Annonce imminente
«Une tragédie ou une comédie? Non, c'est un nouveau gouvernement français»

Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier a bouclé la composition de son futur gouvernement. Son annonce est imminente. Voici ce qu'il faut retenir avant de connaître les noms des ministres.
Publié: 19.09.2024 à 20:43 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2024 à 23:09 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick
Le président français Emmanuel Macron et son Premier ministre Michel Barnier discutent de la composition du nouveau gouvernement.
Photo: keystone-sda.ch

Dans tous les cas, le spectacle aura été au rendez-vous! Un spectacle dont l’acteur principal est aujourd’hui Michel Barnier, 73 ans, nouveau Premier ministre conservateur français dont les manières sont à l’opposé du président qui l’a nommé, Emmanuel Macron, 45 ans. 

Un spectacle bien éloigné des habitudes politiques de la France, pays d’habitude si présidentiel, où tout dépend du palais de l’Élysée. Depuis la nomination de Michel Barnier le 6 septembre, dans l’espoir de mettre un terme à la crise politique issue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, le pays oscille entre tragédie et comédie. On vous refait le film avant les annonces officielles.

La tragédie: une crise durable

La France est en crise politique. L’annonce du nouveau gouvernement attendue dans les heures qui viennent, soit jeudi soir 19 septembre, soit vendredi matin 20 septembre, ne réglera pas le problème principal pour Michel Barnier, nouveau Premier ministre: aucune majorité absolue de députés (289 sur 577) ne peut être réunie à l’Assemblée nationale.

Le leader de la droite au Sénat Français, Bruno Retailleau, pourrait décrocher le ministère de l'Intérieur.
Photo: AFP
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L’objectif de ce cabinet qui devrait être composé d’une trentaine de ministres est avant tout de ne pas être renversé par une motion de censure. Pour y parvenir, les oppositions doivent réunir également ce chiffre de 289 députés qui donne le tournis à tous les observateurs de la vie politique française. Pour le moment, cela semble peu probable car le Rassemblement national et ses 146 députés – avec ses alliés – n’est pas prêt à voter avec la gauche.

La comédie: le combat des chefs

Vous connaissez probablement l’album d’Astérix qui raconte «Le combat des chefs» qui déchire la Gaule à l’époque de Jules César. Et bien, nous en sommes un peu là. L’ultime réunion entre dirigeants de la droite et du centre, ce jeudi 19 septembre à l’Hôtel Matignon, a donné un aperçu de l’ambiance. Chacun est un peu venu réclamer son dû en termes de postes et de compétences ministérielles. 

Le plus capricieux est le chef de la droite traditionnelle Laurent Wauquiez, ex-président de la région Rhône-Alpes Auvergne, frontalière de la Suisse. Il a repris le contrôle de son camp politique. Il a d’abord annoncé qu’il ne participerait pas au gouvernement. Puis, il a envisagé de s’installer à la tête du ministère des Finances. Avant de renoncer in extremis.

La tragédie: la gauche assommée

La gauche unie a hérité d’un nom historique. La coalition composée de La France Insoumise (LFI, gauche radicale), des socialistes, des écologistes et des communistes se nomme, depuis les élections législatives, le Nouveau Front Populaire. En référence au fameux Front populaire dirigé par Léon Blum en 1936! Mieux: cette coalition a remporté de justesse les récentes législatives anticipées avec 193 députés, devant tous les autres blocs politiques. 

Deux mois après le second tour du 7 juillet, le bilan de cette remontada est toutefois nul. Les socialistes ont refusé d’envisager un gouvernement dirigé par le social-démocrate Bernard Cazeneuve. La candidate de l’union de la gauche Lucie Castets pour le poste de premier ministre a été ignorée par Emmanuel Macron. Fin de l’histoire. Jean-Luc Mélenchon règne en maître sur ce camp politique.

La comédie: Macron, le «canard boiteux»

Ce n’est pas une comédie de boulevard. Ce théâtre-là devient plutôt celui de l’absurde. Emmanuel Macron, élu brillamment en 2017 plus jeune président de l’histoire de la Ve République est aujourd’hui encore plus isolé dans son palais de l’Élysée, où son entourage refuse de parler de cohabitation avec son nouveau Premier ministre. 

Le terme utilisé est «coopération exigeante». Ca veut dire quoi? En gros, que le Chef de l’État va tout faire pour continuer de tirer les ultimes ficelles. Mais son mandat s’achève dans trois ans et il ne peut pas se représenter. Il est bel et bien au «canard boiteux» comme on dit aux États-Unis.

La tragédie: Les caisses sont vides

Michel Barnier et son gouvernement peuvent raconter ce qu’ils veulent. Un seul sujet va dominer et dicter l’action gouvernementale ces prochains mois en France: l’état alarmant des finances publiques. Les caisses sont vides. Le déficit public dérape. La dette atteint un record, à 113% du produit intérieur brut. 

La Commission européenne a mis le budget français sous surveillance et attend des réponses. Les agences de notation financière rendront de nouveau un avis redouté en octobre. Résultat: le conservateur Barnier reparle déjà de hausses d’impôts, tout en ayant bien conscience qu’il faudra donner un coup de pouce au pouvoir d’achat. 

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