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Quand et comment cotiser à un 3ème pilier?

Quand faut-il commencer à cotiser pour sa retraite et quels sont les avantages des différents systèmes de 3e pilier? Les réponses de Frédéric Giroux, spécialiste de la question chez l’assureur Allianz.
Publié: 20.02.2023 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 01.03.2023 à 15:44 heures
Laurent Grabet

«S’il y a trois piliers en Suisse, ce n’est pas pour rien: c’est que les deux premiers ne suffiront le plus souvent pas à vous assurer une retraite décente», explique Frédéric Giroux, chef de vente et spécialiste du 3e pilier chez Allianz. Il estime qu’environ 30% des résidents suisses n’en sont pas totalement conscients.

«Cotiser au 3e pilier n’est pas une option: le taux de conversion du deuxième pilier baisse et tôt ou tard, la LPP (Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, ndlr) sera réformée, et pas à l’avantage des principaux concernés. Aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable de cotiser à un 3e pilier.»

Frédéric Giroux, spécialiste du 3ème pilier chez l’assureur Allianz, explique tous les enjeux derrière les cotisations pour la retraite.

Quel type de 3e pilier choisir?

«Il existe deux types de 3e pilier en Suisse: le 3a et le 3b. Le 3a permet une avantageuse défiscalisation. Il peut être bancaire ou prendre la forme d’une assurance (vie et/ou invalidité et/ou perte de gain). Dans le premier cas, on n’est pas obligé d’y verser de l’argent chaque année. Dans le second, on est obligé de le faire pour un montant fixé par contrat. C’est contraignant, mais en contrepartie, on est assuré en cas de décès et d’invalidité. Le 3b, lui, n’est pas déductible des impôts, mais, contrairement au 3a où les retraits ne sont possibles que dans certains cas (voir ci-dessous), on peut retirer l’argent qui s’y trouve en tout temps, et ce, sans que les intérêts soient soumis à un impôt.»

Quand peut-on retirer son pilier 3a?
  • À la retraite ou dès 5 ans avant l’âge normal de la retraite. Ce retrait, de minimum 20'000 francs à la fois, implique alors de payer un impôt, lequel est progressif à savoir que plus la somme retirée est élevée, plus cet impôt est élevé. Dès lors, il est plus malin d’échelonner en plusieurs sorties pour minimiser l’impôt. Dans le canton de Vaud, la loi permet de retirer tous les deux ans. Par exemple si je suis Vaudois et que j’ai 210'000 francs de capital, je vais donc retirer 70'000 francs en trois fois, à 60, 62 et 64 ans. Mais attention, cet exemple simple n’est plus valable si l’on retire en même temps son deuxième pilier car dans ce cas, l’impôt unique sur le capital sera plus élevé. À noter aussi qu’il est important de vérifier, selon votre canton de résidence, si un échelonnement annuel n’est pas considéré comme de l'évasion fiscale.
  • Pour acheter un logement, on peut retirer un minimum de 20'000 francs, une fois tous les 5 ans.
  • Pour faire des travaux dans son logement principal, là encore c’est 20'000 francs au minimum, à retirer une fois tous les 5 ans.
  • Lorsqu’on quitte définitivement la Suisse.
  • Lorsqu’on débute une activité lucrative indépendante à titre principal.
  • À la retraite ou dès 5 ans avant l’âge normal de la retraite. Ce retrait, de minimum 20'000 francs à la fois, implique alors de payer un impôt, lequel est progressif à savoir que plus la somme retirée est élevée, plus cet impôt est élevé. Dès lors, il est plus malin d’échelonner en plusieurs sorties pour minimiser l’impôt. Dans le canton de Vaud, la loi permet de retirer tous les deux ans. Par exemple si je suis Vaudois et que j’ai 210'000 francs de capital, je vais donc retirer 70'000 francs en trois fois, à 60, 62 et 64 ans. Mais attention, cet exemple simple n’est plus valable si l’on retire en même temps son deuxième pilier car dans ce cas, l’impôt unique sur le capital sera plus élevé. À noter aussi qu’il est important de vérifier, selon votre canton de résidence, si un échelonnement annuel n’est pas considéré comme de l'évasion fiscale.
  • Pour acheter un logement, on peut retirer un minimum de 20'000 francs, une fois tous les 5 ans.
  • Pour faire des travaux dans son logement principal, là encore c’est 20'000 francs au minimum, à retirer une fois tous les 5 ans.
  • Lorsqu’on quitte définitivement la Suisse.
  • Lorsqu’on débute une activité lucrative indépendante à titre principal.
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Combien peut-on déduire des impôts?

«Cette année, on peut verser jusqu’à 7’056 francs sur son 3a. Cette somme est déductible du revenu imposable, et donc entièrement exonérée d’impôts. Le montant maximum autorisé augmente en général tous les deux ans sur décision du Conseil fédéral qui tente ainsi de compenser l’inflation. Un salarié peut ainsi économiser grosso modo entre 1’400 et 3’200 francs d’impôt (selon le niveau de ses revenus). Les indépendants, quant à eux, peuvent déduire un montant de maximum 35’280 francs en 2023, ce qui potentiellement leur permet de faire entre 7’000 à 12’000 francs d’économie d’impôts.»

Qui peut cotiser?

«Toute personne ayant un revenu soumis à l’AVS, apprentis, étudiants, stagiaires, frontaliers et chômeurs compris, peut ouvrir un 3a ou 3b bancaire. Souscrire un 3a ou 3b assurance est en revanche soumis à un questionnaire de santé précis. En pratique, très peu de gens cotisent avant leurs 30 ans. Au final, les salariés les mieux lotis et les plus prévoyants accumulent au maximum 300’000 francs. Je conseille donc de commencer son 3e pilier dès que possible! Imaginons qu’une personne de 20 ans décide de cotiser 3’000 francs par année sur son 3e pilier. À un taux d’intérêt de 4%, elle accumulerait 377’611 francs au moment de la retraite. Imaginons que cette même personne décide d’attendre ses 30 ans pour épargner le même montant annuel, elle n’accumulerait alors que 229’794 francs. Pour atteindre le même montant à 65 ans que la personne qui a cotisé dès 20 ans, elle devra cotiser à partir de 30 ans 4’925 fr. par an pour atteindre le même capital de 377’611 fr.»

Hypothèque immobilière

«En cas d’achat d’un bien immobilier, votre banque peut prendre votre 3e pilier en nantissement. Soit pour l’utiliser comme fond propre, soit comme amortissement de cette dette. Mais attention, dans ce cas, vous n’aurez plus cet argent au moment de la retraite!»

Qu’arrive-t-il au 3ème pilier en cas de décès?

«Le capital (sommes cotisées + intérêts générés au fil des années) du 3a bancaire ou du 3b bancaire est versé aux héritiers légaux, à savoir le conjoint et les enfants. Pour le 3a assurance ce sera, dans l’ordre, en premier au conjoint, c’est-à-dire la personne à laquelle on est marié, pacsé ou celle avec qui on a partagé au moins 5 ans de vie commune immédiatement jusqu’au décès ou celle qui devra entretenir vos enfants communs. Puis viennent les enfants, ensuite les parents, les frères et sœurs, puis les autres héritiers dont on peut modifier n’importe quand l’ordre de préférence. Pour le 3b assurance, il y a libre choix des héritiers.»

Que faire de son troisième pilier en cas de problème financier?

«Si on ne peut plus payer son 3a assurance, à cause d’un divorce, d’une maladie, d’une période de chômage, d’une baisse de revenus ou autre, l’argent accumulé reste bloqué chez l’assureur où il continue à faire des petits. On le touchera quoi qu’il arrive à la retraite ou dans les autres cas prévus. Simplement, on n’aura plus de droit à aucune des prestations d’assurance jusqu’à la reprise des versements, laquelle passera par un questionnaire de santé. Dans le passé, les choses étaient plus rigides et on perdait davantage à ne pas honorer son montant de versements annuels. Concernant le 3b assurance, on pourra le retirer en tout temps. Le 3b bancaire, par essence, n’exige pas de versement régulier.»

Le 3ème pilier existera-t-il toujours dans 20 ans?

«Les nouveaux modèles de travail, plus fréquents chez les jeunes générations, tels que la généralisation des temps partiels, ainsi que la baisse constante du nombre de mariages, n’ont pas d’influence sur le système du 3e pilier, contrairement à ceux du 1er et du 2e piliers qui fonctionnent par répartition. Ceux qui ont cotisé sur un 3e pilier y gagneront donc autant qu’avant. Mais ceux qui ont moins travaillé risquent d’avoir un faible revenu des 1er et 2e piliers et de dépendre de leurs proches ou des services sociaux à la retraite.»

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