un enseignant avec un couteau dans un lycée français

Un enseignant a été tué et deux personnes ont été gravement blessées par un homme armé d'un couteau dans un lycée à Arras, en France.
Publié: 13.10.2023 à 12:26 heures
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Dernière mise à jour: 15.10.2023 à 12:46 heures

Un homme armé d'un couteau a tué un enseignant et fait deux blessés graves dans un lycée à Arras (Pas-de-Calais) vendredi matin, a appris l'AFP auprès de la préfecture et de source policière.

Les faits ont eu lieu au lycée Gambetta, a écrit le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur X (ex-Twitter), précisant que l'auteur avait été interpellé. D'après les premiers éléments, l'auteur de l'attaque a crié «Allah Akbar», selon une source policière.

Aucun lycéen blessé

Parmi les deux blessés figurent un agent de sécurité en urgence absolue, après avoir été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a indiqué une deuxième source policière. Les lycéens et le personnel du lycée ont été confinés dans l'établissement, a précisé cette source.

Les deux frères tchétchènes ont attaqué plusieurs personnes à l'école : des témoins oculaires ont filmé les scènes (Source: X).
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Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, qui a confirmé ce décès à l'AFP, s'est rendu sur place. «Une opération de police a eu lieu ce matin à Arras à la cité scolaire Gambetta. L'auteur des faits a été interpellé» par la police, a écrit la préfecture sur X. Il s'agit d'un jeune homme d'une vingtaine d'années, d'origine tchétchène, fiché pour radicalisation (fiché S) selon une source policière. «L'événement est pris en compte et ne présente pas de danger. Restez calme et suivez les consignes pour faciliter le retour à une situation normale», a ajouté la préfecture.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations, aussi ouvertes pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste, ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (Sdat), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), précise le Pnat.

Son frère interpellé

Le frère de l'assaillant a également été interpellé à proximité d'un autre établissement scolaire, sans être en possession d'une arme, d'après une source policière.

Le président Emmanuel Macron va se rendre à Arras où un homme armé d'un couteau a tué un enseignant et fait deux blessés graves dans un lycée, a annoncé l'Elysée vendredi. Le ministre de l'Education Gabriel Attal va également le rejoindre sur place, selon son entourage. La Première ministre Elisabeth Borne a de son côté annulé un déplacement à Orléans devant les Intercommunalités de France pour revenir à Paris, a précisé à l'AFP son entourage.

Ces faits ont lieu presque trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, avait été tué par la police.

Attal demande de renforcer la sécurité

Le ministre de l'Education Gabriel Attal a demandé vendredi aux recteurs d'académies de «prendre sans délai toutes les mesures» nécessaires pour «renforcer la sécurité de tous les établissements» scolaires en France, dans un message transmis par le ministère.

«Une attaque au couteau s'est produite ce matin à Arras, faisant plusieurs victimes. Je vous demande de prendre sans délai toutes les mesures nécessaires afin de renforcer la sécurité de l'ensemble des écoles et établissements et de prendre l'attache des préfets», écrit Gabriel Attal dans ce message transmis aux recteurs.

«On s'est barricadés»

Un large périmètre de sécurité a été mis en place autour de l'établissement, où la police, les pompiers et les secours étaient déployés, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des parents étaient présents devant le lycée, d'où les élèves sont visibles à travers les fenêtres. Les lycéens et le personnel du lycée ont été confinés dans l'établissement, a précisé une source policière.

Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque a décrit un mouvement de panique au moment de l'intercours, quand les élèves du collège se sont retrouvés face à un homme armé. «Il a agressé un personnel de la cantine, j'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi et m'a demandé si j'étais professeur d'histoire-géographie», a-t-il ajouté. «On s'est barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé».

Selon lui, la victime est un professeur de français du collège, une information confirmée à l'AFP par la secrétaire générale du Snes-FSU, un syndicat d'enseignants. Deux autres syndicats, le Snes-FSU et le SE Unsa, ont affirmé à l'AFP que l'assaillant était «un ancien élève». Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement, visiblement avec une arme à la main, avant de se diriger vers la porte d'entrée.

Effroi des enseignants

«Effroi», «déflagration», «épouvantable»: les enseignants contactés par l'AFP se sont dits «sous le choc» après le meurtre d'un des leurs. «L'école est une fois de plus une cible, car elle incarne les valeurs de la République, liberté égalité, fraternité», a ainsi témoigné Agnès Andersen, secrétaire générale d'un syndicat de chefs d'établissements. Le gouvernement a demandé de renforcer immédiatement la sécurité de tous les établissements scolaires en France.

Depuis l'attaque qui a fait 12 morts en janvier 2015 au siège parisien de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France. Ce nouvel épisode violent survient alors que la guerre fait rage en Israël, faisant craindre à l'exécutif une importation du conflit en France.

Jeudi soir, le président Macron a appelé les Français à rester «unis» et a promis d'être «impitoyable avec tous les porteurs de haine», tout en réitérant son soutien à Israël. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi avoir recensé «plus d'une centaine d'actes antisémites» depuis samedi.

(AFP)

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