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A 100 jours des JO, la France à l'aube de la gloire... ou du désastre

Emmanuel Macron répète que tout va bien se passer et que la ferveur populaire sera au rendez-vous le 26 juillet, pour l'ouverture des prochains JO. Faut-il le croire?
Publié: 17.04.2024 à 15:44 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2024 à 16:09 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Le moment est venu de prendre les paris. Dans cent jours exactement, les Jeux olympiques de Paris sonneront le tocsin du sport mondial. 26 juillet 2024: le défilé promis sur la Seine, s’il est maintenu, transformera la capitale française en vitrine du sport mondial. Et ce, cent ans après les Jeux de 1924, sous l’égide du baron Pierre de Coubertin. Alors, on parie? Couronnement ou catastrophe? Blick distribue les cartes.

Le couronnement d’un président

Il venait d’être élu président de la République le 31 juillet 2017 lorsque le Comité international olympique, réuni à Lima (Pérou) a confirmé l’attribution des JO d’été 2024 à la France. Qu’il le veuille ou non (et il s’y emploie) Emmanuel Macron verra donc son nom associé à ces Jeux dont il a encore garanti, ce lundi 15 avril sur BFM TV qu’ils seront une grande fête populaire. Et après? La vérité est que Macron a beaucoup moins les leviers en main, pour ce chantier des Jeux olympiques et paralympiques, que pour la restauration de Notre-Dame de Paris détruite en partie par l’incendie du 15 avril 2019. 

Pour la cathédrale, le président peut décider et il n’est d’ailleurs pas complètement arrivé à ses fins puisqu’elle ne rouvrira que le 8 décembre, et non pour la cérémonie d’ouverture du 26 juillet. Pour les JO, le gouvernement est loin d’être seul. La plupart des installations sont sur le territoire de la région Ile-de-France, et les festivités et compétitions intra-muros dépendent en partie de la mairie de Paris. Médaille d’or ou pas pour Macron? C’est le dimanche 11 août qu’on le saura. Après, sans doute, la défaite cinglante de son parti aux élections européennes du 9 juin.

La grande inconnue reste celle qui pèse autour de la cérémonie d'ouverture prévue sur la Seine, le 26 juillet.
Photo: AFP
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La catastrophe de communication

Cela commence à peine. Paris enfile tout juste ses habits olympiques à cent jours de l’ouverture de la compétition, et alors que la flamme vient de quitter Olympie, en Grèce, où la nageuse Laure Manaudou a participé au premier relais. Sauf que, déjà, la communication ressemble à un cauchemar. La mascotte officielle, en forme de bonnet phrygien, ne ressemble à rien et ne se vend pas dans les quelques magasins où on peut se la procurer. Les aéroports et les gares ne sont pas encore parés des couleurs olympiques. 

C’est le métro qui, paradoxalement, est le plus en avance, avec une belle opération le 17 avril. Quinze noms de stations parisiennes ont été changés. La station «Pigalle» est devenue «Pigaolball». «Alexandre Dumas» a été transformé en «Alexandre Dumarathon», «Avron» en «Aviron/Para aviron» et le célèbre auteur «Victor Hugo» métamorphosé en «Victor Judo». Il faudra bien plus, toutefois, que ces noms éphémères pour dorer le blason olympique…

Le couronnement d’une ville: Saint-Denis

Il faut au moins espérer que ces Jeux olympiques produiront tous les effets positifs attendus pour cette ville du nord de Paris, dans la préfecture de la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France. Quatre infrastructures majeures seront sur son territoire et celui des communes voisines: le tout nouveau centre aquatique olympique inauguré le 4 avril par Emmanuel Macron, le Stade de France, inauguré en 1998 pour la coupe du monde de football, le village des Athlètes inauguré le 29 février… par Emmanuel Macron, et le village des médias sur le site du parc des expositions du Bourget. 

Malgré les soucis causés par les chantiers urbains, les habitants de Seine-Saint-Denis plébiscitaient les JO selon un sondage publié par le Parisien fin 2022: 82% se disaient favorables et 39% très favorables. Un résultat bien meilleur qu’au niveau national: à cent jours de la cérémonie d’ouverture, moins d’un Français sur deux (47%) se sent confiant quant à la capacité du pays à organiser les Jeux olympiques, selon un sondage d’Ipsos pour «La Tribune Dimanche».

Réécoutez notre podcast sur Aya Nakamura et les JO:

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La catastrophe (possible) d’un fleuve


Le miracle sur Seine va-t-il avoir lieu, sur fond de «l'Hymne à l'amour», la chanson d'Edith Piaf reprise par Aya Nakamura? Un miracle oui, car imaginer aujourd’hui un défilé de barges remplies d’athlètes le 26 juillet, devant plus de 300'000 spectateurs massés sur les rives du fleuve, semble assez délirant. Et pourtant, Macron (encore lui) y croit dur comme fer, même s’il a pour la première fois lundi évoqué un plan B (Trocadéro) et C (Stade de France). Sans en avoir préalablement parlé à ses partenaires locaux selon la Mairie de Paris… 

Alors, catastrophe programmée pour ce fleuve dont l’histoire est indissociable de celle de Paris, sur lequel circulaient en 1924 des bateaux-bus remplis de spectateurs, après avoir accueilli sur ses berges les formidables expositions universelles de 1889 (l’inauguration de la Tour Eiffel), 1900 (inauguration du Grand Palais) et 1937 (construction de l’actuel palais de Chaillot)? Ou bien couronnement pour ce fleuve qui doit accueillir la compétition de natation libre les 8 et 9 août? 1,4 milliard d’euros ont été déboursés pour le nettoyage du cours d’eau. Pas moins de 24'000 branchements d’eau supplémentaires ont été installés pour l’assainissement. 66% de la Seine serait déjà dépolluée. On plonge?

Catastrophe ou couronnement budgétaire?

Tout va bien sûr dépendre de la qualité de ces Jeux olympiques et, pour la France, de la moisson de médailles récoltées (Macron en envisage 50, les experts sportifs parient sur une trentaine). Il faudra aussi calculer les retombées économiques, évaluées à près de six milliards d’euros par le président ce lundi 15 avril. Avec, pour les propriétaires de logements à Paris et dans les communes concernées par les Jeux, le «ruissellement» des loyers hors de prix facturés sur la plate-forme Air BnB. 

Restent les chiffres connus. Ils sont, eux, plutôt catastrophiques. Le budget dépensé pour ces jeux sera de 11 milliards d’euros au lieu des 4,8 milliards annoncés. Inaugurée à la mi-février, l’Adidas Arena située porte de la Chapelle, au nord de Paris, a par exemple coûté 138 millions d’euros au lieu de 98 annoncés. La Cour des comptes avait tiré le signal d’alarme en juillet 2023 en ces termes: «les points de vigilance sont nombreux et demandent un suivi rigoureux des acteurs – tel que l’équilibre final du budget du Comité d’organisation (COJOP) qui n’est aujourd’hui pas acquis»

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