Éviter les crêpages de chignon
Six conseils sur comment bien gérer les finances dans son couple

Les disputes liées à l'argent au sein d'un couple constituent l'un des trois principaux critères de séparation. Pour éviter de faire partie de ces cas malheureux, Blick vous fournit une liste de conseils à suivre scrupuleusement.
Publié: 17.11.2023 à 16:16 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2023 à 16:18 heures
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Tiffany TerreauxJournaliste Blick

Quand on aime, on ne compte pas. Cet adage est bien joli, mais l'amour véritable qui transcende les considérations matérielles n'existe (malheureusement) que dans les romans à l'eau de rose. 

En réalité, la mauvaise gestion financière d'un couple constitue l'un des trois principaux critères de séparation, d'après Anaïs Brodard, avocate de droit de la famille et médiatrice FSA. Les deux autres étant l'infidélité et l'usure.

Pour parvenir à diminuer, voire supprimer ces disputes financières, Blick a récolté les conseils de deux experts: Jonathan Dhiver, fondateur du site d'épargne en ligne MeilleureSCPI.com et Mélanie Gaudet, médiatrice familiale FSM assermentée par le conseil d’État genevois et codirectrice de l’Association Couple et Famille ont répondu à nos questions. Voici un résumé condensé en six points.

Pour la première année de vie commune, il est recommandé au couple de faire un point financier minimum une fois par mois.
Photo: Shutterstock
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La communication, vous assurerez

Parler argent – ce sujet si tabou – revient à entrer dans l'intimité. Un exercice qui n'est pas évident, encore moins avec sa moitié. Mais pourquoi a-t-on si peur de parler fric avec son partenaire? Dans les faits, 40% des couples ne discutent jamais de l'organisation de leurs finances. C'est ce que révèlent des travaux menés par la sociologue québecoise Hélène Belleau. Pire, il y a des gens qui ne savent même pas combien gagne exactement leur conjoint ou ce qu'il possède, ce qui pose des problèmes conséquents en cas de divorce.

Dans une étude réalisée par UBS, sortie en 2021, 87% des femmes déclarent que les décisions financières devraient être prises conjointement. Mais ce n'est pas tout. 91% de la gent féminine – soit la grande majorité – ont un besoin de transparence sur la situation au sein de leur couple.

Seulement, à quel moment, dans la vraie vie, un couple s'installe à table et parle business? Selon Jonathan Dhiver, il faudrait le faire tous les mois et recourir à un tableau de budget familial. Concrètement, les partenaires peuvent y inscrire toutes leurs sources de revenus (activité professionnelle, pension alimentaire, allocations), leurs dépenses et leurs besoins (loisirs, sport, voyages).

La première année de vie commune, le spécialiste recommande de faire un point minimum une fois par mois. Un suivi très rigoureux qui permet de prendre conscience des différences entre le budget estimé et finalement dépensé. Après deux ans de vie partagée, la cadence peut ralentir à une seule discussion par trimestre. Mais au moindre bouleversement de vie (naissance, décès, enfants qui quittent le foyer), un suivi très rigoureux est à nouveau vivement conseillé.

2

Des objectifs de vie, vous définirez

Sous un angle davantage psychologique, il est primordial d'établir ses objectifs de vie. N'hésitez pas à empoigner ce sujet sous tous les angles: À quel taux chacun doit travailler? Quel temps s'accorder chacun pour soi? Et la garde des enfants? Si je recommence une formation et baisse mon taux à 50%, le couple va-t-il tenir le coup?

Une fois toutes ces questions abordées, évitez le piège classique: ne vous appuyez pas sur vos acquis. «Un couple évolue constamment. À travers les années, les deux partenaires peuvent prendre des chemins différents, aspirer à des trains de vie parfois incompatibles, tout en espérant de l'autre qu'il le suivra coûte que coûte», affirme Mélanie Gaudet. Il est donc essentiel de maintenir une discussion franche, tout au long de sa vie de couple, sur les ambitions de chacun.

Les conflits liés aux finances représentent souvent des symptômes d’un mal-être plus profond, issus de frustrations, d'un manque de reconnaissance ou d'incompréhension selon la médiatrice. Est-ce que mon partenaire prend en compte mes ambitions professionnelles? Mon besoin d'indépendance? Est-il conscient de mon engagement? Des sacrifices réalisés pour notre famille? Ces facteurs non mesurables financièrement méritent une attention particulière, car ils sont souvent à l'origine des séparations.

3

Un compte commun, vous aurez

Dans le concret, un compte commun a une double utilité d'après nos experts. Non seulement il permet d'avoir une vision plus claire et partagée des dépenses de chacun, mais il représente également un symbole d'engagement pour le couple. L'argent puisé dans le compte commun permet généralement de payer le loyer, les charges, la place de parking ou encore les courses, les assurances maladie, voire les loisirs de chacun. Du moment qu'il ne s'agit pas de sommes démesurées, profitables à un seul partenaire, tout peut être débité du compte commun.

Plusieurs options sont envisageables, selon nos deux experts, pour établir la contribution de chacun à ce compte:

  • Certains couples s'en tiennent à la stricte logique du 50-50, surtout si les deux travaillent à 100%. Tout est divisé par deux, qu'importe la différence salariale. C'est une pratique égalitaire qui génère parfois beaucoup de frustrations.

  • Beaucoup vous le diront, la meilleure manière de procéder consiste à faire participer chaque partenaire au prorata de son salaire. On parle ici d'un traitement équitable.
    Exemple concret: dans le couple, l'un gagne 10'000 francs net par mois, l'autre 5'000 et leur loyer s'élève à 2'000 francs par mois. Le premier contribuera au loyer à hauteur de 1'333 francs par mois (67%) et l'autre à 667 francs (33%).

  • Finalement, une autre approche consiste à dire que chaque partenaire doit se retrouver avec le même montant à la fin du mois, qu'importe son taux d'activité ou son revenu mensuel. Ainsi, on atteint une équité totale puisque chaque époux peut profiter du même montant, une fois toutes les dépenses réalisées, pour se faire plaisir.

4

Pour l'avenir, vous épargnerez

À deux, on est plus fort, y compris en investissement. «Mettez en place un plan d'épargne pour vous aider à atteindre vos objectifs financiers à long terme. Vous souhaitez acheter une maison ou préparer votre retraite? Discutez-en et établissez un montant à épargner chaque mois que vous intégrez dans votre tableau budgétaire», recommande Jonathan Dhiver. N'oubliez pas de revoir régulièrement ce montant pour vous assurer qu'il reste réaliste et atteignable pour votre couple. Épargner permet de créer des projets d'avenir qui rend votre lien plus fort.

«Pensez-y et agissez dès que possible, ajoute-t-il encore. Avec les intérêts composés, plus tôt vous vous mettez à épargner, plus vous faites fructifier votre capital.» Là aussi, vous pouvez fonctionner au prorata de votre revenu avec votre partenaire.

5

Cumuler les dettes, vous éviterez

Les dettes peuvent rapidement devenir un problème majeur au sein de votre couple. «Évitez à tout prix de contracter des dettes inutiles en planifiant soigneusement vos dépenses et en évitant les achats compulsifs, comme un leasing démesuré pour une voiture», préconise l'expert. Ayez donc une vie cohérente par rapport à vos revenus. Quant aux dettes nécessaires, réalisez un plan de remboursement réaliste.

Soyez attentifs. «Toutes les dettes pour lesquelles les époux sont co-débiteurs solidaires pendant la période de mariage peuvent avoir un impact considérable sur leurs finances», insiste la codirectrice de l’Association Couple et Famille. En effet, si le couple se sépare en ayant des dettes, notamment avec l'administration fiscale cantonale (les impôts) durant les années du mariage, les partenaires peuvent en tout temps trouver un accord. En revanche, si l'accord n'est pas respecté sur la répartition des dettes, le créancier peut tout à fait réclamer l'entier du montant à l'un ou à l'autre, que ce soit sous le régime de la séparation de biens ou de la participation aux acquêts.

Même topo pour les dettes liées au loyer lorsque les deux sont signataires du bail. «Soyez donc vigilants et informez-vous sur vos engagements», conclut Mélanie Gaudet.

6

De l'aide, vous demanderez

Gérer ses finances en couple est un véritable défi. «Si vous rencontrez trop de difficultés, n'hésitez pas à vous faire aider par des professionnels, qu'il s'agisse de conseillers conjugaux, experts financiers ou encore des associations pour couples et familles, détaille Jonathan Dhiver. Ils pourront vous soutenir dans l'établissement d'un plan financier adapté à vos besoins et votre situation.»

N'hésitez pas également à vous informer par vos propres moyens. Parmi les lectures ou écoutes recommandées par nos experts: le podcast «Rends l'argent» de la journaliste et romancière Titiou Lecoq ainsi que son livre «Le Couple et l'argent» (éd. L'Iconoclaste), mais également le livre «Petits règlements de comptes en famille» (éd. Albin Michel) de Nicole Prieur. Vous pourrez ainsi bâtir un avenir financier serein et solide.

Des alternatives au divorce traditionnel

Malgré tout, les séparations dues aux déséquilibres financiers au sein des couples sont parfois inévitables. Selon Laurence Alder-Weber - avocate, médiatrice, experte en résolution des conflits et formatrice - le droit collaboratif est une alternative optimale au divorce traditionnel. Il s'agit d'un mode de résolution des conflits comprenant une méthodologie basée sur la recherche de l'entente des parties, excluant le recours au tribunal.

«Chaque client a son propre avocat de droit collaboratif et ces derniers agissent dans l'intérêt collectif. Ils accompagnent leurs clients en vue de trouver une solution optimale qui satisfasse au mieux les deux parties. Des discussions à quatre s'enchaînent. Chacun exprime son vécu, ses ressentis et ses besoins», détaille l'avocate. Tous les chiffres sont mis sur la table et des options sont envisagées pour le bien commun. «Ce processus à l'amiable constitue un travail en profondeur, souligne-t-elle. Le droit collaboratif est une négociation qui remplace une procédure judiciaire usuelle.»

Les décisions prises à terme sont parfois originales, toujours sur-mesures et peuvent s’écarter de ce qui est prévu par la loi, notamment en matière de finance, tout en respectant le cadre légal. Celui-ci étant assuré par les avocats de droit collaboratif. «À titre d’exemple original trouvé par les parties au terme du processus de droit collaboratif, un héritage réservé seulement à l'une des parties, a été partagé par mesure de reconnaissance pour le passé et d’aide pour le futur», conclut Laurence Alder-Weber.


Malgré tout, les séparations dues aux déséquilibres financiers au sein des couples sont parfois inévitables. Selon Laurence Alder-Weber - avocate, médiatrice, experte en résolution des conflits et formatrice - le droit collaboratif est une alternative optimale au divorce traditionnel. Il s'agit d'un mode de résolution des conflits comprenant une méthodologie basée sur la recherche de l'entente des parties, excluant le recours au tribunal.

«Chaque client a son propre avocat de droit collaboratif et ces derniers agissent dans l'intérêt collectif. Ils accompagnent leurs clients en vue de trouver une solution optimale qui satisfasse au mieux les deux parties. Des discussions à quatre s'enchaînent. Chacun exprime son vécu, ses ressentis et ses besoins», détaille l'avocate. Tous les chiffres sont mis sur la table et des options sont envisagées pour le bien commun. «Ce processus à l'amiable constitue un travail en profondeur, souligne-t-elle. Le droit collaboratif est une négociation qui remplace une procédure judiciaire usuelle.»

Les décisions prises à terme sont parfois originales, toujours sur-mesures et peuvent s’écarter de ce qui est prévu par la loi, notamment en matière de finance, tout en respectant le cadre légal. Celui-ci étant assuré par les avocats de droit collaboratif. «À titre d’exemple original trouvé par les parties au terme du processus de droit collaboratif, un héritage réservé seulement à l'une des parties, a été partagé par mesure de reconnaissance pour le passé et d’aide pour le futur», conclut Laurence Alder-Weber.


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