Je-sais-tout, obstiné, etc.
On a tous rencontré une fois un snob du vin

Shirley Amberg, rédactrice chez Blick, travaille depuis quelques années déjà dans l’univers du vin. Au cours de sa carrière, elle a rencontré son lot de snobs qui semblent tout mieux savoir que tout le monde. Elle a donc quelques anecdotes à nous raconter.
Publié: 01.12.2021 à 00:08 heures
Shirley Amberg

Le je-sais-tout

Un jour, une personne m’a demandé si ce que je servais était un cabernet. J’ai acquiescé en ajoutant qu’il s’agissait d’un cabernet sauvignon. Voici sa réponse: «Je préférerais un simple cabernet.» Je lui ai donc demandé si elle voulait un cabernet franc. Elle me regarda comme si j’étais complètement idiote et déclara: «Cabernet: il y a une différence entre un cabernet sauvignon et un cabernet sans sauvignon, mais visiblement vous ne la connaissez pas.»

Le vantard

Récemment, je me suis rendue dans un domaine viticole et sur le parvis, j’ai rencontré le propriétaire. Soudain, un couple est apparu devant nous, et l’homme déclara d’un air suffisant qu’ils connaissaient le propriétaire et qu’ils souhaitaient une dégustation. Pourtant, le propriétaire qui était à côté de moi ne les avait jamais vus.

Les têtus

Il y a quelques années, juste avant une dégustation, une femme m’explique qu’elle n’aime pas les vins doux. Or, l’un des vins à déguster était un exceptionnel riesling sucré. Quand le moment de sa dégustation fut venu, je ne dis rien à la femme lors du service. Elle le goûta et le trouva très bon! Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que ce vin comprenait près de 15 grammes de sucre résiduel. Sur ce, elle prit son verre et jeta le reste du vin dans le crachoir. Elle me regarda l’air contrarié et déclara: «Je vous ai pourtant dit que je n’aimais pas les vins doux!»

Avec le temps, Shirley Amberg, rédactrice Blick et spécialiste du vin, a appris à reconnaître les snobs du vin en un regard.
Photo: Shirley Amberg
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Le comparateur

Assez souvent, voire très souvent, j’entends la phrase suivante: «Ce vin n’est pas si mal. Mais rien à voir avec le Château Pétrus que j’ai chez moi.» Les vins nommés sont certes toujours différents, mais ils ont en commun d’être des vins très chers et très réputés. J’ai même entendu cette phrase lors de la dégustation d’un vin espagnol à 15 francs, qui fut comparé avec un pinot de la Seigneurie grisonne, qui coûte environ 200 francs.

Le distrait

Une fois, j’ai fait le service lors d’un festival du vin. Une femme et son amie sont venues vers moi pour que je les serve. Alors que je leur servais un très bon chenin blanc sud-africain, l’une des deux femmes se mit à froncer le nez l’air dégoûté. Quelques minutes plus tard, elle avait oublié qu’elle l’avait déjà goûté et m’en demande donc à nouveau. Lors de la deuxième dégustation, elle l’a trouvé exceptionnel.

L’auto-suffisant

Lors du mariage d’une amie, je me suis retrouvée à la table du patron du jeune marié. Pendant le repas, le chef refusa le vin qui était servi et sortit d’un sac son propre vin. Il n’a pas proposé aux six personnes assises à la table s’ils souhaitaient le goûter.

Le pointilleux

Lors des dégustations, il m’est souvent arrivé que des gens viennent me voir avec leur verre et me disent: «Je souhaite goûter le vin le plus cher que vous avez. Versez-en un bon verre.»

Une fois, j’ai servi un vin du Bordelais non filtré à un jeune d’à peine 20 ans. Le jeune homme m’a assuré que la présence de sédiment était un défaut, et qu’absolument «aucun vin ne pouvait en contenir».

On frise le sabotage quand l’une des personnes présentes à la dégustation dit aux autres qu’ils ne devraient surtout pas goûter l’un des vins «parce qu’il est tout simplement mauvais».

Une fois, un homme a pris un parfait brunello 1999, l’a fait tourner dans son verre, l’a senti, puis l’a simplement jeté sans le goûter. Voyant mon regard interrogateur, il déclara: «Pouvons-nous continuer?»

Le mégalo

J’ai travaillé chez un caviste. Un jour, un homme d’âge moyen arrive et me demande un Meursault. Nous n’en avions malheureusement pas en stock, et je lui ai donc proposé un autre chardonnay français. Ce à quoi il a répondu fermement: «Je ne bois pas de chardonnay». Quand je lui ai expliqué que le Meursault était une région viticole et non un cépage, et que les vins blancs de cette région étaient composés de chardonnay, il rétorqua: «Vous n’êtes qu’une simple employée. La cave que j’ai chez moi est deux fois plus grande que celle de ce magasin.»

On ne fait pas fuir un snob du vin en roulant des yeux, mais ça fait du bien!

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