A part moins boire
Pourquoi les remèdes anti gueule de bois ne marchent pas

Oubliez les trucs de grand-mères ou les remèdes faussement scientifiques. On vous explique pourquoi il n’y a pas de remède miracle contre la gueule de bois.
Publié: 31.12.2023 à 21:00 heures
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Dernière mise à jour: 22.12.2023 à 16:00 heures
Elodie Maître-Arnaud

Votre tête bouillonne, vous avez l’impression que vos cheveux poussent vers l’intérieur du crâne, vous avez des nausées, votre cœur bat la chamade, vous avez soif (d’eau!), vous tremblez. Pas de doute, toutes ces réjouissances sont le signe d’une vilaine gueule de bois – ou veisalgie en langage scientifique.

Tout en jurant vos grands dieux que jamais, plus jamais, vous ne toucherez une goutte d’alcool, vous cherchez désespérément un remède miracle pour faire cesser au plus vite ces sensations atroces? Peine perdue, ça ne marchera pas. Et on vous explique pourquoi, avec Markus Meury, porte-parole et expert chez Addiction Suisse.

Comprendre pour mieux guérir

Pour comprendre pourquoi on se sent si mal après avoir trop bu, il faut d’abord connaître les effets de l’alcool sur notre organisme. «Dans un premier temps, ces effets peuvent être ressentis comme positifs. Mais peu après, l’alcool provoque des émotions négatives et un comportement inapproprié. On parle d’état d’ivresse à partir d’une alcoolémie de l’ordre de 1 à 2‰», explique Markus Meury. L’alcool se diffuse dans tous les organes via le sang et l’effet maximal de l’alcool ingéré est atteint au bout de 60 minutes. En cas de gueule de bois, des symptômes physiques particulièrement désagréables s’ajoutent à la confusion.

L’alcool conduit à une élimination d’eau excessive et provoque une déshydratation pénible.
Photo: Shutterstock

La faute notamment à la déshydratation. «L’alcool perturbe le contrôle de l’équilibre hydrique du corps, ce qui conduit à une élimination d’eau excessive», précise-t-il. Résultat: de la fatigue, des douleurs et des maux de tête. Par ailleurs, en plus de l’éthanol, les boissons alcoolisées contiennent d’autres composants encore plus toxiques pour l’organisme. Ceux-ci sont éliminés en dernier par notre corps. Et tant que ce n’est pas fait, on n’est vraiment pas bien.

Il faut dire aussi que le foie a fort à faire après une cuite. Et ça fatigue! Il métabolise en effet à lui tout seul 90% de l’alcool consommé afin de le transformer en une molécule plus facile à éliminer; le solde étant évacué directement par les reins et les poumons. «En cas de consommation excessive (dès 0,5‰ d’alcoolémie), une voie supplémentaire vient en renfort du foie pour métaboliser l’alcool: c’est le système microsomial d’oxydation de l’éthanol (MEOS)», ajoute l’expert.

On vous épargne les détails, car ça devient vraiment compliqué. En gros, le MEOS permet de dégrader plus rapidement l’éthanol en acétaldéhyde, un produit de synthèse de l’alcool. Mais pour autant, cet acétaldéhyde n’est pas éliminé plus vite par l’organisme. Bref, ce poison «stagne» dans notre corps. Poison oui, car il est particulièrement toxique. D’où les joies de la gueule de bois.

Gare aux illusions

Le mal est fait. Le réveil est difficile. Mais vous trouvez au fond de vous la force d’interroger Google pour dégoter un remède afin que ça passe le plus vite possible. Des astuces de grand-mère, il y en a plein… Mais aucune ne marche véritablement. «Contrairement aux illusions nourries par de nombreux guides et conseils, il n’y a pas de moyen d’accélérer l’élimination de l’alcool», prévient Markus Meury.

Et quid d’éventuels médicaments? «Il y a très peu d’évidence que certains médicaments aident vraiment à décomposer l’alcool ou à éviter la gueule de bois. En revanche, ils contribuent à ce que la personne augmente sa consommation et nuise à sa santé ou développe une dépendance.» Pire, certains médicaments sont carrément déconseillés en cas de consommation d’alcool, car ils peuvent en amplifier les effets, voire entraver son élimination. Prudence aussi avec le paracétamol. S’il est tentant d’avaler un cachet pour soigner un mal de tête typique de la gueule de bois, c’est en effet déconseillé afin de ne pas surcharger le foie, qui s’affaire déjà à métaboliser l’alcool.

Alors on fait quoi? Pas de miracle, il faut limiter sa consommation d’alcool! «Avec les formules suivantes, vous évitez des problèmes», détaille Markus Meury. «Pour un homme adulte en bonne santé: maximum 2 verres d’alcool par jour (en observant au minimum 2 jours par semaine sans alcool), et au maximum 5 verres dans des situations exceptionnelles. Pour une femme adulte en bonne santé: maximum 1 verre d’alcool par jour (en observant au minimum 2 jours par semaine sans alcool), et au maximum 4 verres dans des situations exceptionnelles.»

Il explique aussi que l’on peut ralentir l’augmentation de la concentration de l’alcool dans le sang en le consommant en même temps qu’un repas copieux afin que l’alcool passe moins vite de l’estomac à l’intestin. Et pour diminuer la concentration maximale de l’alcool dans le sang, il faut boire suffisamment d’eau.

Pour résumer, contre la gueule de bois, pas de miracle mais de la modération, du gras et de l’eau. Vous êtes prévenus.

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